Rediffusion

Uber, c’est On achève bien les chevaux

Professeur en Sciences de Gestion

Fatigué d’être interrogé par les médias sur le business model d’Uber, la guerre stratégique contre le monopole des taxis, la création d’une nouvelle demande, les chances de réussite, ce que devait faire le gouvernement, Olivier Germain a décidé d’utiliser ce service deux fois par semaine. Depuis trois ans, il a croisé des vies de chauffeurs et découvert un monde digne des romans de la grande dépression américaine, des Raisins de la colère à On achève bien les chevaux. Rediffusion d’été.

Comme chercheur, j’avais bien sûr des à priori importants : Uber incarnait un nouveau pas dans notre renoncement à ce que chacun puisse vivre décemment du travail. Mais après tout, qui étais-je pour, en confortable position de surplomb, décréter que les chauffeurs étaient les marionnettes inconscientes du méchant capitalisme ? J’avais aussi le goût de succomber à l’idée optimiste et presque romantique qu’il y avait en arrière-plan l’émergence de nouveaux styles de vie – une société des freelancers. Des individus en quête de flexibilité, cherchant à adapter le travail à leurs aspirations personnelles. Uber illustrait peut-être une nouvelle organisation du travail…

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Fatigué d’être interrogé sur le business model, la guerre stratégique entre monopole des taxis et Uber, la création d’une nouvelle demande, les chances de réussite, ce que devait faire le gouvernement, mon envie n’avait rien de scientifique, je voulais seulement connaître ces vies et peut-être un jour les partager. Derrière les analyses et les points de vue toujours plus désincarnés, il y avait forcément des parcours singuliers, des envies, des renoncements… Derrière cette foule de travailleurs anonymes et interchangeables, à qui quotidiennement on reprochait de voler le pain des taxis et de ne pas payer de taxes, là où les voix se faisaient bien moins fortes pour interroger les pratiques fiscales de ces nouvelles compagnies, connaître ces travailleurs invisibles. Invisibles des débats, presque pris en otage de celles et ceux qui idéologiquement s’affrontent mais finalement n’en parlent pas.

En décidant il y a trois ans de prendre Uber deux fois par semaine environ, cela m’a donné l’occasion de croiser des vies. Simplement les écouter et peut-être me faire une idée, sans infliger une théorie arrangeante. Certains m’ont plus marqué, pas nécessairement pour des raisons héroïques. D’autres sont silencieux, pas moins intéressants. J’en ai fréquenté certains plusieurs fois.

Souvent le matin, très tôt. Quinze à vingt minutes. 6642 rue Chambord, direction le coin St-Denis Ste-Catherine – l’UQAM. Parfois dans l’autre sens. Le plus souvent en passant par St-Denis. Parfois, l’application recommande Papineau. Rarement, par je ne sais où. Les travaux sur St-Denis, le plan de circulation si particulier à Montréal, les recommandations de l’application, cela occupe une partie de la conversation ordinaire. Très vite, il y a la vie, sans trop forcer.

Entre relation purement marchande et simulacre de partage, convivialité fabriquée par le recours aux prénoms sur l’application, des choses se disent.

Et il y en a des vies. La foule de chauffeurs se révèle variée même si la figure de l’étranger, peu à peu, se dégage. Assis côte-à-côte pour des raisons au début tactiques – ne pas être repérés par la police – très vite se crée une convivialité le temps d’un trajet. Alors : « Tu » ou « pas tu » ? Très souvent, nous oscillons entre les deux.  Entre simple passager et client à servir. Entre relation purement marchande et simulacre de partage. Convivialité fabriquée aussi par le recours aux prénoms sur l’application. Pourtant des choses se disent.

