Littérature

Chère Despentes

Sociologue du théâtre

« Comme bell hooks, vous faites le choix de parler depuis une forme d’empathie pour ces hommes patriarcaux, ces connards. Pas pour être plaisante et complaisante avec les dominants mais parce que, au contraire des masculinistes qui haïssent les femmes, les féministes aiment le genre humain et donc les hommes qui en font partie et ne se réduisent heureusement pas au modèle viriliste imposé. Cet amour, qui relève de l’agapé dont parlaient les Grecs, est même si généreux chez les féministes qu’elles ont été les premières à nommer la misandrie qui se terre au cœur du modèle d’homme patriarcal valorisé, derrière la misogynie. Alors, d’où vient mon intranquillité ? »

Chère Despentes,

Je vous écris[1] parce que, depuis que j’ai lu Cher connard, je ne suis pas tranquille. J’ai attendu que ça décante (ça : ma lecture, le tourbillon médiatique autour du livre et les discussions nombreuses qu’il a déclenchées, qui en disent l’importance et me font soupçonner qu’il doit être plus lourd que mille DSK empilés, le poids de toutes les attentes que vous devez sentir et qui ne peuvent être qu’un peu déçues). Mais ça ne passe pas. Alors, je vous écris même si je ne suis pas tranquille non plus de le faire, vu que j’ai bien en tête ce que vous dites à la fin du roman à travers le personnage de Zoé Katana : que les coups qui font le plus mal quand on est féministe, ce sont ceux qui viennent de celles en qui on espérait voir des sœurs, des alliées. Pas qu’ils soient plus violents, mais ils viennent frapper une zone où la chair est restée tendre parce qu’on a refusé de croire que là aussi, la cuirasse était de mise. J’ai bien senti de quoi vous parliez, on l’a toutes plus ou moins vécu cette situation et ce n’est pas marrant.

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Mais si je ne veux pas vous faire ce coup-là, ce n’est pas fondamentalement pour cette raison. Après tout, il y a des désaccords internes qu’il faut pouvoir nommer entre nous sans s’esclavagiser à la crainte de la récupération que les réactionnaires pourraient en faire. Sentons-nous libres au moins, puisqu’ils récupèrent toujours tout et n’importe quoi, n’importe comment ! Non, la raison, c’est que le roman m’a fait éprouver des émotions contradictoires que j’ai du mal à intégrer dans une lecture unifiée et que je n’arrive pas à trancher si son succès me réjouit ou m’inquiète.

Et s’il me semble important d’essayer d’expliquer pourquoi, c’est qu’on a beaucoup dit qu’il s’agirait du grand roman post #MeToo qu’on attendait et que sa force tiendrait à la façon dont il mêle dénonciation des connards et empathie pour toutes les parties, permettant ainsi la réconciliation dont nous aurions tous et toutes besoin. Je partage l’idée que justice pour les victimes et réhabilitation des auteurs de violences sexistes et sexuelles ne s’excluent pas et qu’il est par ailleurs plus réparateur, pour qui a subi un préjudice, que les conditions collectives soient créées pour ne pas rester assigné à vie à cette violence passée. Pourtant, après avoir refermé le livre, je ne suis pas sûre que la politique de réconciliation qu’il propose soit celle qui ferait de nous une société meilleure.

Le mieux est peut-être que je commence par dire d’où je vous écris : d’abord et avant tout, depuis la netteté intacte des émotions ressenties le 1er mars 2020 quand j’ai lu votre tribune « Désormais, on se lève et on se barre »[2]. Si le souvenir s’est engrammé si fort dans mon cerveau et sous mes poils c’est en partie parce qu’on était quelques instants avant le confinement et que les dernières agitations qui l’ont précédé se sont déposées en profondeur dans ce temps brusquement suspendu. Mais c’est surtout parce que votre tribune a redressé d’un grand coup la barre et redirigé le cours d’un événement qui, s’il était resté sur sa trajectoire initiale, aurait bien pu faire sombrer tout espoir de vivre dans une société décente. C’est vital l’espoir, c’est le ce sans quoi il n’est plus possible de lutter. Qu’est-ce qui se serait passé si le dernier événement médiatique du « temps d’avant » avait été la soirée des César, cette soirée de cauchemar halluciné/hallucinant et pas vos mots dessus ? J’y ai souvent repensé. Pour ce coup de force, je ne vous dirai jamais assez merci et je sais que je ne suis pas la seule. Nous sommes beaucoup.

