Ecologie

Le Covid-19, mon allié ambivalent

Anthropologue

En décrivant les multiples relations engagées entre les paysans et les plantes, l’anthropologue Dusan Kazic a montré dans une thèse soutenue fin 2019 que la production ne constitue pas la matérialité de notre monde moderne et que ce sont nos rapports avec les plantes qui constituent notre véritable matérialité. Quelques semaines plus tard, le Covid-19 lui révélait soudainement ce monde sans production à une échelle gigantesque et en un temps record.

Le Covid-19 est arrivé à la fin de l’année 2019, au moment où je soutenais ma thèse [1] décrivant les multiples rapports animés entre les paysans et leurs plantes en France. À peine trois mois après la soutenance, le Covid devint mon allié ambivalent. Redoutable, il m’a confiné à la maison ainsi que la moitié de l’humanité, mais il est devenu mon allié scientifique en stoppant net ce qu’on peut appeler le « Grand Récit » universaliste de l’Economie – à entendre ici au sens de discipline – qui affirme que l’humanité est obligée de « produire pour vivre ».

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L’épidémie de Covid a mis en pause cette histoire profondément naturalisée racontant que la production constitue la matérialité de l’humanité sans laquelle on ne peut pas vivre, et que nous sommes obligés de produire pour subsister. Dans cette histoire, des mondes sans production sont impossibles à imaginer et concevoir, sinon l’humanité mourra de faim et la vie sur Terre sera impossible pour les humains. Tout ce que l’on peut imaginer, c’est de « produire et consommer autrement », c’est-à-dire changer les « modes de production » et de consommation [2]. On peut à la rigueur réfléchir à « sortir de la croissance », concevoir une « société sans croissance [3] », mais sortir de la production est quelque chose d’impensable.

Et pourtant, c’est de cela qu’il s’agit. Mon travail anthropologique, basé sur des enquêtes et des observations auprès d’une soixantaine de paysans en France rompt avec le paradigme de production sur lequel reposent nos deux régimes politiques prédominants dans la modernité, le capitalisme d’un côté et le socialisme de l’autre, et propose d’entrer dans de nouveaux mondes que j’ai appelé faute de mieux de « postproduction ». Le terme de postproduction désigne non pas des mondes futuristes ou utopiques, mais des mondes présents, réels, qui n’existent pas sous l’auspice des épistémologies naturalistes dans lesquelles les humains « produisent pour vivre », mais dans des épistémologies où nous vivons et mourrons tant bien que mal avec le monde autre qu’humain au travers de liens multispécifiques. Pour le dire autrement, il s’agit de passer du paradigme de production à un paradigme de relations avec les plantes et concevoir une agriculture sans production, ce qui n’empêche pas bien évidement de nous nourrir.

Ce monde sans production que j’ai décrit au travers des liens entre les paysans et leurs plantes, le Covid l’a fait apparaître à une échelle gigantesque et en un temps record. Il nous a montré que malgré l’arrêt substantiel de « la production », on ne meurt pas plus de faim qu’avant et que le monde continue de tourner. Le Covid nous fait voir très concrètement que ce n’est pas la production qui nous nourrit mais ce que j’ai appelé le « don-des-plantes », à savoir que ces dernières continuent à nous donner des fruits, des légumes, du maïs ou encore du blé, leur permettant à leur tour de se reproduire et de continuer à faire leurs affaires.

En décrivant les multiples relations engagées entre les paysans et les plantes, j’ai cherché à montrer que la production ne constitue pas la matérialité de notre monde moderne mais que ce sont nos rapports avec les plantes qui constituent notre véritable matérialité. Le concept de production est un concept abstrait, économique, universaliste et naturalisé qui s’est propagé sur cette Terre au travers de deux régimes politiques qui émergent avec l’arrivée de la modernité, le capitalisme d’un côté et le socialisme de l’autre. Ces deux régimes qu’a priori tout oppose sont d’accord sur le fond – on pourrait dire qu’ils partagent une épistémologie commune – à savoir qu’ils considèrent tous deux qu’il faut « produire » pour nourrir l’humanité.

Contrairement à ce que disent les écologistes et les décroissants, le capitalisme et le socialisme ne sont pas des régimes productivistes mais des régimes de production tout court. Ils sont conçus et imaginés pour produire, non pour vivre avec le monde autre qu’humain. En critiquant (uniquement) le « productivisme » de ces deux régimes, les écologistes comme les décroissants cherchent une « bonne production » et, pour une partie d’eux, la bonne production doit se faire sans croissance. Or cette idée de « bonne production » ne fait qu’essentialiser les « rapports de production », et non rompre avec ce paradigme.