À l’arrivée d’Uber à Montréal et pendant toute sa période d’illégalité, mes fréquentations s’approchaient finalement assez bien de la figure discursive de l’« Uberpreneur », personne qui aurait opté pour Uber par choix de vie ou plutôt enjointe de s’entreprendre du fait d’un détricotage régulier des formes de solidarité. Au moins mes hôtes succombaient-ils au discours de l’autonomie retrouvée : « je choisis mes heures », « j’ai pas de patron », « je me fais plus qu’avec n’importe quel job de merde », etc. Chacun pouvait trouver dans Uber matière à justifier une manière ou une autre de vivre. Isabelle, en bas de liste pour obtenir un poste de factrice, pouvait patienter en gagnant plutôt confortablement sa vie. Hugo s’était inventé une stratégie en se distinguant des autres par des petits services complémentaires. Franck avait remarqué une application de dépannage entre voitures qui évite d’attendre et envisageait de vivre de toutes les formes d’ubérisation en diversifiant les applications. Paul lui enfin parlait. Muet, son enthousiasme à vouloir à tout prix communiquer m’émouvait. Guillaume faisait Uber pour se désennuyer. « En fait, ce n’est pas nécessairement plus payant au total mais cela permet de voir du monde ou de pas scotcher devant la télé ». Beaucoup de retraités se désennuyaient alors grâce à Uber. Ginette, retraitée, maline et… bavarde, haïssait les taxis et avait construit habilement sa clientèle en contournant l’application. Hamid faisait des heures de dingue profitant de la rémunération grasse qu’Uber offrait en étant illégal et peu taxé. Peu de chauffeurs encore, une demande croissante, des tarifs qui montent en pénurie. Bien peu parlaient alors d’Uber comme entreprise ; encore moins comme employeur – effet d’aubaine. Une compagnie invisible.

Toujours est-il que le discours entrepreneurial « performait » plutôt efficacement des identités en quête d’optimisme et de reprise en main d’une trajectoire trop subie. La performance du discours était habilement maquillée par le contexte de dérégulation sauvage qui permettait temporairement aux téméraires de décrocher la timbale. Ces personnes, je les rencontrais plus au début. Elles semblaient en transition, portées par un mobile quelconque, un simulacre de projet. Elles mimaient un soi entreprenant. A dire vrai, à mesure que les chauffeurs sont devenus une foule, qu’Uber a accepté les contraintes de réglementation et que l’affaire est devenue individuellement moins lucrative – la concurrence jouant ses effets, le vernis entrepreneurial s’est effacé ; Uber se faisant le reflet sombre d’un ensemble de travers de la société ou d’évolutions qu’on peine à contrôler : assignations identitaires, travail de la foule, existences liminales, contrôle par des technologies invisibles, etc.

Uber est devenu le reflet de toutes les assignations identitaires : « Le Québec veut nos enfants, pas nous… », « Au-dessus de 20 $, les jobs sont québécois »

Depuis deux ans, le chauffeur Uber prend en majorité les traits d’un immigrant qui se fracasse sur le mur de l’emploi. Uber est devenu le reflet de toutes les assignations identitaires et des paradoxes liés aux choix de politique migratoire. Une immigration choisie conduit à privilégier des personnes diplômées qui éprouvent toutes les peines à trouver un emploi et se retrouvent à occuper des bullshit jobs. Le Québec manque de main d’œuvre pour des jobs non qualifiés mais accueille des personnes diplômées. Maitrise de la langue, reconnaissance des diplômes, adhésion nécessaire à un ordre pour pouvoir exercer, dans des métiers parfois où la pénurie est grande. Les barrières sont nombreuses. Français, docteur, mâle, blanc, dans la quarantaine, on me retrouvera moins à conduire pour Uber.

