Écologie

Une science des pollutions au service des territoires : les instituts écocitoyens

Sociologue

Comment « faire sens en commun » des phénomènes de pollution si les expériences ordinaires sont systématiquement niées au profit de données générées par un nombre réduit de capteurs dont les angles morts ne sont jamais explicités ? En multipliant les instituts écocitoyens, organisations scientifiques et citoyennes d’un nouveau genre, à l’instar de celui né à Fos-sur-Mer.

Régulièrement, à l’occasion d’accidents industriels, tels les incendies de Lubrizol à Rouen, en 2019, ou celui de la SNAM à Viviez, début 2024, les autorités prennent la parole pour rassurer les riverains. Elles le font, bien souvent, sur la base d’estimations, avant d’avoir mené toutes les investigations nécessaires sur la toxicité des fumées et des effluents.

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Des recommandations de confinement ou des restrictions d’usages peuvent être formulées, mais les discours se veulent généralement apaisants. L’objectif est de préserver l’ordre social – avant d’en savoir plus.

Lors des enquêtes sociologiques menées dans le golfe de Fos, en préparation du livre Habiter la pollution industrielle : expériences et métrologies citoyennes de la contamination [1], nous avons été confrontés à ces discours rassurants dans des situations de moindre intensité. Le 18 mai 2015, après un entretien à Port-Saint-Louis du Rhône, nous arpentions le littoral à la rencontre de pêcheurs et avons remarqué d’épaisses fumées noires qui s’échappaient des cheminées de Naphatachimie Lavéra. Il s’agissait d’un épisode de « torche », une opération préventive qui consiste à brûler des gaz pour faire baisser la pression des installations industrielles concernées, dans des phases d’arrêt, de redémarrage ou bien en cas de défaillance technique. Ce jour-là, la radio relaya un message de la préfecture indiquant que les niveaux de dioxyde de soufre n’avaient pas augmenté. Les industriels et les autorités comptaient sur le Mistral pour disperser la plus grande partie des polluants au large.

Comme ces torches se reproduisent régulièrement, nous avons commencé à les compter. Nous avons relevé, chaque fois, les déclarations des autorités qui, relayées par la presse, minimisent les pollutions et, dans le même temps, les perceptions des riverains. La citation suivante, relative à un autre épisode de torche survenu à l’Étang de Berre en 2020, a plus particulièrement retenu notre attention : « contrairement aux idées reçues et malgré les vives émotions, les fumées très noires n’ont pas créé de pollution » [2]. On peut déduire de ce message que les phénomènes observés étaient insignifiants, quoi que puissent avoir vu ou ressenti les riverains.

Ces phénomènes peuvent donc être classés dans la catégorie des « accidents normaux », c’est-à-dire des accidents récurrents, inhérents aux systèmes technologiques complexes, selon les termes du sociologue Charles Perrow[3]. Toutefois, leur normalité ne tient pas seulement à leur répétition. Selon nous, elle résulte aussi des efforts conjoints des industriels et des autorités pour réaffirmer leur maîtrise et les banaliser. La décision du tribunal d’Aix-en-Provence du 7 avril 2022, concernant la plainte d’un collectif de riverains fosséens inquiets pour leur santé, ne dit pas autre chose.

Le juge a considéré que les fumées étaient « prévisibles », résultaient de « choix de société effectués depuis plusieurs décennies » et n’avaient « pas un caractère disproportionné ». La conséquence de cette déconnexion entre les expériences des riverains, et la manière dont sont qualifiés les phénomènes qui les indisposent, est une méfiance croissante – voire la colère et le refus en bloc de toutes les informations environnementales et sanitaires officielles. Rares sont en effet les riverains des sites industriels qui accordent encore du crédit aux données métrologiques fournies par les autorités et les associations agréées pour la surveillance de la qualité de l’air – quelle que soit leur qualité d’ailleurs. Dans le territoire de Fos – l’Étang de Berre, leur confiance va plutôt à l’Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions, créé à leur demande en 2011.