Capitalistes et socialistes se battent depuis plus d’un siècle pour détenir les fameux « moyens de production » tout en étant d’accord sur le fond, à savoir que la production constitue notre matérialité et que nous sommes obligés de produire pour nous nourrir. C’est la raison pour laquelle depuis le début de l’épidémie de Covid, tous les dirigeants – peu importe qu’ils soient capitalistes, communistes ou écologistes – veulent « relancer la production », et non relancer nos manières de vivre avec les vivants. Aucun de ces régimes ne prend en compte ses liens avec le monde autre qu’humain car ils ne pensent pas vivre avec eux, ou alors les considèrent comme « secondaires » face à la production censée être notre matérialité.

J’ai montré dans ma thèse que les paysans n’ont jamais été dans un rapport de production avec leurs plantes mais dans un rapport de « co-domestication ». Les paysans domestiquent les plantes comme les plantes domestiquent les paysans et cela dure depuis la nuit des temps. Très concrètement, cela veut dire que les paysans, les plants de carottes, les plants de tomates, les plants de courgettes, les poules, les vaches, les cochons, les brebis, n’ont jamais « produit » la moindre carotte, la moindre tomate, la moindre courgette, le moindre poussin, le moindre veau, le moindre agneau. Si l’on se nourrit et vit sur cette Terre, c’est grâce à nos rapports avec les vivants sans lesquels on ne peut pas vivre. C’est la raison pour laquelle on ne meurt pas plus de faim pendant l’arrêt de l’Economie qu’avant. Il est donc tout à fait possible alors « d’imaginer les gestes-barrières contre le retour à la production d’avant crise » – pour reprendre le titre de l’article de Bruno Latour – pour plonger dans le monde d’après, car nous n’avons jamais vécu dans la production mais depuis toujours dans un monde plus qu’humain.  

Personne n’a jamais produit quoi que ce soit.

Comment sommes-nous arrivés à une telle naturalisation du concept de production nous amenant à penser qu’il constitue notre matérialité ? Que s’est-il passé pour que ce concept d’économie, qui peut se définir « comme l’exploitation des ressources du travail et du capital, dans le but de réaliser des biens ou des services », se soit imposé au point de nous faire croire profondément que c’est lui qui nous fait vivre ?

Il nous faut pour cela réouvrir une histoire fort déplaisante pour les marxistes. Accuser le « capitalisme » de tous les maux sur cette Terre pour se placer du bon côté de l’histoire, c’est-à-dire du côté du socialisme, est une histoire simplificatrice, piégeuse et qui ne mène nulle part. Ce ne sont pas les libéraux qui ont le plus naturalisé le concept de production, mais Marx et le courant marxiste par la suite.

En traitant les paysans de « barbares », en les méprisant profondément comme nombre d’auteurs de son époque, c’est-à-dire en ne comprenant rien au monde agricole, Marx s’est dans le même temps lourdement trompé dans ses analyses sur le « capitalisme ».

Les capitalistes ne s’approprient pas les moyens de production pour créer de la richesse au travers de la propriété privée – définition communément admise du « capitalisme » – mais les capitalistes, aidés de la propriété privée et du concept de production, réduisent leurs relations au monde pour faire de la richesse, ce qui est exactement l’inverse de ce que Marx pensait. Autrement dit, les capitalistes dépouillent ontologiquement les vivants afin de les réduire à des « ressources » pour les transformer ensuite en autant de « produits » et de « marchandises ». Marx a postulé sans le moindre fondement empirique que l’homme est un être qui produit pour donner satisfaction à ses besoins élémentaires.

L’acte de production dans la doxa marxiste est une catégorie anthropologique universelle et anhistorique qui concerne les humains de tous les temps, alors que personne n’a jamais produit quoi que ce soit. Ni le capitalisme ni le socialisme ni les « sociétés qui se situent au dehors de l’orbite des Lumières », pour reprendre l’expression de l’anthropologue Marilyn Strathern, ne reposent sur la production, mais sur « certaines manières de vivre et de mourir entre les humains et le monde autre qu’humain ». Il n’y a jamais eu différents régimes de production sur cette Terre, il n’y a jamais eu ni de production socialiste, ni de production capitaliste, ni encore de production asiatique, mais il existe différentes manières de vivre avec le monde autre qu’humain comme nous l’ont appris les anthropologues depuis un siècle et demi. En faisant de la production la matérialité de toute l’humanité, Marx a donné à l’Économie un pouvoir qu’elle n’aurait jamais pu imaginer avoir, celui de faire des Grands Récits naturalisés, universalistes (Marché, Production, Croissance, Consommation) à une gigantesque échelle, sans rapport aucun avec notre « monde animé », nous coupant profondément du monde plus qu’humain.