L’émotion première en vous lisant a été le soulagement, parce que cette émotion est venue en chasser d’autres. Ce que votre tribune a mis en mots – et avec quelle puissance – c’était la colère face à l’ignoble démonstration de force, la jouissance à humilier et l’impunité qui s’étalaient devant nous. Mais elle a ce faisant conjuré d’autres émotions qui se cachaient derrière : la peur, une peur panique que la chape de plomb s’abatte à nouveau, que le bâillon soit renfoncé plus profond dans les bouches qu’on avait enfin laissées s’ouvrir depuis le début de #MeToo. Et, à côté de cette peur, l’infinie tristesse à l’idée qu’on allait peut-être assister au sinistre spectacle sans rien pouvoir y changer. Cette peur et cette tristesse, on ne savait même pas vraiment qu’on vivait dedans. On était indignées, révoltées même, ça oui. Mais de là à se dire en face que la vérité crue de nos vies intérieures, c’est qu’une majorité d’entre nous (femmes et personnes sexisées) ne se sent jamais parfaitement en sécurité et pas seulement quand on « prend le risque » de sortir seules tard le soir. Que même dans les lieux et avec les personnes auprès de qui nous sommes censées nous sentir en sécurité, rode parfois une petite voix qui nous chuchote à l’oreille « fais attention ». Cette peur, tout à coup, est devenue impossible à ignorer, et sa cause avec. C’est là que votre tribune est arrivée.

Vous, vous n’aviez pas peur. Vous disiez je. Un je dressé contre le-vous des dégueulasses que vous regardiez bien en face : « Je vais commencer comme ça : soyez rassurés, les puissants, les boss, les chefs, les gros bonnets : ça fait mal. On a beau le savoir, on a beau vous connaitre, on a beau l’avoir pris des dizaines de fois votre gros pouvoir en travers de la gueule, ça fait toujours aussi mal ». Par le pouvoir de ces mots, vous fabriquiez un nous. Et puis, vers la fin du texte, vous nous rappeliez cette vérité toute simple mais qui change tout : le face à face avec les connards est toxique mais nous n’y sommes plus réduites. La preuve ? Vous preniez à témoin le monde, les veules comme les bonnes volontés et surtout, vous vous adressiez à un autre phare, aussi droit et debout que vous : Adèle Haenel. Et ce tête-à-tête-là remettait tout en perspective.

L’évocation du geste d’Haenel ressuscitait ses mots à elle, quelques mois plus tôt : « Les monstres, ça n’existe pas. C’est notre société. C’est nous, nos amis, nos pères. Il faut regarder ça. On n’est pas là pour les éliminer, mais pour les faire changer. » D’un coup, ça sautait aux yeux : vous étiez si grandes et eux si nuls, ils pouvaient toujours s’accrocher comme des tiques au sceptre de leur sale pouvoir. À ce point de la tribune, vous ne leur parliez même plus aux connards, mais vous leur disiez d’autant mieux : ce n’est plus vous les plus forts. Nous, en face, on grandit de jour en jour et vous ne pourrez plus arrêter le mouvement. Et en même temps, à nous, vous murmuriez à l’oreille : « n’ayez plus peur, vous n’êtes plus seules, ça va aller ». Contre la chape, cette tribune c’était une cape de mots gigantesque par laquelle nous nous sommes senties entourées, protégées, par vous et par ce nous dressé dont vous nous faisiez ressentir l’existence, la force et la solidité.

C’est au même endroit que Cher connard travaille et un peu de la même façon : vous faites le choix de parler depuis une forme d’empathie pour ces hommes patriarcaux, ces connards.

Je dis les connards pour parler de tous les Polanski de la terre et de leurs soutiens bruyamment médiatiques. C’est eux dont vous parliez surtout dans la tribune. Mais en vérité le gros choc, dans cette séquence autour de la cérémonie des César, n’a pas été leur violence. On s’y attendait. Le plus éprouvant a été de se prendre en pleine figure une autre vérité : les cercles de complaisance et de complicité avec les violences rayonnent jusqu’au plus près de nous. Concrètement, votre texte a constitué une barrière de protection contre des discussions pénibles avec des hommes cis hétérosexuels de mon entourage dont le mouvement instinctif était de considérer la situation du point de vue de Polanski et qu’à leurs yeux le vrai danger, la chose grave, c’était l’atteinte à la présomption d’innocence (pour un homme reconnu coupable) et le péril sur la réputation des hommes, petits ou grands.

Au-delà de la troublante absence d’empathie pour les victimes, ce positionnement amenait une question plus douloureuse encore : quelles identifications, quels comportements passés ou présents vient-il légitimer ? Qui sont les hommes que nous aimons – qu’ils soient nos amis, nos parents, nos amants ? De quel bois sont-ils faits ? Ont-ils été auteurs de violence ? Le sont-ils encore ? Là aussi, il a fallu admettre que ces vilaines questions nous trottaient de temps à autre dans un coin de la tête et qu’on dépensait pas mal d’énergie à les repousser. Ce doute est une charge mentale dont on ne parle pas. Il faudrait. Certains hommes la portent aussi d’ailleurs, comme cet ami qui m’avait confié après la sortie de Familia Grande[3] ne pas oser demander à ses sœurs si elles avaient subi des violences sexuelles au cours de leur vie, de peur d’entendre nommer un homme de la famille voire plusieurs. Ces discussions, ces questions sont revenues au moment de Cher connard, comme une occasion de mesurer le chemin parcouru – et celui qui reste à faire. Le ton était un peu plus apaisé de part et d’autre pour une même raison : la honte a bel et bien commencé à changer de camp comme on le dit souvent, mais aussi la peur, ce qu’on dit moins. C’est pourtant tout aussi vrai et tout aussi important. Le rapport de force ne s’est pas inversé mais disons qu’il s’est assez rééquilibré pour qu’on puisse discuter au bon endroit. Et cet endroit, c’est très précisément celui des connards.

