Cinéma

Cristèle Alves Meira : « Je veux filmer la magie comme contre-pouvoir »

Critique

L’actrice et scénariste franco-portugaise Cristèle Alves Meira est passée derrière la caméra pour Alma viva, un premier long-métrage qui superpose le vivant et la mort, le visible et l’invisible. Le regard porté sur la jeune Salomé et sa grand-mère brosse aussi le portrait teinté de réalisme magique d’un Portugal contemporain marqué par les vagues de migration et baigné de croyances dans les forces occultes.

Avec son premier long métrage présenté lors de la dernière Semaine de la critique à Cannes, Cristèle Alves Meira continue son portrait teinté de réalisme magique d’un Portugal contemporain marqué par les vagues de migration et baigné de croyances dans les forces occultes. Salomé n’a pas dix ans, passe l’été avec sa grand-mère qui pratique des rituels païens dans le secret de sa maison et découvre qu’elle a hérité de son don. Dans ce portrait amoureux d’une relation entre deux figures féminines séparées par deux générations, la réalisatrice réécrit sous forme de fable dramatico-comique les souvenirs des sensations de son enfance. R.P.

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Alma viva s’ouvre par l’œil d’une petite fille derrière un rideau. Elle observe un rituel magique d’accompagnement d’un mort vers l’au-delà. Pourquoi nous faire entrer dans le film par une scène qui nous est montrée et masquée à la fois ?
Avec Rui Poças, le chef opérateur, nous avons beaucoup réfléchi à ce que nous souhaitions montrer. Nous aurions pu mieux éclairer, faire une ouverture plus grande. Cet œil à travers la serrure nous fait entrer à hauteur d’enfant dans un espace très intime qui nous est interdit. En fait, je tenais à ce que l’on ouvre sur un mystère, sur quelque chose qu’on ne comprend pas tout à fait. Je voulais absolument qu’on voie la flamme de la bougie, qu’on entende des sons, qu’on voie des matières, qu’on soit dans des sensations mais sans savoir vraiment ce qui se passe. J’aime le doute que cela crée chez le spectateur. Ce n’est qu’au fil du film, par bribes, en revenant dans cet espace restreint, étrange, occulte, où les esprits peuvent circuler que l’on reconstruit ce qui s’y passe. C’est très propre au domaine des croyances : on ne sait pas tout à fait à quoi on a à faire.

Comme le personnage de Salomé, la fillette qui tient le rôle principal, vous êtes originaire du Portugal où vous avez passé tous vos étés depuis l’enfance. Ces croyances font-elles partie de votre vécu ?
Oui, c’est très familier. À


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