Planification écologique : le cadrage restrictif tragique du Président Macron
« L’écologie est le combat du siècle » : ce slogan s’affiche en pleine page du site officiel de l’Élysée. C’est même, depuis le début du « quinquennat, en France comme sur la scène internationale, l’une des priorités du Président de la République ».

Sans ironie, on peut se poser la question de quel siècle et de quel président il s’agit… En fait, il est bien question du Président Macron puisqu’il vient de préciser les voies de cette transformation inédite, base d’une « écologie à la française », qui s’annonce comme une « politique sans précédent en France depuis des décennies et sans équivalent en Europe » ! L’objectif central s’affiche : il nous faudra réduire de 55% d’ici à 2030 les émissions de gaz à effet de serre et pour cela, nous allons « Faire plus en 7 ans que ce qui a été fait en 33 ans » (É. Borne, 18 septembre 2023).
Alors que nous franchissons la 6e limite planétaire, sur les neufs généralement décrites, que le dernier du rapport du GIEC insiste sur l’interdépendance des enjeux sociaux et écologiques, nous ne pouvons que déplorer un cadrage normatif restrictif de la planification écologique. Le cadrage permet à l’autorité politique d’imposer une notion dans le débat public[1] (hier la sobriété, aujourd’hui la planification). Elle contribue à en légitimer l’usage, tout en lui prescrivant progressivement ses limites d’usage, afin de peser sur les orientations choisies. Cette délimitation est d’abord sémantique : on peut donc contraindre l’ensemble de la classe politique à se positionner sur ce qui a été nommé comme la planification écologique, rendant ainsi plus difficile de construire une contre-proposition globale. Elle permet ensuite d’en limiter ses domaines d’application. Enfin, elle contribue à valoriser les positions dominantes du champ politique, celles qui jouent avec les référentiels les plus communs (comme le progrès).
Or, ce cadrage est tragique sur le plan de la prise en compte de notre situation écologique commune, et ce pour trois