Les maux emmêlés du rugby français
Le XV de France a emporté, samedi 16 mars, à Rome, face à l’Italie une de ses victoires (25-14) les plus accablantes de l’histoire du Tournoi des Cinq (1910-1999) puis des Six nations (depuis 2000). Cette performance faisait suite à des défaites affligeantes face au Pays-de-Galles (19-24, au Stade de France), à l’Angleterre (44-8, à Twickenham) et à l’Irlande (26-14, à Dublin) et à un sursaut pénible devant l’Écosse (27-10, au Stade de France). Autant dire qu’à six mois de la Coupe du monde, organisée au Japon (20 septembre-2 novembre), les Français font figure de grands favoris dans la course à l’élimination prématurée.
Je vous vois venir avec votre collection complète d’Année du rugby (Calmann-Lévy) et les mémoires de Roger Couderc (Adieu, les petits. Solar, 1983) sous le bras : « C’est quand elle est au plus bas que l’équipe de France atteint les sommets. » Oui. Mais non. Pas cette fois. On ne s’en sortira pas avec une chistera de dernière minute. En funambulant au bord du précipice. Par miracle. Le mal est trop profond, les maux trop emmêlés. Si les joueurs sont évidemment coupables, le modèle français et ses garants portent la responsabilité de cette faillite, qui est tout sauf une surprise.
À partir de 2008, chaque entraîneur (Marc Lièvremont, Philippe Saint-André, Guy Novès, Jacques Brunel) a fait moins bien que son prédécesseur. En 2011, la France occupait encore la 3e place du classement World rugby (inauguré en 2003), après une place de finaliste de la Coupe du monde, contre la Nouvelle-Zélande (7-8), pays organisateur. Le 18 mars dernier, elle occupait la 8e place, menacée par l’Argentine et les îles Fidji, voire le Japon. En moins d’un an, les Bleus ont encaissé 127 points et 19 essais lors d’une tournée en Nouvelle-Zélande, subi une défaite historique, à domicile, face aux Fidji (14-21), vécu trois humiliations dans le Tournoi des Six nations. Au faîte de sa puissance (2002-2007), le XV de France présentait un pourcentage de victoires de 63,9