Elle est là aussi, la force du titre de votre roman, au-delà de la provocation : vous élevez le connard au rang de concept. Il y a lieu : c’est un outil sacrément opérant pour nommer le cœur du problème des violences sexistes et sexuelles. Votre roman et l’analyse disserte qu’il propose grâce au choix de l’épistolaire arrivent dans une séquence précise : l’extension du domaine de #MeToo. On commence à envisager que le plus gros problème à affronter, finalement, ce ne sont pas les super prédateurs à la Weinstein, Matzneff ou Polanski. L’opinion publique ne leur est plus massivement favorable (même si la vigilance reste de mise, comme le prouvent le tapis rouge déroulé par TF1 à la compagne de Polanski en pleine campagne de réhabilitation médiatique de son irrésistible mari ou le retour prochain en librairie de Matzneff). Si elle fait polémique, on en vient à considérer l’idée que le nœud statistique/systémique du problème ce sont aussi, à l’autre extrême, l’armée des lâches qui, pour justifier leur laisser faire, blâment les victimes et la supposée nature virile, et que ce sont surtout, au milieu, tous les hommes qui sans être auteurs de violences sexistes et sexuelles au sens pénal, ont un comportement avec les femmes qui inclut des formes objectives de violence, de mépris et d’humiliation.

Pour le dire autrement, le curseur s’est déplacé de Weinstein à Bayou et à tous ceux qui ne voient pas le problème d’user de leur position de pouvoir pour exercer des formes de violences psychologiques ou pour « consomme(r) la femme comme du bétail »[4] à la chaine, avec ce que la mise en série comporte fatalement de réification et de technique de contrôle des femmes et donc de désinvolte misogynie[5]. Ceci est particulièrement vrai dans une société où le groupe social hommes conserve quoi qu’on en dise un ascendant économique, social, symbolique et culturel sur le groupe social femmes, et où ce type de comportement se trouve particulièrement valorisé quand il est le fait d’hommes de pouvoir. Dans cette nouvelle séquence, la virulence des prises de position est la même qu’en 2020, mais le champ de bataille s’est déplacé. On met le doigt sur le cœur de « l’homme patriarcal » dont parle si bien bell hooks dans La Volonté de changer : les hommes, la masculinité et l’amour[6].

C’est au même endroit que Cher connard travaille et un peu de la même façon : comme hooks, vous faites le choix de parler depuis une forme d’empathie pour ces hommes patriarcaux, ces connards. Pas pour être plaisante et complaisante avec les dominants mais parce que, au contraire des masculinistes qui haïssent les femmes, les féministes aiment le genre humain et donc les hommes qui en font partie et ne se réduisent heureusement pas au modèle viriliste imposé. Cet amour, qui relève de l’agapé dont parlaient les Grecs, est même si généreux chez les féministes qu’elles ont été les premières à nommer la misandrie qui se terre au cœur du modèle d’homme patriarcal valorisé, derrière la misogynie. Alors, d’où vient mon intranquillité ? Du seul fait que je ne m’attendais pas à ce changement d’adresse et de ton ? C’est vrai que votre stratégie a été de créer un horizon d’attente pour mieux le décevoir et nous emmener ailleurs.

Quand j’ai eu vent pour la première fois de Cher connard, par son titre et par la première lettre de Rebecca Latté, star de cinéma quinquagénaire, à Oscar Jayack, écrivain quadra fielleux rattrapé par un petit #MeToo, je suis tombée dans le panneau. Il faut dire que Rebecca, tout en sex-appeal et franc-parler, c’est le combo parfait du physique de Béatrice Dalle et de vos punchlines. Le sous Yann Moix allait vite se trouver rhabillé pour l’hiver. L’immense succès du livre et tout le battage médiatique m’ont d’autant plus rassurée. La cape avait encore grandi et vous avec. Invincible, géante Virginie. C’était vous, King Kong, désormais : l’icône féministe sur laquelle les fâcheux n’osent plus frapper et les fachos, qu’ils essaient sur Cnews ou ailleurs, votre voix résonne maintenant bien plus fort qu’eux, dans mille micros, sur mille plateaux.

