Santé

Et surtout, une bonne santé !

Sociologue, Médecin, Médecin

Trois ans après le Covid-19, le Roi est nu. Dans ses vœux aux professionnels de santé, le président Macron a annoncé une énième réforme de santé, censée être « disruptive ». On peine à y croire. Pourtant des solutions existent, parmi lesquelles de faire du service territorial de santé, un commun.

Olivier Véran nous avait promis un « discours qui fera date » à la veille de la présentation des vœux du Président de la République aux professionnels de santé. Des mesures concrètes allaient être annoncées. « Disruptives » forcément. Le lieu de l’annonce : l’hôpital de Corbeil-Essonnes. Insistons sur ce point : la énième réforme du système de santé a été énoncée depuis un hôpital d’une région sinistrée sur le plan sanitaire.

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Le « Ségur de la santé » avait été annoncé, improvisé en réalité, depuis le plus grand hôpital d’Europe, La Pitié-Salpêtrière, à la sortie du premier confinement. Annonce improvisée car le gouvernement voyait repartir les mobilisations des hospitaliers, gonflés à bloc grâce aux applaudissements des Parisiens à leur balcon, chaque soir. Pourtant, avant le début de la pandémie, Mme Buzyn puis M. Véran faisaient la sourde oreille aux protestations du Collectif Inter-Urgences puis du Collectif Inter-hôpitaux. À ce moment, il n’y avait point de crise hospitalière : juste des soignants grognons, jamais contents, malgré les miettes qui leur été jetées.

Ce « Ségur de la santé » était un nom bien ronflant pour ce qui n’était qu’un « Grenelle de l’hôpital ». En effet, de réforme du système de santé, il n’en était pas question. Il s’agissait simplement de rattraper partiellement les conséquences financières délétères de ce qu’il faut bien appeler « la décennie maudite de l’hôpital public » : en effet, après le krach financier de 2008, et après une brève parenthèse keynésienne, l’Union européenne a serré la vis budgétaire au nom de la réduction des déficits publics. En passant, c’est exactement ce qui va se reproduire à partir de 2023. On ouvre les vannes budgétaires du « quoi qu’il en coûte », puis les services publics doivent passer à la caisse. La contre-réforme des retraites s’inscrit dans cette logique.

Emmanuel Macron a donc annoncé, avec l’emphase qu’on lui connaît, en avril 2020, la tenue d’un « Ségur de la Santé ». Le ministre Véran étai


[1] Frédéric Pierru, André Grimaldi, « L’hôpital, le jour d’après ». Le Monde Diplomatique. Avril 2020

[2] Julien Vernaudon, Frédérick Stambach, « Pour un service public de santé territorial », ReSPUBLICA.

[3] Cela rejoint une revendication forte du mouvement de protestation actuel des médecins libéraux : se libérer de la bureaucratie et des tâches administrative, sans recourir toutefois à une majoration du tarif des consultations à 50 euros qui au final ne déchargerait pas les médecins de ces tâches.

[4] Julien Vernaudon, Frédérick Stambach, « Pour un pôle socialisé du médicament », Le Vent Se Lève, Octobre 2021.

[5] Frédéric Pierru, « Agences régionales de santé : missions impossibles », Revue française d’administration publique, n° 174, 2021, p. 385 – 40

[6] Dans cette optique, nous proposons d’instaurer un « flat rate ministériel » (« forfait ministériel ») consistant à refuser toute autre prise en charge que par les urgences pour les ministres responsables et leurs proches, que nous étendrons volontiers aux anciens Présidents et parlementaires qui auront voté et approuvé l’ensemble des réformes délétères.

Frédéric Pierru

Sociologue, Chercheur en sociologie au CERAPS de l'Université de Lille et chercheur associé au LISE – CNAM

Julien Vernaudon

Médecin, Praticien hospitalier

Frédérick Stambach

Médecin

Rayonnages

SociétéSanté

Notes

[1] Frédéric Pierru, André Grimaldi, « L’hôpital, le jour d’après ». Le Monde Diplomatique. Avril 2020

[2] Julien Vernaudon, Frédérick Stambach, « Pour un service public de santé territorial », ReSPUBLICA.

[3] Cela rejoint une revendication forte du mouvement de protestation actuel des médecins libéraux : se libérer de la bureaucratie et des tâches administrative, sans recourir toutefois à une majoration du tarif des consultations à 50 euros qui au final ne déchargerait pas les médecins de ces tâches.

[4] Julien Vernaudon, Frédérick Stambach, « Pour un pôle socialisé du médicament », Le Vent Se Lève, Octobre 2021.

[5] Frédéric Pierru, « Agences régionales de santé : missions impossibles », Revue française d’administration publique, n° 174, 2021, p. 385 – 40

[6] Dans cette optique, nous proposons d’instaurer un « flat rate ministériel » (« forfait ministériel ») consistant à refuser toute autre prise en charge que par les urgences pour les ministres responsables et leurs proches, que nous étendrons volontiers aux anciens Présidents et parlementaires qui auront voté et approuvé l’ensemble des réformes délétères.