La bombe Anthropocène
Depuis plus de 15 ans, l’Union Internationale des Sciences Géologiques discute de l’entrée dans « L’Anthropocène », une nouvelle époque géologique prenant acte de l’impact irrémédiable de l’humain sur la planète. Un premier vote crucial devait permettre cet hiver de porter la question au vote final au Congrès International de Géologie de Busan en Corée du Sud en août prochain.

Coup de théâtre, le premier vote rejette d’emblée la proposition. La procédure de vote est contestée mais l’omnipotence de l’Union Internationale et ses vieux statuts obsolètes semblent fermer définitivement la porte à toute nouvelle discussion, forçant le président de la commission à démissionner. Que faut-il comprendre ?
Voulant faire directement écho au débat en cours, l’exposition “More-Than-Planet: Vision for A Life in a New Geological Epoch?” à l’espace Awareness in Art à Zurich en Suisse propose une série d’événements qui offrent un cadre de discussion tout au long du printemps pour permettre aux artistes, scientifiques, chercheurs en sciences humaines, activistes de l’environnement et citoyens d’échanger sur les implications de ce vote.
Pour ceux qui n’auraient pas vu la Une du New York Times du mercredi 6 mars 2024, elle résume assez bien l’affaire. En pleine page, une grande photo de Donald Trump hilare, célébrant le Super Tuesday entouré de ses proches, à Mar-a-Lago, sa résidence de Palm Beach. Juste en dessous, un article, sans aucun rapport avec la photo, titre « Geologists Says It’s Not Time to Declare a Human-Created Epoch », soit : « Les géologues affirment que ce n’est pas le moment de déclarer une époque créée par les humains. » À elle seule, cette Une du journal américain fondé en 1851, démontre à quel point le rejet de l’époque Anthropocène sert, même indirectement, les intérêts conservateurs anti-environnementalistes.
L’article du New York Times, publié la veille sur son site Internet, relate laconiquement qu’un « comité d’environ deux douzaines d’universitaires