Et puis, j’ai lu le livre. À la piscine d’abord, ce qui m’a donné l’occasion d’apprécier l’efficacité de votre titre provocateur : jamais sortir un bouquin n’avait enclenché autant de conversations ! Mais le virage que prend très vite l’histoire, du festival de tacles bien sentis qui clouent le bec au connard vers la construction d’une belle amitié entre Rebecca et Oscar, m’a de plus en plus gênée. D’abord, je me suis raisonnée, je me suis dit : bien fait que ton attente soit déçue, elle était puérile. Malheureux les temps qui ont besoin de héros, ça vaut aussi pour les héroïnes, et puis tu es assez grande pour te faire ta cape toi-même à présent. Ensuite, je me suis demandé si je n’étais pas tout bêtement piquée par une petite pointe d’amertume que cette fois, vous n’écriviez pas pour moi, pour nous. Un peu comme Béatrice Dalle quand elle admet que ça ne lui plait pas trop qu’une autre actrice lise les mots de Rebecca parce qu’elle estime qu’ils ont été écrits pour elle. Je me suis dit aussi qu’après tout, que ce roman me fasse travailler ma compersion, cette capacité à se réjouir du bonheur des gens qu’on aime même si ce bonheur ne nous inclut pas là tout de suite, était dans l’ordre des choses et que même, c’était bien. Mais en fait, c’est là que se situe la question et ma gêne : compersion pour qui ? Pour qui est écrit Cher connard et pour quoi faire ? Autrement dit, est-ce un devoir politique d’aimer les connards pour les aider à changer ?

Pour moi, la réponse est claire : c’est non. Et ne pas aimer les connards ne me semble pas contradictoire avec le projet de dénoncer le patriarcat depuis une position d’amour pour le genre humain, hommes inclus, ou de vouloir aider les hommes. Au contraire. Il me semble urgent d’affirmer qu’il est possible et nécessaire qu’ils apprennent à se séparer de leur connard intérieur s’ils en ont un incorporé, qu’ils apprennent à ne plus l’adorer mais plutôt à le mettre hors d’état de nuire. Parce que cette part n’est pas aimable et qu’elle est nuisible. Il est donc urgent aussi qu’ils prennent la mesure du mal que cause ce connard qui est en eux. Cela veut dire également que nous devons toutes et tous apprendre à ne plus autant flatter la part connard des hommes, à ne plus taire les dégâts qu’elle fait et à faire basculer l’empathie qui, elle, n’a pas encore changé de camp, pas du tout. Il me semble enfin que dire tout cela, c’est précisément refuser de réduire les hommes au fait qu’ils peuvent être des connards et que c’est une façon de leur dire qu’être un connard n’est ni une fierté ni une fatalité. L’empathie pour les hommes et l’empathie pour le connard, ce n’est pas la même chose, c’est même très exactement l’opposé.

À l’inverse, il me semble très dangereux, particulièrement dans la séquence actuelle, d’avoir un discours d’empathie pour le connard en tant que tel, pour cette part connard autorisée, valorisée chez les hommes. C’est ici qu’il faut dire un mot du contexte dans lequel arrive le roman. Dominer est un processus social et historique qui a toujours impliqué pour les groupes concernés de savoir s’adapter, quand certaines formes de domination deviennent inacceptables à mesure que les luttes des groupes dominés gagnent du terrain au sein d’une société donnée. Conserver le pouvoir implique alors de faire juste assez de concessions pour pouvoir continuer à bénéficier de la position dominante sans payer un trop cher prix, c’est-à-dire sans faire basculer la société tout entière dans un état de guerre. Telle est la marque d’une domination réussie : que les dominants vivent en paix et les autres en guerre, mais dans une guerre muette, indicible.

J’ai discuté de Cher connard avec plusieurs hommes qui reconnaissent porter en eux un connard tout en estimant avoir le souci d’y remédier. L’un d’eux, très lucide, s’est dit frappé par la façon dont lui et ses amis ont bougé depuis 5 ans et relisent leur passé sexuel en envisageant qu’ils ont pu forcer un consentement sans s’en rendre compte ou exercer des formes de domination genrée sur leurs partenaires d’un soir ou de plusieurs années. « Même le « not all men », on n’en n’est plus là ! On sait qu’on est un peu tous concernés par ce type de comportements, en tout cas qu’on l’a été à un moment de notre vie, à des échelles, des degrés différents » m’a-t-il dit. Avant d’ajouter que cette remise en question n’est pas encore le signe qu’ils ont intériorisé que ces comportements sont inacceptables, mais qu’elle est plutôt l’effet d’une terreur sociale (se prendre un #MeToo) mais aussi intime, de recevoir le coup de fil d’une ex qui lui raconte une tout autre version de l’histoire que celle avec laquelle il vit peinard depuis des années. Son chemin, c’est celui d’Oscar, qui prend conscience du mal qu’il a fait non par empathie spontanée pour ce qu’a vécu Zoé mais parce qu’il passe un sale quart d’heure après s’être fait metooiser.