Capitalistes et marxistes sont héritiers des Économistes, appelés auparavant Physiocrates, qui émergent en France au XVIIIe siècle en affirmant cette idée très étrange, sans aucun fondement empirique, que « l’agriculture produit pour faire la richesse de la nation » alors que les paysans n’ont jamais entendu parler du terme de production, et en l’opposant aux autres secteurs jugés « stériles ». Or au lieu de critiquer le concept de production lui-même, libéraux et marxistes vont critiquer les physiocrates en stipulant que les autres secteurs sont aussi productifs et élargissent alors ce concept à tout le corps social. Après la révolution russe, les marxistes transposent le concept de production dans le régime qui se met en place puis dans tous les pays socialistes en cherchant à développer les « forces productives ». Les capitalistes et les marxistes sont des frères ennemis se battant pour détenir les « moyens de production ».

On comprend à présent les raisons pour lesquelles nous sommes tous d’accord avec le fait que nous devons produire pour vivre. En ce sens-là, nous ne sommes ni tous marxistes ni tous capitalistes, mais nous sommes tous des physiocrates. Nous avons tous la même vision de l’Économie à la virgule près, nous cherchons juste à loger cette dernière dans deux régimes opposés qui sont encore une fois d’accord sur le fond. Les physiocrates nous ont enfermés dans une histoire de cul de sac. Voici pourquoi je suis devenu un éco-agnostique.

Le concept de production nous coupe profondément de nos rapports avec le monde autre qu’humain.

Pour sortir de cette histoire naturalisée, il ne suffit pas de prendre parti pour un « socialisme verdi » ou pour un « capitalisme vert », mais il va falloir se re-décrire à nouveau en lien avec le monde autre qu’humain en ne croyant pas ce que dit l’Économie.  C’est le sens du questionnaire proposé par Bruno Latour à la fin de son article sur les gestes-barrières, invitant à imaginer les gestes-barrières contre le retour à la production d’avant crise.  

Pour cesser d’être physiocrate, j’ai proposé de mon côté « d’animer » les plantes afin de ne plus les réduire à des « ressources » comme le fait l’Économie et ainsi pouvoir rentrer en rapport avec elles. Le concept de production nous coupe profondément de nos rapports avec le monde autre qu’humain et nous met « hors sol ». Le fait par exemple de parler avec les plantes, d’entrer dans des relations compagnes particulières ou de se dominer réciproquement sont des relations qui ne sont pas autorisées par ces épistémologies car elles sont vues comme « farfelues » ou secondaires. C’est pourquoi il est vital de rompre avec le concept-clé d’Économie afin de nous plonger dans notre véritable matérialité qui se constitue au travers de nos liens avec le monde autre qu’humain.

Pour commencer à retrouver le « monde animé », il faut cesser de croire l’Économie lorsque elle affirme que les humains et les entreprises produisent pour mettre « des produits et des marchandises sur le marché ». La suspension de ce récit donne la possibilité de redécrire notre monde autrement afin de voir comment on vit lorsqu’il n’est pas réduit à une ressource par l’Économie. Un smartphone, une plante, une vache, sont des produits et des marchandises pour l’Économie, mais non pour les personnes avec lesquelles ils et elles sont en rapport quotidien. L’ordinateur sur lequel j’écris n’est pas pour moi un produit ou une marchandise, c’est une machine à écrire qui me permet de donner forme à ce que je pense.

