Afrique : des mobilisations citoyennes aux mobilisations néopanafricaines ?
« Y’en a marre », « Balai citoyen », « Lucha », « Filimbi » : autant de collectifs ayant incarné le renouvellement de l’activisme civique en Afrique, dans le sillage des Printemps arabes. Faut-il le rappeler, ces quatre mouvements ont, chacun à leur manière, joué un rôle crucial dans les mobilisations populaires qui, au Sénégal (2011), au Burkina (2014), en RdC (2015-2018), ont empêché leurs présidents respectifs de s’éterniser au pouvoir.

Au-delà du respect des constitutions, ces « mouvements citoyens » militaient (et militent toujours) pour une démocratisation substantive des institutions politiques de leurs pays, qui sont formellement démocratiques mais dévoyées par des autorités corrompues et autoritaires. Leur idée maîtresse est qu’une mobilisation citoyenne éclairée peut faire reculer le clientélisme et forcer les détenteurs du pouvoir à gérer l’État dans le sens de la bonne gouvernance et de l’intérêt de la population.
Ces mouvements ont suscité de l’enthousiasme et des émules dans et en dehors de leurs pays. Dans la foulée de leurs principales victoires, ils ont fait face au défi organisationnel de leur structuration à l’échelle nationale, de leur inscription dans la durée comme « sentinelles de la démocratie », du renouvellement de leurs cadres. Leur rayonnement leur a permis de signer des partenariats avec des organismes internationaux pour mener des activités de sensibilisation à l’échelon local. Bref, leur registre d’action s’est routinisé et rapproché de celui des ONG classiques. Pour toute organisation de mouvement social, l’institutionnalisation engendre le risque d’une moindre capacité de mobilisation des dominés.[1] Ce risque s’est partiellement réalisé dans le cas de ces mouvements citoyens.
Croissance des mobilisations néopanafricaines
Le déclin relatif de l’activisme citoyen coïncide avec l’essor des mobilisations populaires contre l’influence française dans les pays d’Afrique francophone. La dénonciation de l’emprise économique, des ba