Cette identification dit la finesse sociologique de votre plume, qu’on n’a pas comparée à celle de Balzac pour rien. Vous captez l’air du temps et l’état des sensibilités comme peu d’autres écrivains. Mais elle dit aussi la limite du projet pédagogique du roman. Car cet ami, qui se définit lui-même comme un homme cis hétérosexuel blanc de plus de quarante ans, riche et avec du pouvoir, a aussi eu l’honnêteté de préciser la condition de cette prise de conscience : qu’elle n’implique pas de prix à payer, social ou pénal. Que la fille appelle dix ans après, ok. Mais pas si c’est pour réclamer justice. Pourtant, si quelqu’un a forcé un consentement, et donc violé, ce comportement tombe sous le coup de la loi. Cet ami ne voyait pas comme elle est sidérante, cette revendication que la reconnaissance d’un acte illégal et d’un préjudice offre l’impunité. Elle est si douillettement déresponsabilisante, la vie de nanti du patriarcat, que sa demande allait un cran plus loin : il n’aurait pas trouvé aberrant qu’on le félicite pour son bon comportement consistant simplement à reconnaitre qu’il en avait eu un mauvais, une fois garanti qu’il n’aurait aucun prix à payer. Et pourquoi pas la gratitude de la personne qui l’a subi ? L’extension du domaine de #MeToo, c’est aussi ça : la libération de la parole d’hommes qui évoquent de façon décomplexée le connard qui a été en eux et qui parfois demeure, et qui estiment que ces quelques instants d’introspection suffisent à ce qu’ils soient quittes et même à ce qu’ils méritent d’être récompensés.

En l’écoutant, je pensais au discours « The good men and misogyny » de Hannah Gadsby[7]. En 2018 déjà, la stand-uppeuse australienne pointait le problème des « gars bien » qui s’estiment les mieux habilités à parler de ceux qu’ils considèrent comme les pommes pourries du patriarcat. Que les hommes participent à la conversation sur la misogynie est une bonne nouvelle. Sauf si la raison d’être de leur discours n’est pas tant de la dénoncer que de les remettre au centre de et de les placer du bon côté de « la ligne » très nette qu’ils tracent entre les gars bien et les sales types, et donc entre les bons comportements et les mauvais. La ligne est mouvante puisqu’ils la redessinent sans cesse afin que leurs propres comportements soient toujours situés du bon côté. Car eux, même s’ils agissent mal un nombre incalculable de fois, ne sauraient être sanctionnés ni même se voir adressé de reproches, puisque c’est juste qu’ils ont mal compris les règles ou les ont mal appliquées. Comme des enfants qui revendiquent un état d’irresponsabilité, ils estiment que, puisque leurs intentions conscientes n’étaient pas mauvaises, c’est uniquement sur elles qu’ils doivent être jugés et non sur leurs comportements effectifs et leur conséquences réelles, ni sur leur tendance à se trouver des excuses pour leur trébuchements à répétition du mauvais côté. S’il est décisif de parler de cette ligne, c’est que tous les hommes estiment qu’ils sont des gars bien. Et Gadsby de conclure : « savez-vous ce qui arrive, quand seuls les gars bien de la terre sont en position de dessiner la ligne ? Le monde dans lequel nous vivons. »

Le parallèle entre la remise en question de cet ami et celle que pratique le personnage d’Oscar m’a frappée. Le problème que posent ces remises en question auto-indulgentes est d’autant plus préoccupant qu’elles s’inscrivent dans un tournant du débat public sur le traitement judiciaire des violences sexistes et sexuelles où des voix venues d’horizons politiques divers convergent pour prôner le basculement vers une justice restaurative qui remplacerait purement et simplement la justice pénale et donc les sanctions d’emprisonnement. Que le système judiciaire soit plus que défaillant en la matière, certes. Que, même dans les très rares cas (1%) où justice est rendue et donc où l’accusé est reconnu coupable et par là, la victime se voit reconnu son statut de victime et peut ainsi s’en libérer, cela ne suffise pas à la réparer elle ni à le changer lui, sans conteste. Que les conditions actuelles d’incarcération soient dégradantes et facilitent plus la récidive que la réhabilitation, c’est certain. Mais rien de tout cela n’implique qu’il faille renoncer à la justice et à la sanction pénales. Parce que la justice pénale dit la Loi et la transgression de la Loi. Parce qu’elle constitue un tiers qui se tient à distance des parties et permet donc de radicalement sortir le débat de toute interprétation qui tirerait le problème du côté du conflit interpersonnel. Et parce que la sanction est nécessaire puisque l’intériorisation collective de la Loi n’a toujours pas eu lieu, non plus que la bascule de l’empathie. C’est aussi là que le bât blesse dans le roman.

Cher connard ne brusque pas les connards, il les prend par la main, quitte à nous brusquer nous.

