Absents du mouvement, les quartiers ?
Ces dernières semaines, des commentaires ont émergé quant à « l’absence » des habitant.e.s des quartiers populaires du mouvement contre la réforme des retraites. Évoqué par certains médias et éditorialistes d’extrême droite sous la forme du constat réjoui ou de l’accusation détournée, ce phénomène a aussi fait l’objet de discussions du côté des acteurs des quartiers (militants et médias spécialisés), qui n’évitent plus le sujet du dialogue conflictuel entre cadres traditionnels d’engagement et mobilisations issues des quartiers populaires.

Ces premières réponses en forme de contre-feux venus « du terrain » sont une bonne nouvelle et signalent les recompositions contemporaines du champ politique. Elles permettent de sortir de ce que nous appelons le dilemme du divorce ou de la lune de miel, dans lequel sont enfermés les débats sur le rapport qu’entretient la gauche aux classes populaires : le comportement politique de ces dernières balancerait ainsi entre l’adhésion aveugle et la colère ou le dégoût de la politique… Comme s’il n’y avait rien entre ces deux pôles ! Ces pentes misérabilistes ou populistes, évoquées en sciences sociales par un ouvrage emblématique[1] sont souvent empruntées par un discours politique en mal de légitimation (pente populiste) ou en mal d’explication (pente misérabiliste) et empêchent de comprendre les nouvelles formes de politisation, dans un contexte d’effondrement objectif des structures partisanes[2].
« Où sont les Français issus de l’immigration depuis deux mois ? Sur cette réforme ils ne sont nulle part, je ne les entends pas… j’ai l’impression que c’est la France blanche » lançait ainsi Pascal Praud sur son plateau de CNews au mois de mars. Bien entendu, cette fausse question visait avant tout à ouvrir la porte aux paroles racistes et stigmatisantes en direction des habitants des quartiers, sur une chaîne livrée depuis longtemps maintenant aux pires argumentaires d’extrême-droite (et que la gauche doit évidemment déserter d