La greffe de tête n’aura pas lieu

Force est de constater que, fin 2017, la greffe de tête annoncée n’a pas eu lieu. C’est-à-dire que la tête du russe Valery Spiridonov n’a pas été transportée sur le corps d’un donneur en mort encéphalique, comme planifié sur le calendrier établi en 2015 par Sergio Canavero. Le déplacement de la tête d’un cadavre sur un autre, présenté comme une « première », ne peut tenir lieu de succédané : aucun des obstacles scientifiques majeurs au projet n’ayant, en l’espèce, été surmonté.
De plus, la provenance des cadavres « frais » ayant consenti à la procédure n’est pas détaillée. Or, l’intervention s’est déroulée en Chine, un pays qui pratique la peine capitale à grande échelle… Plus fondamentalement, les raisons pour lesquelles la greffe de tête n’a pas eu lieu ne manquent pas, mais la plus immédiatement évidente est linguistique : ce n’est pas une greffe de tête dont il s’agit, mais d’une greffe de corps, le receveur étant celui à qui appartient la tête, et le donneur, qu’on prive de l’ensemble de ses organes désormais inutiles puisqu’il est considéré comme décédé (le décès étant signé par la mort encéphalique), celui qui fournit le corps. Ce n’est pas une tête que l’on transporte sur un corps, mais un corps qui est placé sous une tête, nuance.
Il faut reconnaître que dans un pays où l’on coupait la tête au roi, puis aux criminels, le projet d’une « greffe de tête », frappe davantage les esprits, mobilise davantage les mythes et les fantasmes, et est promis au succès médiatique. Ses promoteurs, Sergio Canavero, rejoint par un neurochirurgien chinois spécialiste des greffes, le Pr. Xiaoping Ren, assument une stratégie délibérément médiatique : ils jugent que suivre le chemin habituel de l’évaluation par les pairs et la publication dans les revues scientifiques aurait constitué un frein au développement de leur projet (« the only way to accelerate the process after decades of preparation was to go straight to society and bring the debate there… [the project] would have be