Trump en guerre contre le sans-abrisme
Aux États-Unis, le Ministère du Logement et du Développement Urbain (HUD) a recensé plus de 771 480 personnes sans-abri en 2024, un nombre qui ne cesse de croître depuis plusieurs années. Signe de l’impuissance – ou plutôt de l’absence de volonté politique – des pouvoirs publics à résoudre cette crise du logement, la présence de tentes et d’abris de fortune est de plus en plus visible dans les espaces publics, en particulier dans les villes de la côte ouest des États-Unis.

L’essor de lois contre les personnes sans-abri
Cette visibilité de la pauvreté dans les villes américaines a longtemps été contenue par un ensemble de dispositifs punitifs visant à réduire les possibilités pour les personnes sans-abri d’occuper les espaces publics centraux, qu’il s’agisse d’aménagements hostiles ou de lois interdisant les pratiques les plus élémentaires de survie de ces personnes, à l’instar de la mendicité ou du fait de dormir dans les espaces publics (camping ban). Ces réglementations n’ont cessé de croître, et ce sont dorénavant près de 150 villes dans 32 États différents qui ont voté de telles interdictions ou qui ont renforcé leur arsenal législatif pour réduire les possibilités de dormir dehors.
Face à cette situation, plusieurs recours juridiques ont eu lieu et, en 2018, suite au procès Martin v. City of Boise, la 9e cour d’appel des États-Unis a déclaré inconstitutionnelle l’interdiction de dormir dehors si aucune place n’est disponible dans un centre d’hébergement ou si aucune solution alternative n’existe. Cela contreviendrait au 8e amendement de la Constitution interdisant au gouvernement de recourir à des peines cruelles ou inhabituelles. Mais cette victoire des mouvements militants pour la défense des droits des personnes sans-abri fut de courte durée. Estimant que cette ordonnance juridique constituait un obstacle à une gestion efficace du sans-abrisme dans leur ville, les responsables politiques de Grants Pass, une petite ville située dans l’Oregon, ont a