Quand la société chinoise conteste
Depuis le début des grandes réformes des années 1990, la société chinoise conteste. Des ouvriers d’État licenciés pour cause de rentabilité aux paysans expropriés de leurs terres pour laisser place à des projets de « développement », en passant par le nouveau prolétariat des campagnes, les propriétaires d’appartement floués par les compagnies immobilières ou les riverains d’usines polluantes, les Chinois du « miracle » économique défendent pied à pied leurs intérêts et leur imaginaire.

Avant la pandémie, il n’était pas rare de voir des citoyens, pourtant attachés à l’ordre et à la discipline, critiquer l’État – la plupart du temps les autorités locales – jugé incapable d’appliquer la loi. Ou même le Parti Communiste, sommé de défendre les intérêts du peuple. Pourtant, aucun de ces conflits sociaux n’a débouché sur le début du commencement d’une remise en cause du régime. Bien au contraire, le régime a joui, au moins jusqu’à la pandémie, d’un large soutien de la population, qui reposait non seulement sur la prospérité économique mais aussi sur le sentiment que le Parti était, malgré tout, le meilleur garant du prestige de la nation et de la stabilité du pays.
De la même façon, pendant les manifestations de novembre contre la politique du zéro-Covid, seules quelques voix se sont élevées pour s’en prendre au Parti et parfois à Xi Jinping. Et si la plupart des Chinois ont fini par être excédés par les conséquences de la politique du zéro-Covid, son abandon fin décembre a créé un sentiment d’angoisse voire de panique parmi la population. Ces manifestations ont, en fait, accéléré le processus d’assouplissement déjà engagé du triptyque « tester, tracer, isoler » et donc débouché sur une vague sans précédent de contamination. Les Chinois restent cloitrés chez eux, stockent les médicaments contenant du Paracetamol, craignent de devoir aller dans des hôpitaux déjà surchargés. On veut être protégé, et l’on en vient à regretter le temps où chacun était testé et où l’É