À quoi sert l’histoire naturelle ?
Une éthique pour la planète, si on la souhaite vraiment, ne peut pas faire l’économie des données et des résultats scientifiques. L’histoire naturelle, malgré sa discrétion dans la culture scientifique francophone, est pourtant au premier plan.

L’histoire naturelle est discrète, mais ne l’a pas toujours été
Le terme d’histoire naturelle ne figure pas dans la liste des disciplines par lesquelles on sectorise et on évalue la recherche scientifique, ni dans les cursus universitaires. On n’entend jamais un étudiant dire « ah, à 14h j’ai cours d’histoire naturelle ». Elle fait partie de ces disciplines obscures avec la systématique ou la minéralogie, qui sentent un peu la poussière, la leçon de choses, si ce n’est pas le cabinet de curiosités. L’imagerie courante l’associe au musée et aux sciences d’hier. Et pour cause : l’histoire naturelle était une discipline majeure dans les têtes éduquées des XVIIIe et XIXe siècles.
La controverse méthodologique sur les conceptions et les pratiques de l’anatomie comparée entre Georges Cuvier et Étienne Geoffroy Saint-Hilaire devant l’Académie des Sciences ont enflammé les gazettes de la France et de l’Europe de 1830. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle et au XIXe siècle, toute famille possédant une bibliothèque y faisait trôner l’histoire naturelle de Buffon, et on offrait même des « Buffon portatifs ». Les sujets d’histoire naturelle animaient les discussions, tout comme aujourd’hui. Cependant avec deux différences. Premièrement, l’histoire naturelle était jadis identifiée, « conscientisée » comme on dit aujourd’hui. Elle est à présent invisibilisée : on discute de sujets d’histoire naturelle sans savoir qu’ils en sont. Deuxièmement, l’histoire naturelle était discutée pour elle-même, parce que soit ses méthodes, soit ses résultats étaient passionnants. Aujourd’hui, ses sujets sont happés par la thématique des dérèglements environnementaux, voire emportés par l’éco-anxiété.
Qu’est-ce que l’histoire naturelle ?
Mais sa