Rediffusion

Vimala Pons : « J’ai envie d’être Buster Keaton 3.0 »

Critique

Auteure, artiste de cirque, performeur qui se refuse metteuse en scène, Vimala Pons se produit pour la première fois en solo, dans une galerie de sept portraits finalement et véritablement autobiographique : Le Périmètre de Denver. Ce titre en forme de concept inventé, qui emprunte à la fois à la physique quantique et à la philosophie, désigne un état de confusion caractérisé par une altération du rapport à l’identité et à la réalité. Rediffusion d’un entretien du 13 mai 2023

Avec son premier spectacle solo Le Périmètre de Denver, l’actrice Vimala Pons met en scène un cluedo mélancolique et drôle dans lequel elle incarne six personnages solitaires dans une hallucinante performance transformiste. Ces avatars se sont tous croisés dans un centre de thalasso et sont tous suspects dans une sombre histoire d’assassinat.

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Dans des confessions crues et désabusées, ils racontent au public ce qui s’est peut-être passé, mais chacun avoue un penchant coupable pour le mensonge et une obsession maladive pour le temps qui passe. Chacun essaie de porter dignement sa fonction autant que la performeuse équilibriste s’évertue à maintenir sur sa tête des objets ridiculement surdimensionnés qu’elle finit par tous faire exploser. Aucun des monologues ne ressemble vraiment à une déposition de police d’une enquête plus métaphysique que criminelle. Mais Vimala Pons ne ressemble pas vraiment non plus à Angela Merkel, le personnage de chancelière avec laquelle elle ouvre le bal. R.P

Le Périmètre de Denver traite du mensonge. Son titre lui-même est d’ailleurs une mystification.
Le Périmètre de Denver est une notion que j’ai totalement inventée. J’ai écrit à son sujet toute une fausse conférence sur cette zone particulière du mensonge. J’ai envisagé un temps d’en faire un mensonge au-delà du spectacle, de présenter, même en interview, ce phénomène comme quelque comme chose qui aurait réellement été théorisé par un professeur en psychologie dans un colloque à Denver. Mais écrire un spectacle, écrire un film, c’est toujours gérer du temps et cette partie que je donnais à voix nue entre les incarnations des personnages prenait trop de place sur le reste et j’ai fini par la couper. Ce qui m’a posé un autre problème car ce moment de conférence me permettait de récupérer physiquement. Le temps de croyance, le temps de pacte fictionnel, c’est ce qu’on dose sans cesse.

Comment avez-vous écrit les monologues successifs des six personnages que vous incarnez à tour de