Pour ne pas retomber dans la production, notre « seconde Nature », il va falloir se défaire de la prophétie ouvrant le Capital : « La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste s’annonce comme une immense accumulation de marchandises », pour lui substituer une phrase plus simple énonçant que les entreprises fabriquent des tas de « choses animées » avec lesquelles les personnes entrent en rapport de multiples manières. Cela permet de sortir de la seconde Nature d’une part, et d’autre part, de ne pas rabattre les choses en objets inertes et inanimés sans puissance d’agir sur nous. Notre monde est aussi animé que celui des autres peuples comme le montre le philosophe David Abram, mais les modes d’animation ne sont pas les mêmes. Pour faire une bonne symétrie entre Nous et les Autres, il faut se défaire de cette idée venant de l’Économie (mais pas seulement) selon laquelle ce qui nous caractériserait en propre serait que nous vivions dans une « société de production et de consommation » et que nous serions entourés par des « produits et des marchandises ». Certes, nous sommes toujours ce peuple blanc qui a décimé un nombre incalculable de peuples autochtones et qui est en train de dévaster le monde, mais, « il faut refuser l’idée que nous serions un “peuple de marchandise” [4] ».

Avec ce déplacement théorique, nous ne sommes plus ni dans un régime de production ni dans une « société de marché ». La question n’est plus de savoir comment relancer la production ou choisir quels modes de production on doit mettre en place, mais savoir quelles choses animées on doit fabriquer, transformer, avec quels vivants nous souhaitons entrer en rapport, etc.

Il faut résister au fait de donner à des évènements destructeurs comme à des évènements où l’argent rentre en jeu des explications économiques.

Pour sortir de la production, il faut « sortir de l’Économie ». Le chantier est immense. Afin de poser une première pierre, on pourrait par exemple émettre l’hypothèse que les emplois auxquels de telles questions ramènent inévitablement ne dépendent pas non plus de l’Économie, mais de « l’état du monde ». C’est ce qu’a montré le Covid : on ne peut pas créer ni garder des emplois sans prendre en compte l’état du monde.

Avec les mutations écologiques en cours, on le sait, des emplois vont disparaître et d’autres vont apparaître. (C’est la raison pour laquelle je soutiens que le revenu universel – avec un revenu décent – doit faire partie des propositions des politiques publiques, car il n’y aura pas d’emplois pour tout le monde – et c’est tant mieux !). Ce que je veux simplement dire est d’arrêter de penser que les emplois dépendent de l’Économie, autrement dit qu’il faut, là encore, distinguer l’emploi de l’Économie. Je suis tout à fait conscient que c’est l’un des passages théorique, épistémologique et politique les plus difficiles à faire, mais le Covid nous aide à penser ce tournant. L’idée selon laquelle « il faut relancer l’Économie pour créer des emplois » est une histoire que raconte l’Économie, dans laquelle on ne sait jamais ce que veut dire « relancer l’Économie » car on ne sait jamais ce qu’on relance lorsque l’on dit cela.

Pour faire entendre l’étrangeté de ce motto totalement naturalisé, on peut passer par une comparaison : il n’y aurait aucun sens de dire « qu’il faut relancer l’anthropologie ou la philosophie pour créer des emplois ». On peut en déduire que les emplois ne sont pas créés par l’Économie mais par autre chose. Pour savoir par quoi, il va falloir faire des enquêtes libérées de l’épistèmê économique. Il ne faut pas croire non plus que la circulation des monnaies dépende de l’Économie. Dans Dette. 5000 ans d’histoire Graeber nous a appris que l’invention de la monnaie est bien antérieure à la naissance de l’Économie.

L’Économie est une discipline née au XVIIIe siècle qui raconte des histoires sur ce monde. À nous d’y croire ou pas. Le problème vient du fait que comme nous sommes des physiocrates, on croit beaucoup plus aux histoires que raconte l’Économie qu’à celles que racontent les autres sciences sociales. Pour ne pas retomber dans l’épistèmê physiocratique, c’est-à-dire dans le monde d’avant, il ne faut surtout pas plaider pour une « autre Économie » comme le font de nombreux auteurs, s’il nous faut un slogan, ce pourrait être que « rien n’est économique ». Lui au moins laisse la porte ouverte pour raconter de nouvelles histoires.

Par exemple, lorsque Total détruit une montagne pour construire des puits de pétrole, il faut résister à l’affirmation hâtive selon laquelle cela fait partie de ses « activités économiques » voire que « c’est la faute au capitalisme » – le socialisme ferait la même chose. Cela relève de son rapport problématique au monde autre qu’humain qui n’a strictement rien avoir avec l’Économie. On peut dire que c’est une activité destructrice du monde, liée au fait que Total ne vit pas avec cette montagne contrairement aux humains et aux vivants qui y habitent. D’un côté, nous sommes en face d’une montagne désanimée par Total pour être réduite à une ressource, aidé par les récits de l’Économie ; de l’autre, nous sommes en présence d’une montagne animée par des humains et autres vivants qui y habitent. Ce déplacement a pour effet qu’une « activité économique » devient un « problème anthropologique » et finalement politique, puisque cela concerne nos manières de vivre avec les vivants humains et autres qu’humains. Nous ne sommes plus dans l’Économie, mais dans un monde animé en conflit ontologique sur nos manières de vivre.

