Pour un ministère de l’enfance
Pourquoi faut-il créer un ministère de l’enfance ? Tout simplement pour que l’enfance en tant que telle soit explicitement identifiée par l’État comme enjeu de politique publique nationale. Il est temps de sortir des approches ponctuelles et verticales (l’enfance violentée, l’enfance pauvre, l’enfance délinquante, l’enfance issue de l’immigration, etc.), mais de se préoccuper du sort fait à tous les enfants de France, c’est-à-dire aux 14 à 15 millions de personnes de moins de 18 ans.
Plus préoccupant encore, les enfants sont présentés – les exemples ne manquent pas – comme sources de tous les dangers, de tous les ennuis quand ils devraient être vécus comme une richesse, un plaisir, comme une source de joie et de vitalité.
On ne peut plus se contenter d’affirmer que l’enfant est l’avenir de l’homme comme on le disait jadis de la femme. Ces enfants sont ici et maintenant, présents dans cette société. Comment les prend-t-on en compte ? Comment identifie-t-on leurs besoins ? Et déjà leurs droits ?
L’enfance délinquante, l’enfance en danger, l’enfance vivant sous le seuil de pauvreté, l’enfance en situation de handicap sont des réalités que l’on ne doit pas nier : 3 millions d’enfants pauvres, beaucoup d’enfants privés de la protection familiale qui leur est due, dont 140 000 chaque année sont accueillis par l’Aide sociale à l‘enfance. De 15 à 20 000 enfants porteurs d’handicap ne sont pas scolarisés. 65 000 poursuivis pour délits pour quelques 200 000 mis en cause par les services de police. Et ne parlons pas des 45 000 jeunes personnes venues de l’étranger qui aujourd’hui se présentent comme des mineurs non accompagnés dont 17 000 ont été reconnus comme tels et sont accueillis parfois sur la longue durée. Ajoutons la situation particulièrement délicate des Outre-Mer qu’on oublie, quitte à être réveillés par des explosions sociales.
Ces situations sont les résultantes de stratégies ou de mouvements plus larges qu’il nous faut maitriser avec le souci d’une politique glob