Le sensationnalisme argumentatif en guise de rempart démocratique
Le mercredi 29 octobre 2025, le président Emmanuel Macron a prononcé, en clôture du Forum de Paris sur la Paix, un impressionnant discours appelant au sursaut contre la déstructuration de « l’agora » démocratique à laquelle se livrent les réseaux sociaux. Sa prise de parole faisait suite à celle des représentant·es de l’Arménie, de la Moldavie, de l’Albanie et du Ghana, qui rivalisaient d’emphase pour évoquer la menace numérique.

La victoire revenait au Premier ministre albanais, Edi Rama qui, tonnant contre les réseaux sociaux, en arrive, de fil en aiguille à évoquer une Europe, naguère paradis de la vérification, devenue « le royaume du chaos » : « la liberté est synonyme d’ignominie », improvise-t-il, « nous avons laissé nos portes et nos fenêtres ouvertes sans même les sécuriser, sans alarmes, sans rien, et nous nous demandons comment d’autres peuvent entrer dans la maison, dormir dans nos lits, traiter nos femmes comme des prostituées, et faire ce qu’ils veulent avec nos enfants. »
Les « émotions de nos adolescents » livrées aux « Lumières noires » : sensationnalisme d’État
Prenant la suite de ces analyses suggestives, le président Macron organise son propos conclusif en décrivant deux « processus », également terrifiants : la « dégénérescence » de l’espace informationnel tel que nous le connaissions et « l’ingérence » étrangère. Le premier renvoie à la consommation massive d’informations produites par des acteurs qui ne sont pas des médias indépendants ni des professionnels du journalisme, se soustrayant donc aux devoirs et règles qui encadrent cet exercice. Dès lors, ceux-ci, sans aucune responsabilité, poursuivent des objectifs purement commerciaux, en recourant à des ressorts émotionnels faciles, créant « un maximum d’excitation pour maximiser leurs pages de pub ».
Conclusion : « Tout l’ordre de mérite qui fondait nos démocraties, un rapport à l’argumentation et à la vérité, est complètement mis en l’air puisque l’argumentation est moins forte que
