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Les défis de la social-démocratie en Espagne

Hispaniste

Cet automne, l’Espagne a adopté le budget le plus social de son histoire. Alors que l’inflation frappe durement l’Europe, Madrid a porté à 11.1% de son PIB la part des mesures d’urgence destinées à soutenir les ménages – à titre de comparaison, elles représentent en France 7.6%. Les socialistes, de retour au pouvoir depuis 2019, veulent montrer qu’ils sont toujours vivants… et le Premier ministre Pedro Sanchez a engagé le pays dans un processus de réformes qu’il promet de long terme.

Depuis 2018, les situations inédites sont devenues banales en Espagne. En mai, une motion de censure a renversé un gouvernement de droite dont l’image avait été sérieusement abîmée par les affaires de corruption. Aucune motion de censure du Parlement espagnol n’avait encore abouti jusque-là. L’indignation sociale explique en partie ce succès.

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Autre coup de théâtre lorsqu’en décembre 2018, l’extrême-droite espagnole remporte une victoire historique lors des élections andalouses. La région qui était un bastion de gauche bascule à droite. Les affaires de corruption ont là aussi eu raison de la fidélité d’une région jusque-là attachée au parti socialiste. Certains s’étonnent du succès de Vox et de la fin de l’« exception espagnole ».  Mais contrairement à ce que beaucoup de commentateurs ont laissé entendre, l’extrême-droite a toujours été très présente. Moins visible, elle était jusque-là intégrée au sein du parti de droite plus traditionnelle. Les commémorations annuelles le jour de la mort du dictateur Franco attestent, depuis les débuts de la démocratie, de la prégnance de la nostalgie du franquisme dans une partie de la société.

Autre nouveauté : en 2019, les Espagnols sont convoqués aux élections législatives à deux reprises. À l’issue du premier scrutin, la formation d’un futur gouvernement est bloquée faute d’accord. En novembre, les citoyens sont appelés à voter pour leurs élus à l’Assemblée nationale et au Sénat une seconde fois et le PSOE (le parti des sociaux-démocrates) et Unidas Podemos (la gauche plus radicale) se résolvent à signer un accord surnommé « pacte de l ‘accolade ». La photographie de l’étreinte des deux leaders Pedro Sanchez et Pablo Iglesias fait la Une des quotidiens. Malgré leurs divergences, les deux partis décident de former le premier gouvernement espagnol de coalition. Jamais l’Espagne n’avait expérimenté une alliance de ce type depuis le retour de la démocratie.

C’est ainsi que le 5 janvier 2020, Pedro Sanchez devient préside


[1] Directorate General for Budget. 2021. The EU’s 2021-2027 long-term budget and NextGenerationEU : facts and figures, Publications Office of the European Union, 2021,

[2] « Inflation in Eurozone Slows as Energy Prices Ease, but Officials Remain Wary », Melissa Eddy, 30 novembre 2022, New York Times.

[3] Carmen Perez Lanzac « Generación nimileurista », El País, 9 mars 2012.

[4] Proyecciones de población 2020-2070, septembre 2020.

[5] « Madrid ya tiene más perros y gatos registrados  que niños menores de diez años » ? El confidencial, 4 décembre 2020.

Carole Vinals

Hispaniste, Maîtresse de Conférences à l’université de Lille

Rayonnages

EuropeEspagne

Notes

[1] Directorate General for Budget. 2021. The EU’s 2021-2027 long-term budget and NextGenerationEU : facts and figures, Publications Office of the European Union, 2021,

[2] « Inflation in Eurozone Slows as Energy Prices Ease, but Officials Remain Wary », Melissa Eddy, 30 novembre 2022, New York Times.

[3] Carmen Perez Lanzac « Generación nimileurista », El País, 9 mars 2012.

[4] Proyecciones de población 2020-2070, septembre 2020.

[5] « Madrid ya tiene más perros y gatos registrados  que niños menores de diez años » ? El confidencial, 4 décembre 2020.