Culture

Thierry de Peretti et Jérôme Ferrari : « La Corse est sous influence d’un imaginaire qui n’est pas le nôtre »

Critique

À la lecture de À son image, Thierry de Perretti a vu la promesse de dialoguer avec la littérature de Jérôme Ferrari. Il signe ainsi le film À son image, adapté du roman éponyme. À l’occasion de sa sortie en salles, et de la parution du roman Nord Sentinelle, Thierry de Perretti et Jerôme Ferrari échangent sur leur rapport à l’Histoire Corse, à la fiction, à la photographie, et leur exigence commune – rendre justice à la réalité corse.

Entre les romans de Jérôme Ferrari et les films de Thierry de Peretti, c’est comme si les œuvres dialoguaient de façon autonome, en mettant en perspective la question de l’histoire corse, de ses relations à l’État français, de sa perception à l’extérieur. À l’occasion de la parution chez Actes Sud de Nord Sentinelle et de la sortie en salles de À son image adapté du roman éponyme de Jérôme Ferrari paru en 2018, entretien croisé autour de l’adaptation, de la photographie et de la représentation de la Corse en littérature et en cinéma. Alors que Nord Sentinelle prend des allures de fable en plongeant dans les racines de la violence, enchevêtrant une légende ancienne avec le récit contemporain de l’assassinat absurde d’un jeune homme par un autre, À son image, le film, fait, lui, un portrait palimpseste d’une jeunesse insulaire d’aujourd’hui qui porte les destins d’indépendantistes du FLNC ou de ses témoins. RP

publicité

En août 2023, juste avant le tournage de À son image adapté de votre roman paru chez Actes Sud en 2018, Thierry de Peretti me confiait qu’il avait le sentiment qu’une conversation existait entre vos livres et ses films. Comment perceviez-vous alors son cinéma ?
Jérôme Ferrari : J’ai rencontré Thierry avant de connaître son cinéma, en tout cas ses longs-métrages. J’avais vu le court Le Jour de ma mort en 2006, à l’époque où je rendais Dans le secret à Actes Sud, qui a paru l’année suivante. Les droits de certains de mes romans ont été achetés en vue d’être adaptés, mais les choses ont été bloquées au niveau du scénario dès que j’ai lu des premières versions. Dans des scénarios pleins de clichés, je sentais l’incapacité de créer une Corse réaliste. J’ai trouvé miraculeux que Thierry fasse avec Une vie violente un film si peu didactique qui connaisse une telle réception sur le continent. Cela levait toutes mes inquiétudes quant à l’adaptation de À son image. Le risque de se planter existe toujours, évidemment, mais ce que je connaissais du cinéma de Thier