De quoi s’agit-il ? Il faut se replonger dans l’histoire de ce territoire pour comprendre le succès de cette association atypique. Dans les années 2000, la mobilisation des Fosséens et des Port-Saint-Louisiens n’a pas empêché l’installation d’un incinérateur d’ordures ménagères au bénéfice de la Métropole de Marseille dans la zone industrialo-portuaire de Fos, à proximité des habitations. Le Collectif anti-incinération[4] qu’ils ont formé, a tenté d’obtenir des données sanitaires en occupant la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales (DRASS – aujourd’hui Agence régionale de santé ou ARS), en vain. Chassés par les force de l’ordre, les activistes ont fait le constat que les connaissances sur les effets cumulés des pollutions étaient lacunaires. La surveillance de la zone industrialo-portuaire de Fos elle-même, l’une des plus importantes d’Europe, était insuffisante. Les pollutions étaient-elles plus importantes qu’ailleurs – si oui avec quel surcroît de risques ? Personne au sein des services de l’État n’était capable de leur dire si les maladies chroniques observées dans leur voisinage étaient imputables aux usines pétrochimiques, sidérurgiques… Élus et riverains ont alors décidé qu’ils devaient produire leurs propres données pour étayer leurs revendications – de manière à exercer un contrôle démocratique sur les activités industrielles concernées. Les premiers ont demandé au BRGM de réaliser un diagnostic territorial[5]. Tandis que les seconds ont commandé une étude sur la dispersion éolienne des pollutions atmosphériques à un scientifique ami[6].

Ces recherches ont préparé le lancement d’une organisation scientifique et citoyenne d’un nouveau genre, l’Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions de Fos, premier d’une série qui est appelée à s’étendre au gré des « accidents normaux » et des catastrophes chroniques qui provoquent des situations de « violence lente »[7], quand les riverains sont confrontés à des pollutions qu’ils ressentent jusque dans leurs corps – tandis que les autorités s’accordent pour les minimiser. Il ne s’agit pas ici pour nous de prendre le contre-pied des données métrologiques, pour dire que les perceptions riveraines sont des sources d’information plus fiables que les tests toxicologiques, mais de nous étonner de la déconnexion totale entre mesures et vécus des principaux témoins. C’est une situation intenable. La pertinence du travail de quantification comme l’efficacité de la gestion des risques sont en péril.

Comment « faire sens en commun » des phénomènes de pollution si les expériences ordinaires sont à ce point niées au profit de données générées par un nombre nécessairement réduit de capteurs dont les angles morts ne sont jamais explicités ? Comme l’exprimait Isabelle Stengers : « le sens commun tel qu’on le conçoit aujourd’hui est un sens commun défait (au sens de détruit) par le triomphe des sciences et techniques modernes d’État »[8]. La quantification a en effet tendance à disqualifier les témoignages et les savoirs vernaculaires, autrement dit toute autre perspective que la sienne, considérée a priori moins puissante. Le corollaire, c’est que « sans le sens commun, ceux qui savent deviennent bêtes » par excès d’abstraction, selon la philosophe.

Pour faire face à cet écueil qui se renforce avec le développement technologique, il n’y a pas d’autre solution : il est urgent de réactiver le sens commun pour qu’il joue pleinement son rôle, en obligeant les professionnels à se situer – notamment au regard de la crise écologique actuelle. C’est là que les sciences humaines et sociales peuvent s’avérer très utiles, pour accompagner l’expression, la mise en récit et l’analyse des témoignages riverains.

L’implication des riverains a permis de générer de nouvelles connaissances.

Les premiers scientifiques salariés par l’Institut écocitoyen de Fos n’étaient pas forcément au fait de ces enjeux épistémologiques et politiques, mais ils se sont donné pour tâche de produire une science des pollutions territorialisée qui répondrait aux questions des riverains de la zone-industrialo-portuaire – écartées jusque-là par les autorités. En quelques années l’association, soutenue par les élus locaux, a lancé plusieurs études sur l’air et l’eau, mais aussi la santé humaine. Elle a pu compter sur des activistes du Collectif anti-incinération et un réseau de volontaires qui l’ont aidée à développer des actions de recherche participative. Celles-ci ont débouché sur les premières cartes globales des pollutions – alors que les émissions sont généralement suivies individuellement, milieu par milieu, par les industriels, les organismes agréés et les services de l’État. Elle s’est également donné pour but d’aller échantillonner directement dans les panaches des fumées pour en connaître le contenu – sans s’arrêter aux seuils définis par les normes qui, à bien des égards, sont discutables.

