Le Rapport Meadows ou les limites des Limites de la croissance
Le rapport Meadows (Les limites de la croissance) a fêté cet automne ses 50 ans. Avec le temps, il s’est imposé comme le rapport de référence, amorçant une prise de conscience écologique à l’échelle mondiale[1]. Autour de lui, s’est construit un récit standard des 50 dernières années : à trente ans à peine, l’ingénieur du MIT, Dennis Meadows, entouré de Dana Meadows, Jorgen Randers et William Behrens, établit le lien entre le développement des activités économiques du monde industriel et une crise écologique dont nous ne pouvions alors qu’envisager les prémisses – la croissance, selon le titre du rapport, atteignait ses limites naturelles dans un monde fini.

Longtemps, toujours selon ce récit, ces « visionnaires » ont prêché dans le désert, eux et ceux qui portaient dans l’espace public les constats établis dans ce rapport. Le climato-scepticisme avait la peau dure, les pouvoirs publics, l’industrie et une bonne partie des intellectuels (que l’on pense en France au brûlot commis par Luc Ferry en 1992, par exemple[2]) restaient sourds, et l’opinion publique, timide.
Mais, peu à peu, des mouvements écologistes se sont structurés en partis politiques. L’ONU crée la Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement en 1983, le GIEC est créé en 1988, 1992 est aussi l’année du sommet de Rio, qui popularise la notion de développement durable, issue des travaux de la commission onusienne[3], fixe un cap, et donne naissance à la Conference of Parties (COP), dont la vingt-et-unième a, en 2015, produit le fameux « Accord de Paris », fixant, pour la première fois, des objectifs juridiquement contraignants. Dans le même temps, les enjeux écologiques pénétraient, plus ou moins, tous les discours politiques.
Ce récit est devenu une telle évidence que toute critique du rapport Meadows, et surtout des conditions de sa production, est devenue une manière efficace d’être taxé de climato-sceptique. Aussi efficace que de douter du discours « effondriste » ou de l’imp