Les défis de la social-démocratie en Espagne
Depuis 2018, les situations inédites sont devenues banales en Espagne. En mai, une motion de censure a renversé un gouvernement de droite dont l’image avait été sérieusement abîmée par les affaires de corruption. Aucune motion de censure du Parlement espagnol n’avait encore abouti jusque-là. L’indignation sociale explique en partie ce succès.

Autre coup de théâtre lorsqu’en décembre 2018, l’extrême-droite espagnole remporte une victoire historique lors des élections andalouses. La région qui était un bastion de gauche bascule à droite. Les affaires de corruption ont là aussi eu raison de la fidélité d’une région jusque-là attachée au parti socialiste. Certains s’étonnent du succès de Vox et de la fin de l’« exception espagnole ». Mais contrairement à ce que beaucoup de commentateurs ont laissé entendre, l’extrême-droite a toujours été très présente. Moins visible, elle était jusque-là intégrée au sein du parti de droite plus traditionnelle. Les commémorations annuelles le jour de la mort du dictateur Franco attestent, depuis les débuts de la démocratie, de la prégnance de la nostalgie du franquisme dans une partie de la société.
Autre nouveauté : en 2019, les Espagnols sont convoqués aux élections législatives à deux reprises. À l’issue du premier scrutin, la formation d’un futur gouvernement est bloquée faute d’accord. En novembre, les citoyens sont appelés à voter pour leurs élus à l’Assemblée nationale et au Sénat une seconde fois et le PSOE (le parti des sociaux-démocrates) et Unidas Podemos (la gauche plus radicale) se résolvent à signer un accord surnommé « pacte de l ‘accolade ». La photographie de l’étreinte des deux leaders Pedro Sanchez et Pablo Iglesias fait la Une des quotidiens. Malgré leurs divergences, les deux partis décident de former le premier gouvernement espagnol de coalition. Jamais l’Espagne n’avait expérimenté une alliance de ce type depuis le retour de la démocratie.
C’est ainsi que le 5 janvier 2020, Pedro Sanchez devient préside