Ses résultats, validés par des universitaires, ont induit ou accompagné des améliorations. Nous pensons, par exemple, à la fin de la dérogation octroyée par l’administration à une usine qui rejetait du mercure dans le golfe de Fos. La publication de données inédites sur des points chauds de pollution, corrélées à des témoignages d’anciens ouvriers, l’a très certainement hâtée – alors qu’elle était programmée depuis plusieurs années et retardée. De même, la découverte des quantités notables de sous-produits de chloration dans l’eau de mer, substances non suivies règlementairement dans l’environnement, ont incité les industriels à réduire leurs rejets. Au-delà de ces bénéfices, d’autres avancées ont été obtenues grâce à l’Institut écocitoyen. La culture scientifique locale s’est développée. Les protocoles scientifiques ont été adaptés aux problèmes spécifiques du territoire Fos – Étang de Berre. L’implication des riverains n’a pas seulement permis d’agrandir les jeux de données, mais elle a aussi généré de nouvelles connaissances, différentes, via la prise en compte des savoirs vernaculaires et des expériences sensibles. Ces transformations touchent jusqu’au choix des organismes sentinelles pour les suivis environnementaux.

Le travail collaboratif a enfin permis de rétablir la confiance pour « faire sens en commun » d’une situation qui, préalablement, pouvait être corrosive[9]. Cela confère aux savoirs produits, non plus seulement un caractère « territorialisé » (déterminé par des considérations territoriales sans objectif immédiat d’abstraction et de généralisation), mais bien « situé » au sens où ils tiennent compte de perspectives minoritaires plurielles, profitent des objections qui pourraient leur être faites pour s’affûter et gagner en robustesse[10]. L’Institut écocitoyen opère ainsi ce que des géographes ont nommé une redistribution de l’expertise[11] via des apprentissages mutuels. Les scientifiques acceptent de suspendre, un temps, leur jugement pour se mettre à l’écoute des riverains et tâtonner avec eux pour redéfinir les problèmes qui les concernent et les moyens de le documenter.

L’innovation scientifique et sociale que représente cet Institut écocitoyen n’est pas passée inaperçue. Elle a résonné dans d’autres territoires, par exemple, Rouen après l’accident de Lubrizol – à un moment où les riverains ont compris que les informations qui leur étaient fournies ne correspondaient pas à ce qu’ils vivaient. Si les velléités d’organisation n’y ont pas abouti, d’autres territoires se sont portés candidats. Ou plutôt, d’autres riverains, se sont rassemblés pour dire qu’ils avaient, eux aussi, besoin d’un tiers-lieu où pratiquer la co-recherche sur les pollutions. Je pense aux Audois dont le département est borné, au Sud par le site Orano Malvési qui purifie l’uranium des centrales nucléaires françaises et, au Nord, par les résidus des activités minières de l’Orbiel qui n’en finissent pas de se répandre. Il faut aussi citer des associations de la vallée de l’Arve au pied du Mont Blanc qui dénoncent, depuis de nombreuses années, les effets cumulés du trafic poids-lourd et d’un chapelet d’usines de décolletage métallurgique. Ici, ce n’est pas tant le caractère dangereux des activités industrielles qui est mis en cause que leur localisation. Les montagnes et l’absence de vent en hiver piègent les fumées, générant un smog épais stationnaire.

Dans l’un et l’autre site, ce sont d’abord des femmes qui se sont mobilisées : une scientifique, une journaliste, une élue et des mères de famille interpellées par le nombre croissant des pathologies infantiles repérées dans leur entourage. Cette situation n’est pas sans rappeler l’engagement de Loïs Gibb à l’origine des mouvements pour la justice environnementale aux États-Unis, dans les années 1970[12]. La mise en relation de phénomènes hétérogènes, des signaux faibles impossibles à repérer par les systèmes experts, ont peu à peu constitué un faisceau d’indices[13]. Le silence des autorités ne leur a pas laissé d’autre choix que de mener l’enquête elles-mêmes avant d’en déduire que seule une organisation nouvelle, réunissant scientifiques et citoyens, pourrait se porter à la hauteur des enjeux.

Dans l’Aude comme dans le pays du Mont Blanc, des contacts ont rapidement été pris pour créer un organisme qui ne soit pas accaparé par les professionnels[14], mais bien aux mains et au service des riverains, placés en situation de promouvoir les recherches qui comptent pour eux. Les formes données à ces instituts écocitoyens varient, parce que les financements et les soutiens des élus locaux ne sont pas les mêmes. À Fos-sur-Mer et Saint-Gervais, les communes ont mis la main à la poche. Ailleurs, les moyens ou la motivation des élus locaux sont moindres – d’autres pistes de financement sont envisagées au niveau des départements, des régions ou des fondations.

Les instituts cherchent à dépasser les conflits locaux pour imaginer d’autres façons de faire.