Bien sûr, Cher connard regorge de punchlines vigoureuses contre le patriarcat, j’en ai noté plein qui m’ont fait tellement rire et qui sont autant d’armes réconfortantes pour les féministes… et de leçons ludiques et faciles à retenir pour les hommes qui souhaitent entreprendre un travail de déconditionnement de leur connard intérieur. Mais un roman, ce n’est pas que des punchlines, c’est une histoire et des personnages. Il est là, le problème : dans le choix du personnage central de l’histoire – Oscar – et dans les partitions complémentaires et de second plan que jouent Rebecca et Zoé. Un autre homme cis hétéro de plus de plus de quarante ans en position de pouvoir, moins lucide que le précédent, m’a dit avoir adoré le roman parce qu’il le trouve en empathie avec tous les personnages. Pour lui, c’est une preuve de votre maturité : après la colère, vous auriez accédé au stade de la tendresse envers toute l’espèce humaine. C’est aussi la clé de la réussite pédagogique de votre projet selon lui : grâce à cette empathie, vous permettez aux connards de se remettre en question. La pédagogie bienveillante est une clé du progrès, c’est vrai. Quant au projet de distribution universelle de l’empathie, j’aurais été d’accord, si c’est ce que j’avais ressenti à la lecture. Mais pour moi, l’empathie n’est que pour Oscar et pas pour les deux femmes.

Nous ne sommes pas mis en empathie avec Rebecca : elle n’en a pas besoin. D’emblée, elle domine tellement le game à tout point de vue, face à Oscar, face à la vie, que je ne me suis pas sentie concernée par ce qu’elle dit et je ne me suis pas attachée à ce personnage. Plus exactement, je n’y ai pas cru. Le personnage m’a fait un peu l’effet en miroir inversé de la femme hétéro que prône le patriarcat dont vous parliez dans King Kong Théorie : Rebecca, moi, je ne l’ai jamais rencontrée. Et puis ce n’est pas un personnage de femme, c’est une star. Au-dessus de la mêlée depuis qu’elle est née, protégée par sa beauté puis par son succès précoce et par la violence de « ses » hommes, qui semblent n’avoir été violents que pour la protéger des Weinstein qu’elle a croisés sur sa route vers la gloire sans jamais la violenter ou que ça ait un effet sur elle. Intouchable, elle ne descendra jamais de sa tour d’ivoire. Ce qui freine l’empathie, c’est aussi que son personnage ne bouge quasiment pas entre le début et la fin du roman, contrairement à celui d’Oscar.

En plus, Oscar, c’est vraiment un connard poids léger, comme aime à le dire Rebecca. On a dit du roman qu’il était les Liaisons dangereuses du XXIe siècle mais le parallèle prend vite l’eau vu qu’Oscar, c’est quand même un peu l’anti-Valmont : mâle bêta, piètre stratège dont les ruses de séduction échouent assez lamentablement. Pire, là où le libertin se définit par son ambition de conquérir le sexe et le cœur de toutes les femmes sans jamais se mouiller sentimentalement, Oscar s’épanche avec moult kleenex et sans faux semblants sur son amour non réciproque pour celle qu’il n’avait pas conscience de harceler. Et d’ailleurs, comme dit Rebecca, on ne comprend pas trop ce qu’il lui a fait exactement. En tout cas, il n’est pas responsable des conséquences professionnelles désastreuses qu’a eu leur relation pour Zoé (son renvoi de la maison d’édition où elle était stagiaire et lui, auteur à succès). En un mot, Oscar, ce n’est ni PPDA, ni Bayou. Mais, même en admettant que ce soit une bonne idée de prendre pour figure d’appui ce quart de connard, pour que le plus d’hommes possible s’identifient et s’approprient la remise en question, reste un second problème : la façon dont le roman mêle deux sujets qui n’ont rien à voir, #MeToo et l’addiction.

On a beaucoup dit, vous aussi d’ailleurs, que Cher connard est un roman où il ne se passe rien. J’ai trouvé au contraire qu’il s’y passe quelque chose de fondamental et qui n’est presque jamais raconté : un personnage accomplit un chemin de transformation, il se répare et se rédime. Plus que le roman épistolaire, Cher connard renouvelle le roman d’initiation en le transformant en roman de réparation. Et se réparer, pour Oscar, c’est renoncer à la dope mais c’est aussi s’initier à ce nouveau projet : devenir authentiquement quelqu’un de bien. C’est bien pour cette raison que ce personnage est le plus attachant. Ce que j’adore dans le livre, là où j’adhère pleinement et ce qui est pour moi son sujet principal, c’est ce récit de réparation qui met au centre de l’attention l’addiction, ce que ça fait aux vies des personnes dépendantes comme à leur entourage, et comment on essaye de s’en libérer.