La nuque d’Igor. Igor a fait sa carrière dans l’armée en Russie. Il a quitté le pays pour éviter à ses fils le service militaire obligatoire. En URSS, avant la chute du mur, on apprenait l’histoire, dont celle des arts, à l’école. Sans nostalgie, Igor connait des événements précis de l’histoire de France, mieux que moi. Personne ne parlait anglais ou français avant la migration il y a deux ans. Hormis sa conjointe qui est économiste mais là elle est serveuse. Il a promis des tablettes à ses enfants s’ils dépassaient les 95% en français. Sa fille peut fréquenter un gars d’Amérique du Sud si, en échange d’apprendre le russe, il lui apprend l’espagnol. Il raconte, amusé, cette diva qui lui demande d’approcher la voiture devant elle, sur une place interdite, puis exige un détour par une rue interdite. Tous racontent ces quelques cas de clients irrités, beuglant constamment sur la nuque anonyme, ordonnant des chemins parfois interdits, méfiants face à la présumée incompétence du chauffeur ordinaire, conscients aussi de leur rapport de force favorable lié à l’évaluation permanente. « Ceux-là se mettent derrière ». Pas forcément nombreux, « on peut les signaler à Uber, ils disent qu’ils déconnectent les fous ».

Arturo est devenu un professionnel des entrevues d’embauches… rentable. Au Chili, il était ingénieur et s’en sortait bien. Arturo vit dans Rosemont avec sa conjointe et leur bébé. Il est possible qu’ils rentrent bientôt ou qu’ils aillent dans des provinces anglophones. Les entrevues d’embauche, il ne les compte plus. Mais pour des jobs à plus de 20 $ de l’heure, ceux des québécois. Ça le fait même rire aujourd’hui. Elles se déroulent toujours dans un climat convivial. On reconnait ses talents, sa compétence, son parcours, son sens relationnel, pas mal du tout, etc. et puis tombe la lettre anonyme de rejet de la candidature. Quand il cherche une explication, il y a l’accent ou la maitrise du français qui revient en filigrane. J’avoue que, s’il y a problème, cela ne me saute pas à l’oreille… Ils sont nombreux à ne pas comprendre cette volonté de sélectionner des immigrants solidement armés en diplômes pour au total se retrouver dans une précarité à remplir des bullshit jobs. « Parait que cela nous fait comprendre comment ça marche ici. Faut commencer petit. Avant je sais pas quoi… un vrai travail ». En attendant Arturo a payé tellement de choses que même s’il repart, il aura été rentable. « L’immigrant, c’est tout un marché ».

Le Québec veut les enfants de Youssef, pas lui. Youssef travaillait en Algérie comme directeur technique au sein de la télévision publique. Aujourd’hui, les autres occupent tous des superbes fonctions. Comme beaucoup, c’est pour les enfants. Avenir bouché, vie précaire. Il n’a jamais trouvé un travail équivalent à son expérience, même moins payé, même « sans être chef ». « Comme si je n’existais pas. À l’immigration, on me demande mes diplômes, mes expériences même de 10 jours. Arrivé, je ne suis rien ». Youssef développe une explication plus que souvent entendue. S’ils veulent des gens éduqués, c’est parce qu’ils ne feront pas de bruit, ne se plaindront pas. Alors que s’ils laissent entrer des personnes peu qualifiées, ils se rebelleront et n’accepteront pas n’importe quel boss. Des gens éduqués pour leurs enfants qui seront bien élevés et pourront facilement s’acculturer. Les parents eux seront toujours reconnaissants. Ils ont fait cela pour leurs enfants et ne regretteront jamais rien.

Ces ruptures biographiques, j’en ai entendu des dizaines. Sans haine, ni amertume. Toujours reconnaissants de l’accueil. Sorte de fatalisme. Des vies sans autre projet que le devenir des enfants. Des vies qui demeurent dans les marges. Une accumulation de petits emplois qui ne construisent rien. Mais tout qui en permanence vous renvoie à la figure de l’autre. Être chauffeur Uber, c’est se tenir plus officiellement aux frontières – le reflet d’une identité assignée de l’étranger. Uber incarne peut-être même le garde-frontière d’un marché de l’emploi auquel on ne pourra jamais accéder.

« Je travaille quand les autres vivent » : les horaires Uber sont le marqueur d’une (dé)socialisation ou d’une socialisation refusée.