Ce que l’on peut toutefois noter, c’est que le travail entamé vise à définir des règles et des procédures qui garantissent l’équilibre des forces en présence, l’éthique et la déontologie pour éviter les conflits d’intérêt. Il s’agit de rendre à nouveau possible le dialogue où prévalaient des oppositions de principe invalidantes. Il est encore trop tôt pour dire ce que ces associations deviendront, mais force est de constater qu’elles testent d’autres modes de relation entre citoyens, scientifiques, services de l’État et industriels qui tranchent avec la manière dont s’exerce habituellement la surveillance règlementaire, la recherche mais aussi l’activisme. L’idée n’est évidemment pas d’améliorer la réception des discours professionnels ni même de déléguer la collecte des données à des riverains serviables, comme dans certaines expériences de sciences participatives, mais bien de favoriser l’éclosion des controverses pour les mettre à profit en tant qu’exercices collectifs de problématisation, d’apprentissage et de décision partagée[15]. Cette démarche suppose un basculement épistémologique inédit puisque les professionnels ne sont pas en position d’autorité exclusive – en surplomb, par rapport aux riverains. Ils sont reconnectés aux autres parties prenantes, rendus responsables et redevables. Les relations nouvelles qui les attachent, à l’encontre de tous les idéaux d’objectivité anciens qui cachaient la reproduction des intérêts majoritaires, génèrent une autre objectivité, enrichie par des perspectives plurielles.

Cet article ne peut cependant se conclure sans évoquer le positionnement ambivalent des autorités vis-à-vis des instituts écocitoyens. Les résultats de l’association fosséenne ont fait l’objet de publications scientifiques dans des journaux internationaux, démontrant si besoin l’était, toute leur validité. Ils restent toutefois assez peu appropriés par les services de l’État pour questionner leurs propres pratiques de surveillance et de contrôle – si ce n’est quelques agents curieux qui s’y intéressent. La Direction régionale de l’environnement, l’alimentation et le logement (DREAL) et l’ARS, placées sous l’autorité du préfet, se retranchent derrière les normes qu’elles appliquent avec les moyens qui leur restent après plusieurs décennies de coupes budgétaires. Elles se limitent au contrôle règlementaire, parfois jusqu’à la caricature comme nous l’avons observer à l’occasion d’une interview avec un ingénieur public à Marseille.

Les nouvelles connaissances sont reçues avec circonspection, parce que rien n’a été prévu pour entendre les propositions riveraines. Nous sommes dans une situation comparable à celle de la Zone à défendre de Notre-Dame des Landes, analysée par Bruno Latour[16]. L’État, démuni face à l’urgence climatique ou la prolifération des substances chimiques, aurait tout à apprendre de ceux qui expérimentent d’autres façons de vivre ou de faire de la science, mais il leur envoie ses blindés ou les ignore[17]. Latour cite pourtant l’essayiste Walter Lippmann qui expliquait que : « les problèmes les plus difficiles sont ceux que les institutions ne sont pas capables de traiter. Ce sont là les problèmes du public »[18]. Les pollutions n’y font pas exception. Elles sont à la fois invisibles et tangibles quand elles s’accumulent. Leurs effets peuvent être directs, indirects ou bien décalés dans le temps. Certaines agissent à partir d’un certain seuil et d’autres selon des modes que nous ne connaissons pas encore. Elles échappent à nos efforts de régulation. La preuve en est que plus de cinquante ans après la création des premiers ministères de l’environnement dans les pays occidentaux, et malgré pléthore de lois nationales et supranationales, elles continuent à proliférer[19].

Comment dès lors penser que les professionnels, seuls, pourront y changer quelque chose ? Il est grand temps d’admettre que la manière dont nous avons séparé la production des savoirs scientifiques et techniques des autres domaines de l’expérience, conduit à une aporie. Il faut, sans attendre, modifier nos pratiques en commençant par retisser des liens entre spécialistes de la métrologie environnementale et citoyens.

Les instituts écocitoyens qui se profilent en France, mais aussi en Espagne (Collectif Por un Mar Menor vivo), au Portugal (initiative scientifique et artistique à Estarreja pour décloisonner un observatoire centré sur les retombées d’une plate-forme pétrochimique) ou encore au Sénégal (Observatoire transdisciplinaire des changements environnementaux et sociaux de Sébikotane aux abord d’un complexe métallurgique) montrent l’exemple. Ils cherchent à dépasser les conflits locaux qui conduisent à des situations de rupture du dialogue pour imaginer d’autres façons de faire – les éléments empiriques que nous avons rassemblés l’attestent. Des scientifiques, dont nous sommes, les ont rejoints à la fois parce que la co-recherche constitue un nouveau front de science, susceptible de générer des connaissances inédites sur les pollutions, mais aussi par souci démocratique – parce que nous devons rendre des comptes à propos des travaux que nous menons. Reste à convaincre les autorités et les industriels qu’ils ont, eux aussi, tout intérêt à se prêter à cette expérimentation, s’ils ne veulent pas rendre nos environnements définitivement inhabitables.