Certains objecteront peut-être que « nous ne pouvons pas échapper au fait qu’il faut bien que l’argent tombe à la fin du mois pour pouvoir manger ». À nouveau, pas plus qu’il n’y a de sens à penser que manger et gagner sa vie dépendent de la philosophie ou de l’anthropologie, il n’y a pas lieu de croire que cet état de fait relève de l’Économie. Nous n’avons pas besoin d’une « relance de la production » ou d’une « reprise économique », mais bien plutôt d’une reprise anthropologique pour fabriquer des réalités non économiques, nos existences dépendant non pas de l’Économie mais de tas d’autres choses.

En clair, il faut résister au fait de donner à des évènements destructeurs comme à des évènements où l’argent rentre en jeu des explications économiques. Il faut surtout résister à critiquer ces réalités pour leur substituer d’autres réalités, ce qui veut dire qu’il va falloir se re-décrire autrement sans avoir recours à des notions économiques. En d’autres termes, pour sortir de l’Économie et de la production, c’est-à-dire pour cesser d’être physiocrate, il va falloir entrer dans une lutte des réalités afin de se donner la possibilité de re-décrire les « capitalistes » autrement plutôt que de continuer à les critiquer. Dans son roman Les Furtifs, Alain Damasio écrit que le but ultime du capitalisme est de « vendre la réalité ». Pour prolonger cette idée et renverser la perspective, il ne faut plus croire que ceux qui détruisent, désaniment et oppressent le monde sont des « capitalistes ». Je laisse aux lecteurs.trices le soin d’imaginer comment les nommer autrement, ce qui permettra en retour de décrire des relations de pouvoir et de domination entre les humains, mais aussi entre les humains et non-humains d’une manière radicalement nouvelle.

L’auteur remercie Emilie Hache pour la relecture de cet article.


[1] « Plantes animées. De la production aux relations avec les plantes », à paraître aux éditions La Découverte dans la collection “Les Empêcheurs de penser en rond”.

[2] A ce propos, voir Pierre Charbonnier, Abondance et liberté. Une histoire environnementale des idées politiques, La Découverte, 2019 ; Daniel Tanuro, Trop tard pour être pessimistes ! Ecosocialisme ou effondrement, Editions Textuel, 2020 ; ou encore l’article de Sophie Dubuisson-Quellier dans les colonnes d’AOC, « L’économie et le climat sont-ils vraiment incompatibles ? », 4.07.2020.

[3] Sur ce point, voir Serge Latouche, Comment réenchanter le monde : La décroissance et le sacré, Payot&Rivages, 2019 ; Eloi Laurent, Sortir de la croissance, mode d’emploi, Les liens qui libèrent, 2019.

[4] Davi Kopenawa et Bruce Albert, La chute du ciel. Paroles d’un chaman Yanomani, Plon, 2010.

Dusan Kazic

Anthropologue, Chercheur associé au laboratoire Pacte de l'Université Grenoble-Alpes

Rayonnages

Écologie

Notes

[1] « Plantes animées. De la production aux relations avec les plantes », à paraître aux éditions La Découverte dans la collection “Les Empêcheurs de penser en rond”.

[2] A ce propos, voir Pierre Charbonnier, Abondance et liberté. Une histoire environnementale des idées politiques, La Découverte, 2019 ; Daniel Tanuro, Trop tard pour être pessimistes ! Ecosocialisme ou effondrement, Editions Textuel, 2020 ; ou encore l’article de Sophie Dubuisson-Quellier dans les colonnes d’AOC, « L’économie et le climat sont-ils vraiment incompatibles ? », 4.07.2020.

[3] Sur ce point, voir Serge Latouche, Comment réenchanter le monde : La décroissance et le sacré, Payot&Rivages, 2019 ; Eloi Laurent, Sortir de la croissance, mode d’emploi, Les liens qui libèrent, 2019.

[4] Davi Kopenawa et Bruce Albert, La chute du ciel. Paroles d’un chaman Yanomani, Plon, 2010.