Sur la grande accélération
Un évènement considérable s’est produit au XXe siècle, qui pourtant jouit d’une bibliographie bien inférieure à d’autres jugés traumatisant. Cet évènement est dénommé grande accélération. Cette expression dispose d’une solide unanimité tant est fulgurante son évidence. Elle se voit sur des graphiques traitant de l’évolution en quantité de certains paramètres. À partir des années 1950, la ligne ainsi tracée s’élève par le haut. Et 1980 marque une accélération encore plus subite.

Ces différentes courbes sont dites exponentielles. Une métaphore poétique relaterait leur extension vers le ciel. Et elle serait assez juste du point de vue des sciences du climat. L’atmosphère change de composition, et le taux de dioxyde de carbone produit son effet par son augmentation. Le ciel est concerné. La langue du poète fourcherait : le ciel est consterné.
Cette dizaine de graphiques est la nouvelle image de l’humanité. En 1950, les philosophes étaient terrassés par l’image des chambres à gaz, et par celle du champignon atomique d’Hiroshima. Elles incarnaient les deux nouvelles images par lesquelles il fallait impérativement construire de la pensée inédite. Il s’était passé quelque chose qui concernait l’humanité en son entier. Deux évènements traumatiques avaient modifié l’image même de l’humain.
Un nouveau traumatisme les a remplacés. Ces graphiques représentent la nouvelle préoccupation. Ce qui nous terrasse. Ce que nous avons tant de difficultés à imaginer. Leur image suffit : la grande accélération !
La grande accélération est une transformation
Les humains deviennent nombreux. Ils consomment bien davantage de l’eau douce, des engrais, du papier, de l’énergie. Certaines de leurs inventions techniques sont devenues possessions de chacun, ou presque, les voitures, les téléphones. Et les déplacements ont pris le nom de tourisme.
Aux douze graphiques qui concernent le monde des humains, répondent en image douze graphiques correspondant à l’état de la planète. La concentrat