Futuritions sensibles – sur « Les Portes du possibles. Art & science-fiction »
Le problème à trois corps/ Le temps incertain/ Planète à gogo/ Les monades urbaines/ Aucune terre n’est promise/ L’archipel du rêve/ L’orbite déchiquetée/ Cette chère humanité…la litanie de titres de romans de Science-fiction qui nous accueille, à l’entrée de l’exposition du Centre Pompidou Metz, sous la forme d’un sobre accrochage mural, produit un effet saisissant : embrassant cette compilation de titres, le visiteur ne peut que constater que le genre SF se nourrit de composants élémentaires familiers – le corps, le monde, le temps pour ne citer qu’eux – tout en leur faisant subir un léger déplacement. Comme si se révélait, rien qu’à travers ce panorama par les titres, la relation de proximité et d’intensification, d’intimité et d’éloignement, que la Science-fiction entretient avec le réel.

À quoi tient cette sensation de Science-fiction, qui se dégage de l’accumulation de ces titres, métonymies non exactes, reflets partiels des œuvres dont ils sont le nom ? On y parle de terre, d’archipel, de cheveux, de villes, de bonheur, de dépossession : autant dire, d’expériences et d’objets connus ; pourtant, dans le réel science-fictionné, les nuits ont des mains gauches, le monde risque souvent d’être meilleur, les servantes ne sont pas rouges mais écarlates ; c’est en exacerbant certains traits du réel que la Science-fiction se déploie. Les futuritions de la SF sont les intensifications d’une époque. Qui mieux que l’art – la forme sensible – pour les donner à voir ? C’est le sens de la proposition du Centre Pompidou Metz, qui rassemble plus de 200 œuvres d’art, réalisées entre la fin des années 60 et aujourd’hui.
Revenons à cet habile geste scénographique par lequel se trouvent exhibés les romans cultes de la SF, qui se reproduit à l’occasion des cinq entrées du parcours (piochant les livres/leurs titres en fonction de l’unité thématique des entrées) ; il rappelle que la science-fiction est un genre littéraire, maintient le texte à l’horizon sans écraser les œu