Réflexions sur la politique palestinienne
La différence entre la déclaration du Hamas le jour de l’attentat du 7 octobre et celle publiée à l’occasion du 100ème jour mérite d’être soulignée. La première s’adresse principalement aux Arabes et aux Palestiniens, tandis que la seconde s’adresse principalement à la communauté internationale ; la première est centrée sur l’action, exhortant le peuple palestinien à se joindre à la lutte, alors que la seconde prend davantage en considération le contexte régional et international.

La première intervention ne mentionne aucun civil israélien, mais célèbre l’attaque et exhorte les autres Palestiniens et Arabes à unir leurs forces et à lancer une attaque en solidarité avec la leur. La deuxième déclaration adopte un ton différent et s’efforce de faire la distinction entre les soldats et les civils israéliens, en soulignant que cette distinction est un principe fondamental pour le Hamas et qu’elle est enracinée dans son credo religieux. La déclaration mentionne le mot « civils » au moins neuf fois, exprime des réserves claires sur le fait de tuer des civils, et recourt dans sa rhétorique au droit et aux normes internationaux. Elle fait également une distinction entre Juifs et sionistes et souligne que le Hamas ne combat pas les Juifs en Palestine simplement parce qu’ils sont juifs, mais parce qu’ils sont colonialistes. Le Hamas déclare encore que sa mission est de « libérer la Palestine et de s’opposer au projet sioniste » (p. 14). On pourrait en conclure que le Hamas parle de toute la Palestine et qu’il n’est pas disposé à reconnaître l’État d’Israël, mais vers la fin du même document, il déclare : « Nous appelons à maintenir la pression populaire dans le monde entier jusqu’à la fin de l’occupation », ce qui laisse planer une ambiguïté concernant l’occupation à laquelle il se réfère.
On peut penser que ce genre de dichotomie illustre une sorte d’opportunisme de la part du Hamas, ou qu’il reflète une tactique délibérée consistant à parler de deux voix différente