Politique

Quelques éléments pour interpréter les résultats des législatives 2024

Politiste

Ces élections législatives devraient venir confirmer le nouvel ordre électoral qui se met en place depuis 2019 et ajouter à la tripartition de l’arène électorale une tripolarisation de l’arène parlementaire. De ce point de vue, l’un des enjeux cruciaux du premier tour sera d’observer le nombre de circonscriptions dans lesquelles un candidat du Rassemblement national parvient à se qualifier, et de savoir quel sera son adversaire au second.

Les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet seront les dix-septièmes élections législatives sous la Cinquième République. À bien des égards, elles apparaissent comme un scrutin exceptionnel. La décision surprise de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République Emmanuel Macron au soir des élections européennes du 9 juin, la perspective d’une alternance gouvernementale à l’issue du second tour du scrutin, la formation de nouvelles coalitions électorales à gauche comme à droite du système partisan pendant la campagne, et le contexte politique particulièrement anxiogène invitent à réexaminer les modèles d’analyse des législatives en France.

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L’objectif ici n’est pas de prédire les résultats du scrutin à venir, les études électorales n’ont pas cette vocation. L’ambition est seulement d’identifier quelques clés pour saisir comment les transformations de la compétition politique depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir en 2017, les règles spécifiques d’organisation du scrutin et les dynamiques politiques provoquées par la dissolution peuvent peser sur les résultats des législatives.

De « vraies » élections législatives ?
Des élections législatives de plein exercice, mais dans une séquence

Depuis 2002, toutes les élections législatives ont été organisées dans la foulée d’un scrutin présidentiel, formant une séquence à quatre tours dans laquelle la présidentielle dictait la dynamique de l’ensemble. Les législatives portaient un enjeu de pouvoir national, mais cet enjeu pouvait se résumer à la question de donner ou pas une majorité au président de la République pour mettre en œuvre son programme. Les oppositions faisaient campagne, mais n’avaient pas réellement l’espoir de gagner et d’imposer une cohabitation au Président nouvellement élu ou réélu.

Comme les élections législatives de 1997, les dernières à ce jour à avoir eu lieu indépendamment de la présidentielle, les législatives de 2024 sont des élections de plei


[1] Gougou Florent, Labouret Simon (2013), « Revisiting Data on the 2012 French Legislative Elections: Political Supply, Party Competition and Territorial Divisions », French Politics, 11 (1), 73-97

[2] Martin Pierre (2000), Comprendre les évolutions électorales. La théorie des réalignements revisitée, Paris, Presses de Sciences Po

[3] Gougou Florent (2022), « La consolidation d’un nouvel ordre électoral ? Les élections de 2022 dans la perspective des réalignements », Revue française de science politique, 2022, 72 (6), 915-943

[4] Gougou Florent, Guerra Tristan, Persico Simon (2024), « Tripartition et tripolarisation : les contours du nouvel ordre électoral », in Vincent Tiberj et alii (dir.), Si éloignés, si fragmentés. Citoyens et partis après 2022, Paris, Presses Universitaires de France, 185-202

Florent Gougou

Politiste, Maître de conférences à Sciences Po Grenoble

Notes

[1] Gougou Florent, Labouret Simon (2013), « Revisiting Data on the 2012 French Legislative Elections: Political Supply, Party Competition and Territorial Divisions », French Politics, 11 (1), 73-97

[2] Martin Pierre (2000), Comprendre les évolutions électorales. La théorie des réalignements revisitée, Paris, Presses de Sciences Po

[3] Gougou Florent (2022), « La consolidation d’un nouvel ordre électoral ? Les élections de 2022 dans la perspective des réalignements », Revue française de science politique, 2022, 72 (6), 915-943

[4] Gougou Florent, Guerra Tristan, Persico Simon (2024), « Tripartition et tripolarisation : les contours du nouvel ordre électoral », in Vincent Tiberj et alii (dir.), Si éloignés, si fragmentés. Citoyens et partis après 2022, Paris, Presses Universitaires de France, 185-202