Outre l’alternance des lettres des deux épistoliers et les incursions plus épisodiques des posts de Zoé, le roman est progressivement rythmé par le programme en douze étapes et par les groupes de parole auxquels assiste Oscar, plus tard suivi par Rebecca. C’est ce qui fonde progressivement l’amitié entre ces deux personnages qui ont en commun d’être addict et leur relation va les aider l’un et l’autre à se libérer, même si leurs chemins sont différents. Mais le roman mélange deux récits qui n’ont rien à voir, celui de la réparation d’un addict et la prise de conscience par un homme qu’il a abusé de sa position dominante pour tenter de forcer le consentement d’une femme. Cette confusion ajoute encore au brouillage ambiant. Oscar se répare, il se remet en question, il commence à regarder en face la laideur de ses comportements et le mal qu’il a fait, c’est super, c’est ce qui nous le rend attachant. Mais à quel point répare-t-il ce mal ? On n’en sait pas grand-chose et pourtant, le roman cadre le récit d’une telle façon qu’on ne se pose pas trop la question. Et surtout, il n’y a qu’Oscar qui se répare. Ce qui m’amène au dernier problème : le traitement du personnage de Zoé Katana.

La narration et l’énonciation nous mettent très à distance de ce personnage et entravent notre empathie. Elle est hors-jeu de l’échange. Contrairement à Rebecca et Oscar qui s’écrivent, se confrontent et construisent une relation qui les transforme réciproquement, elle écrit dans le vide, à la cantonade. Une solidarité est évoquée entre elle et Rebecca, mais nous ne sommes jamais mis à ses côtés, près d’elle. Sans compter que son arc narratif est déprimant : à la fin du roman, elle finit en HP, son discours tourne en boucle et de ce qu’on en comprend, son problème n’est plus tant les « minusculistes » comme elle les appelle que les féministes. Pourquoi finir sur cette symétrisation des violences que se feraient vivre les féministes s avec celles que les tenants du patriarcat font subir aux femmes (féministes ou non) comme la symétrisation des shitstorms que Zoé et Oscar subissent ? D’abord, les féministes n’ont pas le pouvoir médiatique, social, économique des masculinistes. Ensuite, même si subir une shitstorm n’est jamais plaisant, ce n’est pas la même chose de la subir parce qu’on a dénoncé un crime qui a été commis contre nous ou parce qu’on a commis cette violence et que des gens s’indignent qu’elle demeure impunie. Aucune politique de réconciliation qui ne soit pas un redoublement de violence n’est possible sur la base de ce type de symétrisation.

L’autre choix de narration perturbant est que ce n’est pas qu’un personnage de militante féministe. C’est une survivante. Pourtant, contrairement au traitement du personnage d’Oscar, le roman ne lui offre pas réparation et affirme même, par la bouche de Rebecca, que ce projet n’intéresserait pas Zoé, qui serait en cela la digne représentante de sa génération de féministes. Là encore, pourquoi ce choix ? Dans la vraie vie, il y a des groupes de parole pour survivantes (et survivants d’ailleurs) d’agressions sexuelles comme il y en a pour les personnes dépendantes. Et dans ces groupes, il y a plus de moins de trente ans que de plus de quarante ans. Alors, pourquoi écrire un roman post-#MeToo en refusant de raconter ce parcours de réparation-là en contrepoint de celui du connard ? Un roman n’est pas un essai, mais l’épistolaire joue sur la frontière, comme quand Rebecca constate :

« C’est ça, la guerre – dire nous ne sommes pas les autres. (…) Et je crois que tous – c’est les guerres qu’on nous a transmises qu’on cherche à évacuer. Ça se loge dans les os, les guerres qu’ont vécues les plus vieux. Ça se transmet beaucoup mieux qu’une langue ou un héritage, cette peur-là. (…) On se drogue pour oublier les guerres qu’ils ont traversées, dont ils sont revenus, ou pas, la faim des femmes laissées dans les villes, l’angoisse de ce piège dont on ne peut s’extirper. Ou alors on se drogue pour se rappeler la guerre, le chaos et l’intensité et qu’on reste vivant et que c’est un miracle quotidien. Mais c’est toujours à la guerre qu’on pense.[8] »

C’est vrai. Mais c’est vrai aussi que dans ces guerres du passé, les femmes ne sont pas toutes restées à l’arrière, et que même là, elles ont combattu aux côtés des hommes. Et c’est également vrai qu’aujourd’hui, il y a toujours des guerres et que dans ces guerres du présent les femmes (et les enfants) sont à la fois des victimes et des combattantes qui résistent aux oppresseurs. Les violences sexistes et sexuelles, c’est le règne d’un état de guerre, et dans cette guerre il y a des gens qui ont des fusils et des bastions et d’autres qui sont ciblées mais à qui on ne trouve pas normal de donner infrastructures et armements pour se défendre à armes égales. Oscar n’est pas le pire connard de la terre, c’est clair. N’empêche qu’à la loterie de la vie, il a gagné un flingue et qu’il a un peu joué avec. Alors, même si à la fin il se rend compte que ce n’était pas super, c’est beaucoup demander aux survivantes et aux combattantes de cette guerre que le focus soit sur ce petit capitaine du patriarcat en voie de désertion, sur son intériorité, sa souffrance et sa volonté de changer et pas sur la meuf qui s’est fait flinguer socialement mais qu’il a avant tout flinguée, lui.

