Plus rien ne s’oppose à la nuit
C’est la nuit qu’il est beau de croire en la lumière
Edmond Rostang
La nuit est longtemps restée une dimension oubliée, une terra incognita, peu investie par les activités, les politiques publiques et la recherche, un temps d’arrêt livré aux fantasmes et aux représentations contrastées entre liberté et insécurité. Depuis quelques temps, la nuit s’invite dans l’actualité du jour. Cet espace-temps sous pression, colonisé par les activités du jour, intéresse désormais les politiques, les professionnels de l’aménagement et de l’urbanisme, les chercheurs de différentes disciplines, la presse grand public et s’invite jusque dans les repas de famille.

Espace-temps éphémère et cyclique, la nuit change et nous oblige à changer de regard sur la société et nos modes de vie. Mieux, elle nous invite à l’exploration, à l’introspection voire à la prospective. C’est dans la nuit urbaine, que les tensions et contradictions entre économie, social, environnement et culture sont sans doute les plus lisibles. C’est là que se joue une partie de notre capacité à mieux vivre ensemble, longtemps et que peuvent s’inventer de nouvelles manières de réfléchir, d’expérimenter et de vivre ensemble. C’est bien là aussi que l’on refait le monde, un monde plus durable.
Ce que les nuits sont devenues
Avec un peu de recul, on peut appréhender les évolutions de cet espace-temps pluriel et si particulier qui n’est pas un contre-jour.
Espace-temps particulier. La nuit est un espace-temps où les questions de liberté et de sécurité sont essentielles. C’est généralement un environnement plus hostile que le jour : éclairement, humidité, température. L’être humain y est naturellement déstabilisé faute de lumière suffisante alors que plus de 80 % de sa perception est liée à la vue. Animal diurne l’homme n’est pas fait pour vivre la nuit alors que sa température corporelle baisse et que certains taux d’hormones se modifient. Les chronobiologistes rappellent régulièrement que nous sommes des animaux d