Travailler pour Uber, c’est aussi exister quotidiennement dans d’autres marges, temporelles celles-là. Pour gagner convenablement sa vie, un chauffeur préfèrera travailler entre 5 heures et 9 heures le matin, puis à partir de 16 heures jusqu’à 20 ou 21 heures. Quand les gens vont au travail ou le quittent. Quand ils rejoignent l’aéroport ou vont se coucher à l’aube. Les nuits de fin de semaine aussi sont payantes, jusqu’à 2 ou 3 heures du matin. Quand ils vont faire la fête. « Je travaille quand les autres vivent. » Les horaires Uber sont le marqueur d’une (dé)socialisation ou d’une socialisation refusée. L’identité de l’autre est assignée aux chauffeurs Uber par le fait même qu’ils restent aux portes de nos journées professionnelles ou de nos moments de joie. Nos vies professionnelles sont leurs temps morts. Leur temps de travail coïncide parfois avec nos moments entre amis ou en famille. Ils vivent dans nos espaces de transition, au seuil de la société – en liminalité. Ils occupent ce qui pour nous relève de non-lieux et interdit tout déploiement de subjectivité. Leurs identités se construisent en négatif : notre vie active raconte leur vie précaire. Une étudiante me faisait remarquer qu’ils n’étaient pas les seuls à travailler en dyschronie. « Les cuisiniers sont en horaires décalés. C’est le pendant de certains métiers ». À une nuance près… la compétence des cuisiniers – certes fragilisée – est reconnue et ils ne sont pas (encore) à ce point ramenés à l’anonymat de la foule.

La foule est aujourd’hui « populaire » dans les entreprises à l’aune de la révolution numérique. La foule finance les projets (crowdfunding) ou contribue à innover avec l’entreprise (crowdsourcing). Ce romantisme d’une approche ouverte des organisations est certes mis en question par la révélation par exemple de l’exploitation du travail gratuit des consommateurs. Avec Uber, c’est surtout la foule qui travaille (crowdworking). De manière visible, rémunérée mais dans un rapport anonymisé à l’employeur et sous le statut précaire de travailleur autonome. Mais la foule doit travailler avant tout en quantité. Le management d’Uber se résume à une mathématique de la foule. C’est le principe même à la base de l’efficacité d’Uber, Foodora ou toute autre application de l’« ubérisation ». Miser sur une quantité toujours disponible de compétence ordinaire (comme conduire) comme au temps de Charles Babbage. Miser sur la docilité d’une foule toujours en masse : des petits points situés sur la carte de Montréal.

Les raisins de la colère : quand les hommes attendaient chaque matin au cul des camions qui travaillerait ou pas. La force physique, la capacité à résister aux gros horaires. Des salaires plus élevés en cas de pénurie. Aujourd’hui répondre aux injonctions d’Uber quand la demande est forte et les tarifs majorés. En feignant d’en être l’acteur volontaire.

À bien y penser, le travail de la foule constitue sans doute la forme la plus exacerbée du libéralisme.

Le modèle ne peut tenir que si la foule peine à se transformer en public. La foule est bête, le public est capable d’opinion. La foule empêche un peu plus encore la capacité individuelle à résister. D’où la réticence d’Uber à toute forme de régulation ou d’organisation de la foule. Poser des critères de sélection et de maintien des chauffeurs conduit à les rendre moins interchangeables et à diminuer leur nombre. Le contrôle de cette foule n’est efficace que par l’existence de relations marchandes qui peuvent à tout moment cesser entre Uber et les chauffeurs. Uber fait partie de ces nouveaux acteurs de l’économie des plateformes dont la particularité est de disposer de masses salariales extrêmement réduites au regard des revenus générés. Ou plutôt travaillent-ils avec une foule fantôme, désorganisée et protéiforme qui travaille pour un employeur fantôme dont la seule matérialité se résume à un téléphone cellulaire. À bien y penser, le travail de la foule constitue sans doute la forme la plus exacerbée du libéralisme. La foule n’existe pas, elle ne se licencie pas. L’organisation clandestine en est son instrument.