Je crois que c’est surtout ça qui ne passe pas pour moi. Cher connard ne brusque pas les connards, il les prend par la main, quitte à nous brusquer nous. Parce que le roman met un connard poids léger au centre de notre attention et de notre empathie. Parce que Rebecca tacle le patriarcat tout en pointant les supposés excès de #MeToo, qu’à des moments, le roman a un petit côté un partout balle au centre et que je ne peux pas m’ôter de la tête que c’est peut-être de là qu’il vient, le succès du roman, au moins autant que des punchlines.

Et puis, je me demande : en sommes-nous vraiment là ? Virginie, vous nous demandez beaucoup d’abnégation, pour ne pas dire de sacrifice, et aux connards, vous ne leur demandez pas grand-chose. Je ne suis pas d’accord pour deux raisons. D’abord, parce que je ne suis vraiment pas sûre que Cher connard aide les connards à l’être moins. J’ai même peur que ça leur permette de continuer à dominer, de le faire peut-être un tout petit peu moins mais avec le cœur plus léger qu’avant. Nous sommes encore dans un lieu et un temps où les connards n’ont pas besoin de votre indulgence ni de la nôtre, ni de la leur. Moi je crois qu’aimer les hommes, que ce soit agapé, eros ou filia d’ailleurs, c’est avoir envers eux l’exigence que personne n’a jamais eue. Mais surtout, je crois que nous ne sommes pas encore dans un lieu et un temps où nous, féministes, survivantes et allié.es pouvons nous passer de nous protéger entre nous et où nous pourrions, sans masochisme, faire passer ce besoin au second plan pour mettre ceux des connards en premier.

Notre place n’est pas en premier lieu d’aider les connards à changer. Nous attendons encore les romans à succès qui ne soient pas centrés sur des personnages d’hommes et où les femmes ne soient pas réduites à des personnages secondaires, et d’adjuvants dans leur quête. Nous avons besoin de romans où les femmes sont à la première place, où elles se réparent en même temps qu’elles se battent.

Virginie, nous avons encore besoin de vous.

Virginie Despentes, Cher connard, Grasset, août 2022, 352 pages.


[1] Je remercie Sarah Al-Matary, Mélie Boltz-Nasr et Antoine Plane pour leurs présences durant la rédaction de cet article.

[2] Virginie Despentes, « Désormais, on se lève et on se barre », Libération, 1er mars 2020.

[3] Camille Kouchner, Familia Grande, Paris, Seuil, 2021.

[4] Je cite ici la députée Les Républicains Nelly Garnier, « #MeToo : Il faut comprendre les mécanismes profonds des inégalités à tous les niveaux de la relation entre homme et une femme, y compris derrière les portes closes », Le Monde, 6 octobre 2022.

[5] Sur les accusations de violence psychologique à l’encontre de Julien Bayou et les logiques d’emprise, Laury-Anne Cholez, « Affaire Bayou : les femmes parlent », Reporterre.net, 25 octobre 2022.

[6] bell hooks, La Volonté de changer : les hommes, la masculinité et l’amour, Divergences, 2021 (2004).

[7] Hannah Gadsby, « The Good Men » & Misogyny », Women in Entertainment, 5 décembre 2018.

[8] Virginie Despentes, Cher connard, Grasset, 2022, p. 190.

Bérénice Hamidi

Sociologue du théâtre, professeure en études théâtrales à l'Université Lyon 2 et membre de l'Institut Universitaire de France

Rayonnages

LivresLittérature

Notes

[1] Je remercie Sarah Al-Matary, Mélie Boltz-Nasr et Antoine Plane pour leurs présences durant la rédaction de cet article.

[2] Virginie Despentes, « Désormais, on se lève et on se barre », Libération, 1er mars 2020.

[3] Camille Kouchner, Familia Grande, Paris, Seuil, 2021.

[4] Je cite ici la députée Les Républicains Nelly Garnier, « #MeToo : Il faut comprendre les mécanismes profonds des inégalités à tous les niveaux de la relation entre homme et une femme, y compris derrière les portes closes », Le Monde, 6 octobre 2022.

[5] Sur les accusations de violence psychologique à l’encontre de Julien Bayou et les logiques d’emprise, Laury-Anne Cholez, « Affaire Bayou : les femmes parlent », Reporterre.net, 25 octobre 2022.

[6] bell hooks, La Volonté de changer : les hommes, la masculinité et l’amour, Divergences, 2021 (2004).

[7] Hannah Gadsby, « The Good Men » & Misogyny », Women in Entertainment, 5 décembre 2018.

[8] Virginie Despentes, Cher connard, Grasset, 2022, p. 190.