Dévendeurs et dépolitiques
Il faut féliciter Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique ! Il tient bon (pour combien de temps ?) à propos de la campagne de communication que l’Agence de la transition écologique (ADEME) a lancée pour inciter les « acheteurs » à plus de sobriété. Les spots diffusés ne seront pas retirés. L’argumentaire du ministre est impeccable, à ce détail près qu’il reconnaît tout de même que les plateformes de vente en ligne auraient dû être ciblées prioritairement.

Ce qui est frappant est que ce ministre de la Transition écologique ait encore besoin, en 2023, de justifier une telle campagne. Et ce qui est consternant est qu’il soit encore obligé de défendre une communication sur la sobriété (on ne parle même pas encore de politique) face aux réactions du ministre de l’Économie et des finances et, semble-t-il, du président de la République lui-même. À la faveur de ce nouvel épisode de crispation, on ne découvre pas que la politique de transition écologique suscite des oppositions politiques et sociales. Cela, on le sait bien et, à la limite, on peut le comprendre. On constate en revanche de nouveau que les responsables politiques les plus hauts placés, qui sont censés être garants d’une politique de transition écologique et qui la soutiennent par des lois, par des programmations officielles, par une prétendue planification ambitieuse, ne semblent toujours pas avoir compris ce que dit leur propre politique.
La moindre campagne de communication sur la sobriété les fait trébucher. On appuie sur le bouton « commerce » ou sur le bouton « achat » et c’est comme si, subitement, l’épuisement des ressources naturelles perdait toute réalité par rapport au primat de l’économie. C’est comme si le dérèglement climatique pouvait subitement redevenir une simple affaire d’opinion sitôt que des commerçants perçoivent à tort dans la campagne de l’ADEME une stigmatisation de leur activité. On peut imaginer que la réaction de Bruno Le Maire visait précisément à calmer