Le mondialisme n’est pas l’ennemi
Je ne suis pas sûr qu’un article pût changer quoi que ce soit dans le cadre de ces élections, et la victoire face au Rassemblement national reste toute relative. Ce texte s’adresse donc d’abord aux élu·e·s du Nouveau Front Populaire, à celles et ceux qui ne l’ont pas été mais qui continueront la lutte, aux militant·e·s de l’espoir.

Les réseaux sociaux ne sont qu’un miroir déformant de notre société, mais il n’est pas inutile de s’y promener, au risque, certes, de peut-être s’y perdre. Dans les discours de ressentiment qu’on peut y lire, une obsession revient : le mondialisme, la haine de la mondialisation, qui rime souvent avec délocalisation.
Des gens, ici et là, se sentent menacés par des forces extérieures, mondialistes, qui seraient la cause de leurs maux : le chômage, la perte du pouvoir d’achat, l’arrivée d’étrangers, des pratiques culturelles étrangères aux leurs, l’insécurité…Le mondialisme, selon les propres mots de Marine Le Pen, est « une idéologie, qui a pour trait principal de nier l’utilité des nations, leur adaptation au monde “postmoderne”, et qui vise à façonner un nouvel homme, sorte d’homo mondialisus, vivant hors sol, sans identité autre que celle du consommateur global, rebaptisé “citoyen du monde” pour masquer le caractère profondément mercantile de cet objectif ». Mais ce n’est pas complètement nouveau. Cela fait près de quarante ans que le mot occupe une place de choix dans le vocabulaire et dans l’imaginaire d’extrême-droite. On ne réalise pas le hold-up sémantique que cela constitue.
En 1975 encore, le mondialisme était un idéal « exprimant la solidarité des populations du globe et tendant à établir des lois et des institutions qui leur soient communes, dans le respect de la diversité des cultures et des peuples », selon le Comité permanent mondialiste créé cette même année sous la présidence du recteur de Paris, Robert Mallet. Le mondialisme, c’était le projet de « proposer de nouvelles organisations politiques de l’humanité impl