« Laisser le monde entier entrer en toi » – sur Ce qui luit dans les ténèbres de Péter Nádas
La littérature hongroise, particulièrement féconde, a révélé ces dernières décennies des auteurs remarquables comme Péter Esterházy, Imre Kertész, ou encore László Krasznahorkai, et occupe une place de choix en cette rentrée littéraire grâce au roman nouvellement traduit de l’immense Péter Nádas.

Chacun des écrivains que nous citons a porté sur l’histoire du XXe siècle un regard particulier, saisissant dans une langue et un style singuliers leur propre rapport à cette histoire tragique, encore davantage dans cette partie de l’Europe. Péter Nádas travaille lui aussi cette immense matière et la façon dont il embrasse l’histoire hongroise et européenne du XXe siècle, dans une visée totale et pourtant éminemment subjective, fait de son œuvre une œuvre radicale et puissante, et particulièrement exigeante.
L’intensité du regard qu’il porte sur l’histoire de la Hongrie, mais aussi sur sa propre histoire (et celle de sa famille) s’illustre de manière saisissante, une fois encore, dans Ce qui luit dans les ténèbres. Souvenirs de la vie d’un narrateur. Péter Nádas nous a habitué aux gros volumes. On se souvient bien sûr du Livre des mémoires (1998) et d’Histoires parallèles (2012), tous deux parus aux Éditions Plon. Ce sont les Éditions Noir sur Blanc qui publient aujourd’hui les 1 300 pages de Ce qui luit dans les ténèbres, et Sophie Aude, qui avait collaboré à la traduction d’Histoires parallèles avec Marc Martin, a traduit l’intégralité de ce dernier opus, paru en hongrois en 2017. Rythme des phrases, abondance de détails, flux de souvenirs, on peut imaginer à la lecture du texte français combien la traduction de ce volume a nécessité de travail, de connaissance et d’ingéniosité, et admirer le résultat, prodigieux dans ses manières de restituer au plus près la langue, la pensée, et l’univers si vaste de Péter Nádas.
Les Éditions Plon avaient mis en exergue en publiant Histoires parallèles la phrase suivante : « Il ne faut pas si longtemps pour que l’œil humain s’