NDLR : Christelle Gramaglia a récemment publié Habiter la pollution industrielle aux Presses des mines


[1] Cet ouvrage synthétise les recherches de Christelle Gramaglia dans le golfe de Fos, mais également dans d’autres sites industriels (Salindres, Viviez, Carthagène et Estarreja). Il a été préfacé par Florian Charvolin, sociologue au CNRS, et postfacé par Philippe Chamaret, directeur de l’Institut écocitoyen de Fos.

[2] Laurence Durandeau, « Berre : un épisode de torche sans pollution atmosphérique », Maritima Médias, 8 septembre 2020.

[3] Charles Perrow, Normal accidents: Living with high risk technologies, Princeton University Press, 2011.

[4] Le Collectif anti-incinération a été formé par la réunion de deux associations locales : l’Association pour la sauvegarde et la défense du littoral du golfe de Fos (ADPLGF) et du Collectif citoyen santé-environnement (CCSE) de Port-Saint-Louis du Rhône – et leurs soutiens écologistes régionaux. Pour une histoire complète des mobilisations, se référer à l’excellente thèse de géographie de Clara Osadtchy.

[5] Il s’agit de l’étude AIGRETTE qui visait à établir un point zéro avant le démarrage de l’incinérateur pour mieux pouvoir évaluer ses conséquences environnementales et sanitaires futures.

[6] L’étude s’appelle EXPERPOL et a été réalisée par un scientifique engagé, Etienne Hannecart pour le CCSE (document transmis par Gérard Casanova, activiste).

[7] Rob Nixon, Slow Violence and the Environmentalism of the Poor, Harvard University Press, 2011.

[8] Isabelle Stengers, Réactiver le sens commun. Lecture de Whitehead en temps de débâcle, Les empêcheurs de penser en rond & La Découverte, 2020.

[9] William R. Freudenburg, « Contamination, Corrosion and the Social Order: An Overview », Current Sociology, 45(3): 19-39, 1997.

[10] Donna Haraway, « Situated Knowledges. The Science Question in Feminism and the Privilege of Partial Perspective », The Science Studies Reader, 1999 ; Christelle Gramaglia, François Mélard, « Participation citoyenne et production de savoirs situés sur les pollutions. Retour sur deux expérimentations de biomonitoring de l’Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions de Fos France », Revue d’anthropologie des connaissances, 16(16-4), 2022.

[11] Catharina Landström, Sarah J. Whatmore, « Flood Apprentices: An Exercise in Making Things Public », Economy and Society 40 (4): 582–610, 2011.

[12] Richard S. Newman, Love Canal: A Toxic History from Colonial Times to the Present, Oxford University Press, 2016.

[13] Phil Brown, Toxic exposure: contested illnesses and the environmental movement, Columbia University Press, 2007.

[14] C’est le risque avec des initiatives comme les observatoires ou laboratoires ouverts qui restent pilotés par des scientifiques alors que la transdisciplinarité nécessiterait qu’ils renoncent à exercer un ascendant.

[15] Yannick Barthe, Michel Callon, Pierre Lascoumes, « La démocratie dialogique casse-t-elle des briques ? », Cosmopolitiques, (3): 108-109, 2003 ; Brice Laurent, « Political experiments that matter: Ordering democracy from experimental sites », Social studies of science, 46(5): 773-794, 2016.

[16] Je fais référence à l’article « Où la ZAD donne à l’État une bonne leçon », publié dans l’ouvrage Éloge des mauvaises herbes. Ce que nous devons à la ZAD, dirigé par Jade Lindgaard, Les Liens qui libèrent, 2018.

[17] Le paroxysme a été atteint à Saint-Soline le 25 mars 2023 où des méthodes répressives issues de l’anti-terrorisme ont été déployées à l’encontre de manifestants opposés au stockage agro-industriel de l’eau – avant que le gouvernement ne cherche à interdire le mouvement Les soulèvements de la terre.

