International

Israël et le droit international (2/2) : au gouvernement et dans l’opposition, le refus de l’avis de la CIJ

Politiste, Juriste

Le 19 juillet, la Cour internationale de justice s’est prononcée sur les conséquences juridiques des politiques et des pratiques d’Israël dans le Territoire palestinien occupé. Loin de considérer cet avis, à l’instar des organisations internationales, comme un « tournant », les politiques israéliens y ont vu soit la confirmation d’un biais négatif et structurel à l’égard d’Israël, soit une condamnation des agissements de Benyamin Netanyahou et de lui seul.

Les réactions à l’avis consultatif de la Cour internationale de justice (CIJ) ont été immédiates : partis et associations ont publié leur communiqué dans les minutes qui ont suivi l’annonce officielle. Réactions immédiates, mais sans lendemain : alors que le verdict tranché de la Cour a suscité un grand émoi dans le monde, il n’a pas donné lieu en Israël à un débat public de grande ampleur.

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Plusieurs raisons conjoncturelles expliquent l’attention éphémère à la nouvelle tombée à La Haye. La guerre qui se poursuit à Gaza et, par intermittence, au nord du pays se répercute en Israël par le récit d’incidents et d’accidents qui ont lieu sur les deux fronts et par l’annonce quasi quotidienne, à la radio et à la télévision publique, des noms des morts et du nombre de blessés, entretenant un climat d’incertitude et d’angoisse pour les familles des soldats mobilisés. Le 19 juillet, lorsque l’avis de la CIJ a été rendu public, l’explosion d’un drone envoyé du Sud-Liban sur le nord du pays, qui a fait un mort côté israélien, a retenu l’attention bien plus que l’annonce dramatique de La Haye.

Plus généralement, depuis le 7 octobre, l’actualité reste dominée par le sort des otages retenus par le Hamas. Une seule préoccupation agite l’opinion publique et la divise au demeurant : la mise au point d’un accord de cessez-le-feu durable en contrepartie de la libération de tous les otages. Cette démarche pourtant consensuelle au sein du pays n’a pas l’aval du gouvernement. Celui-ci estime que l’arrêt des combats, à ce stade, favoriserait la reconstitution à terme des forces militaires du Hamas tandis qu’à l’intérieur, commencerait le compte à rebours pour convoquer des élections générales dans une conjoncture défavorable pour le gouvernement. Dans ce long temps d’incertitude qui va d’octobre 2023 à juillet 2024, il n’est pas surprenant que la subtilité juridique inédite qui a fait événement à la Haye ait globalement échappé à l’attention de l’opinion israélienne, préoccupée p


Denis Charbit

Politiste, professeur de science politique à l'Open University d'Israël

Julia Grignon

Juriste, Professeure à la faculté de droit de l'Université Laval