Que mesure la popularité ?
« La popularité d’Emmanuel Macron en chute libre », « impopularité record pour Emmanuel Macron », « record d’impopularité battu », « Emmanuel Macron atteint son niveau le plus bas de popularité », etc…. Tels sont les titres de beaucoup d’articles de presse consacrés aux dernières enquêtes d’opinion publiées sur la « popularité » du chef de l’État. La publication très régulière de ces chiffres de « popularité » donne parfois le sentiment d’une accumulation d’informations difficiles à comprendre : certains « sondages de popularité » semblent parfois se contredire dans leurs estimations du niveau de « popularité » : en baisse, en légère hausse, en recul de -2 points, en hausse de +1 point et tout cela parfois à quelques jours d’intervalle. Si en règle générale, les principaux instituts de sondage convergent dans leurs données et leurs analyses, des différences existent néanmoins quant à l’ampleur de la « popularité » ou de « l’impopularité ».

Pour mieux comprendre ces chiffres et ces données, un détour par quelques règles de méthode s’impose. Il ne faut tout d’abord jamais oublier que les sondages produisent des estimations ; c’est là leur « cœur de métier », leur vocation naturelle. Sonder et estimer est presque un pléonasme méthodologique. Les sondages, quelle que soit la discipline scientifique qui fait appel à eux, estiment des proportions qui souvent sont inconnues dans les populations sondées : on ne saura jamais quelle est la « vraie » proportion qui soutiennent Emmanuel Macron en ce jour car il n’existe pas (et ne peut exister dans une société démocratique, en tout cas) de « recensement des opinions » et d’obligation de se soumettre à un tel recensement. Les élections constituent le « juge de paix » de la popularité. On ne peut donc qu’estimer cette quantité par un sondage.
La question de la qualité de l’estimation et des techniques qui permettent d’inférer à partir du sondage quelle pourrait être la « vraie » proportion dans toute la population est la grande