Littérature

En quête d’amitié – sur Casca la couronnée de Quentin Leclerc

Écrivaine, réalisatrice, scénariste

Nouveau roman de Quentin Leclerc, Casca la couronnée paraît avoir été construit par chronophotographie : il ressemble à une succession d’instantanés décomposant chronologiquement les phases d’un mouvement, d’une exploration et se présente comme une carte au trésor dans laquelle chaque phrase nous déplace.

Dans Casca la couronnée de Quentin Leclerc, chaque phrase semble dotée d’un étrange pouvoir. Celui de nous faire avancer, comme si nous appuyions nous-mêmes sur une touche, pris dans un mouvement continu et imprévisible. Avancer vers un mur perméable, une barre de snickers ou un tutoriel spécial « sortir d’une pièce inondée ». Vers le futur, le passé ou le présent, peu importe, on avance, on se laisse guider vers l’action suivante, le personnage suivant, le texte d’un forum, une tempête de neige ou une attaque mortelle avec la même surprise et le même plaisir.

publicité

Car si ce roman d’aventures se déroule dans un univers qui ressemble à s’y méprendre au nôtre – l’auteur excelle d’ailleurs à décrire avec un humour féroce le plus banal de nos environnements et de nos objets – c’est tout de même à quelques nuances près. Dans la réalité de Casca tout le monde a un aura (à condition de savoir le déclencher), les petites filles peuvent se téléporter et le nom des Pokémon, s’il est bien prononcé, crée des attaques meurtrières. Le monde s’ouvre à de nouvelles possibilités d’aventures, en dépit de toutes les lois de la physiques. Des aventures qui semblent toutes droit sorties des fictions grands publics, films, séries et jeux vidéo qui constituent nos mythologies contemporaines et sont au cœur de Casca la couronnée. Les fictions semblent alors s’échapper de leurs médiums pour offrir aux personnages de Casca de nouveaux dons. Le livre avance ainsi, affecté par des glitchs, ces failles de programmation qui créent des effets de distorsion parfois burlesques dans les jeux vidéo, entre réalité et fictions.

Quentin Leclerc ne s’encombre pas des seuils qui créeraient des frontières. Ainsi, même si les clins d’œil aux jeux vidéo et aux films sont constants, la porte d’entrée de ce roman d’aventures n’est logiquement pas un écran. C’est une plage. Le livre s’ouvre par cette phrase qui pourrait aussi être le début d’un mélodrame : « La plage de Portobello est grise à cause des nua


Lucie Rico

Écrivaine, réalisatrice, scénariste

Rayonnages

LivresLittérature