Penser les limites pour éviter les catastrophes
Notre modernité est habitée par l’espérance d’un progrès continu de la vie humaine. Au regard de la situation écologique de nos sociétés, il convient de questionner les relations existant entre cette espérance et les changements brutaux en cours, dérèglement climatique, effondrement de la biodiversité. Toute volonté d’amélioration se heurte à des limites, dont il convient de savoir si elles sont naturelles ou non, si leur dépassement est souhaitable ou non. Les fantasmes dominent largement sur ce plan et il est difficile de renoncer aux espérances qui nous ont si longtemps accompagnés. Le transhumanisme nous fait-il entrevoir une autre condition désirable ou est-il l’ultime rejeton du totalitarisme ? Faut-il apprendre à accepter les limites ou l’humanité doit-elle viser plus haut ?

Nous sommes face à une situation désormais catastrophique sur le plan écologique. Plus rien ne permet de l’atténuer, encore moins de la nier. Le réchauffement climatique produit d’ores et déjà ses effets. Ce qui paraissait, il y a encore seulement quelques années, des prévisions extrémistes ou fantaisistes, est aujourd’hui confirmé, non seulement par l’actualité, mais par toutes les études scientifiques. Le 6e rapport du GIEC publié en 2022 confirme toutes les tendances antérieures. Le climat se réchauffe et les mesures prises ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. Les événements exceptionnels sont déjà sous nos yeux, tout au long de l’année.
Nos modes de production et de consommation ne sont pas en adéquation avec cette réalité. Le bilan n’est pas particulièrement difficile à faire. Nous savons que nous produisons et consommons d’une manière qui n’est pas écologique, puisqu’il est difficile de se passer de certaines ressources que nous utilisons en masse aujourd’hui alors qu’elles manqueront à l’avenir, et parce que leur extraction et leur utilisation produisent le réchauffement du climat.
Aucun changement en profondeur n’est pourtant à l’ordre du jour. Pas simplement parce que n