Senjay a vécu au Pakistan. Il parait avoir autour de 70 ans. Senjay est fier de la réussite de ses enfants. Il n’a pas un sens redoutable de l’orientation dans Montréal. Deux thèmes l’animent : ses enfants et les notes d’Uber. Du début à la fin, il me répétera, paniqué, de penser à lui mettre un cinq. Il a déjà été exclus temporairement de la plateforme. Les clients se plaignent, une fois la voiture quittée, de ses erreurs. En parlant de ses enfants, Senjay perd le trajet. Il a aussi reçu des messages lui disant quoi faire en cas de baisse de sa moyenne. Rudy craint lui de la voir baisser cette moyenne sur le téléphone. Il voudrait vérifier que je sais quoi faire, une fois sorti du véhicule. Me montrer sur le téléphone. Je lui dis que je mets systématiquement 5. En quittant le véhicule, il veut quand même vérifier et m’incite à ajouter un « compliment du passager » : « conversation intéressante » « excellent service » etc. J’ai été trop vite. Il est ennuyé et ça m’emmerde. Pour lui, c’était important.   

Beaucoup a été dit sur la présence de technologies managériales de plus en plus sophistiquées conduisant notamment les employés à pratiquer des formes de contrôle par les pairs ou de gouvernement de soi en lieu et place de leurs employeurs. Les individus sont enjoints depuis longtemps à la gestion de soi ; l’appel à s’entreprendre se situant dans la continuité. Au moins ces technologies en demeuraient-elles pour partie visibles maintenant la présence même illusoire d’un management qui a minima se faisait l’organisateur du système de contrôle. L’ubérisation va plus loin en invisibilisant le contrôle et la relation managériale ou marchande pour la loger dans le téléphone cellulaire. Toutes les formes de contrôle à l’œuvre (du client, d’Uber, des autres chauffeurs) sont anonymement vécues par le chauffeur qui subit une violence feutrée mais plus forte que si elle était incarnée par des personnes. « Le client peut être hypocrite ou pervers. Il aura juste à m’atomiser en sortant de la voiture ». Impossible de trouver dans le minuscule bureau d’Uber à Montréal quelqu’un répondant aux demandes. La gestion des ressources humaines se traduit par des messages de « coaching » transmis par le cellulaire qui s’active en cas de mauvaise note. La technologie autonomise la domination en déresponsabilisant le gestionnaire.

Uber manage par une mathématique de la foule, le chauffeur est appelé à une quantification permanente du soi rendue indolore par la machine-gestionnaire. Enquiller les heures, réagir au moindre soubresaut des notes, être comptable de sa propre rentabilité…

Fait-on le choix délibéré de travailler plus de 60 heures par semaine, sans couverture santé, ni congé rémunéré ? D’être à la merci en permanence de multiples employeurs prenant la forme d’une application ? D’exister dans des espaces et des temporalités marginales ? Ou de se voir chaque jour assigné à une identité ?

On achève bien les chevaux raconte, dans l’Amérique de la dépression succédant au krach de 1929, le calvaire de pauvres prenant part à un marathon de danse de 6 jours, entrecoupés de pauses de dix minutes toutes les heures, laissant entrevoir au couple vainqueur la somme de 500 dollars. Des spectateurs espèrent échapper à leur propre détresse en contemplant la souffrance de leurs semblables. Régulièrement, pour épicer l’épreuve, le maitre de cérémonie (sorte d’Uber) intercale des derbys éliminatoires au cours desquels les couples concurrents doivent courir autour de la piste en se tenant. Les danseurs finissent l’un mort d’épuisement, l’autre prise de folie, une autre encore exige qu’on l’achève, meurtrie de s’être compromise.

Le quotidien des chauffeurs Uber à Montréal ne paraît que le miroir de différentes formes d’épuisement.

Cet article a été publié pour la première fois le 14 mai 2018 sur AOC.


Olivier Germain

Professeur en Sciences de Gestion , Université du Québec à Montréal

Chère Annie Le Brun

Par

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