Société

Le Grand Prix de l’urbanisme enfin à la campagne !

Architecte-Urbaniste

Chaque année, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires attribue le Grand Prix de l’urbanisme à une personnalité reconnue par un jury international. En 2023, le jury a récompensé l’architecte-urbaniste Simon Teyssou, pour son engagement au cœur des territoires ruraux et périurbains. Que signifie cette attribution et que dit-elle des moyens consacrés au devenir des marges métropolitaines ?

«Cette année, le jury a désigné dès le premier tour Simon Teyssou pour son engagement et son action en faveur des territoires ruraux et périurbains. Tête de file d’une génération de concepteurs, il démontre qu’il est possible de réaliser des projets ambitieux, qualitatifs et créatifs dans des territoires faiblement dotés en ingénierie, peu attractifs pour le marché et financièrement contraints. »[1]

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Ainsi commence l’annonce sur le site du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires de l’attribution à Simon Teyssou, architecte et urbaniste du Grand Prix de l’urbanisme. Créé en 1989, ce prix « distingue chaque année une personnalité reconnue par un jury international. Il valorise l’action des professionnels qui contribuent à faire avancer la discipline et à améliorer le cadre de vie des habitants de tous les territoires. »

Un praticien engagé

Simon Teyssou exerce depuis plus de vingt ans le métier d’architecte en milieu rural[2], dans le Cantal, au Rouget, où il a installé son agence qui porte le nom du lieu de son ancrage. Son exigence lui a valu de nombreux prix et récompenses qui saluent une production architecturale et urbaine soucieuse des questions territoriales, des enjeux des ressources et des bouleversements climatiques. Inspiré depuis ses études[3] par le « régionalisme critique » qui fut théorisé par le critique et historien de l’architecture Kenneth Frampton, ses architectures s’attachent autant aux questions sociales qu’à celles de la construction, en dialoguant avec la nature des sols, la géologie, la météorologie, le tissu artisanal, les élus et les habitants. À l’instar du philosophe Paul Ricœur[4], sa production interroge le fait « d’être moderne et retourner aux sources », et tente de « raviver une vieille civilisation endormie » tout en prenant part « dans la civilisation universelle ».

S’il démarre sa carrière avec des commandes subventionnées par l’Union européenne, qui soutenait la transformation des fermes d


[1] Communiqué officiel de l’attribution du Grand Prix de l’urbanisme 2023.

[2] « L’architecte, médecin de sa campagne », Félix Mulle, Criticat, n°13, printemps 2014.

[3] Le « Régionalisme critique », une voie entre civilisation universelle et identité culturelle locale ? Réhabilitation d’une ferme située dans la commune de Saint-Gérons, Cantal, Travail personnel de fin d’études, Simon Teyssou, école d’architecture de Clermont-Ferrand, 2000.

[4] « Civilisation universelle et cultures nationales », Histoire et Vérité, Paul Ricoeur, Coll. Esprit, Seuil, 1955.

[5] « Architecte en campagne », entretien avec Richard Scoffier, d’A, n°304, janvier-février 2023.

[6] « Atelier du Rouget en résidence à Callac », Katerine Dana, d’A, n°304, janvier-février 2023.

[7] Depuis sa création (sauf de 1994 à 1997), le prix a été attribué à deux agences (Agence Ter en 2018 et l’AUC en 2021), à deux personnes la même année (Nathan Starkman et Philippe Panerai en 1989). Sur 32 lauréats, le prix a été attribué 4 fois à une femme (seule ou en équipe) à partir de l’année 2013.

[8] L’hypothèse collaborative : conversation avec les collectifs d’architecte français, Atelier Georges et Mathias Rollot (Dir.), Hyperville, 2018.

[9] « Le temps long de l’architecture », Emmanuel Caille, d’A, n°304, janvier-février 2023.

[10] Initié par le ministère de la Culture et de la Communication, ce prix distingue des architectes et, depuis 2005, des paysagistes, de moins de trente-cinq ans.

Patrick Henry

Architecte-Urbaniste, Professeur à l'ENSA Paris-Belleville

Notes

[1] Communiqué officiel de l’attribution du Grand Prix de l’urbanisme 2023.

[2] « L’architecte, médecin de sa campagne », Félix Mulle, Criticat, n°13, printemps 2014.

[3] Le « Régionalisme critique », une voie entre civilisation universelle et identité culturelle locale ? Réhabilitation d’une ferme située dans la commune de Saint-Gérons, Cantal, Travail personnel de fin d’études, Simon Teyssou, école d’architecture de Clermont-Ferrand, 2000.

[4] « Civilisation universelle et cultures nationales », Histoire et Vérité, Paul Ricoeur, Coll. Esprit, Seuil, 1955.

[5] « Architecte en campagne », entretien avec Richard Scoffier, d’A, n°304, janvier-février 2023.

[6] « Atelier du Rouget en résidence à Callac », Katerine Dana, d’A, n°304, janvier-février 2023.

[7] Depuis sa création (sauf de 1994 à 1997), le prix a été attribué à deux agences (Agence Ter en 2018 et l’AUC en 2021), à deux personnes la même année (Nathan Starkman et Philippe Panerai en 1989). Sur 32 lauréats, le prix a été attribué 4 fois à une femme (seule ou en équipe) à partir de l’année 2013.

[8] L’hypothèse collaborative : conversation avec les collectifs d’architecte français, Atelier Georges et Mathias Rollot (Dir.), Hyperville, 2018.

[9] « Le temps long de l’architecture », Emmanuel Caille, d’A, n°304, janvier-février 2023.

[10] Initié par le ministère de la Culture et de la Communication, ce prix distingue des architectes et, depuis 2005, des paysagistes, de moins de trente-cinq ans.