Le temps à la découpe ou la vie impossible des migrants
«Temps et pouvoir », titrent les auteurs d’un numéro des Actes de la recherche en sciences sociales qui se référant à Michel Foucault écrivent dans leur introduction : « Les temporalités propres aux institutions (bureaucratiques notamment) participent du contrôle social : elles disciplinent les conduites des agents, hiérarchisent leurs positions et les poids symboliques qui leur sont accordés ».

L’usage du temps pour discipliner et assujettir a été longuement décrite et théorisée par l’auteur de Surveiller et punir. Cette instrumentalisation du temps s’est déplacée dans toutes les institutions administratives et s’est transformée en hiérarchisant le temps de traitement des dossiers et le temps attribué à la réception du public, en introduisant des quotas de refus et d’acceptation des dossiers, en réduisant les postes – tactique qui se traduit par une réduction de l’attention portée aux documents et à chacune des personnes reçues. Ainsi la police par le temps affecte les agents administratifs, et par leur truchement la vie des citoyens dont elle réglemente les rapports de ceux-ci à l’État mais également leurs rapports entre eux puisqu’elle régente aussi la vie sociale.
Il y a une catégorie de la population sur laquelle elle exerce un pouvoir exorbitant : ce sont les étrangers. Particulièrement les étrangers parce que leur séjour en France est réglementé par un régime administratif d’exception. L’appareil législatif et les actes réglementaires qui instruisent le droit des étrangers, forment un monde à part où les réfugiés ne sont « protégés » que par une administration et non par la Constitution. L’article 1 de la Constitution de 1958 dit « La France (…) assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine et de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances (…) ». Mais la citoyenneté, n’est reconnue qu’aux nationaux, ce que signifie l’article 3 « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses rep