[18] Walter Lippmann, The Phantom Public, New Brunswick [Macmillan], 2002 [1927].

[19] Soraya Boudia, Nathalie Jas, Gouverner un monde contaminé. Les risques techniques, sanitaires et environnementaux, Quae, 2019.

Christelle Gramaglia

Sociologue, Directrice de recherche en sociologie à l’UMR G-EAU de l’INRAE de Montpellier

Notes

[1] Cet ouvrage synthétise les recherches de Christelle Gramaglia dans le golfe de Fos, mais également dans d’autres sites industriels (Salindres, Viviez, Carthagène et Estarreja). Il a été préfacé par Florian Charvolin, sociologue au CNRS, et postfacé par Philippe Chamaret, directeur de l’Institut écocitoyen de Fos.

[2] Laurence Durandeau, « Berre : un épisode de torche sans pollution atmosphérique », Maritima Médias, 8 septembre 2020.

[3] Charles Perrow, Normal accidents: Living with high risk technologies, Princeton University Press, 2011.

[4] Le Collectif anti-incinération a été formé par la réunion de deux associations locales : l’Association pour la sauvegarde et la défense du littoral du golfe de Fos (ADPLGF) et du Collectif citoyen santé-environnement (CCSE) de Port-Saint-Louis du Rhône – et leurs soutiens écologistes régionaux. Pour une histoire complète des mobilisations, se référer à l’excellente thèse de géographie de Clara Osadtchy.

[5] Il s’agit de l’étude AIGRETTE qui visait à établir un point zéro avant le démarrage de l’incinérateur pour mieux pouvoir évaluer ses conséquences environnementales et sanitaires futures.

[6] L’étude s’appelle EXPERPOL et a été réalisée par un scientifique engagé, Etienne Hannecart pour le CCSE (document transmis par Gérard Casanova, activiste).

[7] Rob Nixon, Slow Violence and the Environmentalism of the Poor, Harvard University Press, 2011.

[8] Isabelle Stengers, Réactiver le sens commun. Lecture de Whitehead en temps de débâcle, Les empêcheurs de penser en rond & La Découverte, 2020.

[9] William R. Freudenburg, « Contamination, Corrosion and the Social Order: An Overview », Current Sociology, 45(3): 19-39, 1997.

[10] Donna Haraway, « Situated Knowledges. The Science Question in Feminism and the Privilege of Partial Perspective », The Science Studies Reader, 1999 ; Christelle Gramaglia, François Mélard, « Participation citoyenne et production de savoirs situés sur les pollutions. Retour sur deux expérimentations de biomonitoring de l’Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions de Fos France », Revue d’anthropologie des connaissances, 16(16-4), 2022.

[11] Catharina Landström, Sarah J. Whatmore, « Flood Apprentices: An Exercise in Making Things Public », Economy and Society 40 (4): 582–610, 2011.

[12] Richard S. Newman, Love Canal: A Toxic History from Colonial Times to the Present, Oxford University Press, 2016.

[13] Phil Brown, Toxic exposure: contested illnesses and the environmental movement, Columbia University Press, 2007.

[14] C’est le risque avec des initiatives comme les observatoires ou laboratoires ouverts qui restent pilotés par des scientifiques alors que la transdisciplinarité nécessiterait qu’ils renoncent à exercer un ascendant.

[15] Yannick Barthe, Michel Callon, Pierre Lascoumes, « La démocratie dialogique casse-t-elle des briques ? », Cosmopolitiques, (3): 108-109, 2003 ; Brice Laurent, « Political experiments that matter: Ordering democracy from experimental sites », Social studies of science, 46(5): 773-794, 2016.

[16] Je fais référence à l’article « Où la ZAD donne à l’État une bonne leçon », publié dans l’ouvrage Éloge des mauvaises herbes. Ce que nous devons à la ZAD, dirigé par Jade Lindgaard, Les Liens qui libèrent, 2018.

[17] Le paroxysme a été atteint à Saint-Soline le 25 mars 2023 où des méthodes répressives issues de l’anti-terrorisme ont été déployées à l’encontre de manifestants opposés au stockage agro-industriel de l’eau – avant que le gouvernement ne cherche à interdire le mouvement Les soulèvements de la terre.

[18] Walter Lippmann, The Phantom Public, New Brunswick [Macmillan], 2002 [1927].

[19] Soraya Boudia, Nathalie Jas, Gouverner un monde contaminé. Les risques techniques, sanitaires et environnementaux, Quae, 2019.