Petit bilan du Grand Débat National
Faisant face à un mouvement de contestation d’une ampleur inédite, dont la principale revendication est l’instauration d’un mécanisme de démocratie directe, le gouvernement a mis en place un Grand Débat National (GDN). Ce dernier venant de se terminer, il est temps d’en faire le bilan et de distinguer en trois catégories les nombreuses critiques dont ce Grand Débat a fait l’objet : son organisation, sa portée, et son usage politique.
La participation par monologues ou l’absence de débat
L’organisation du GDN a souffert de divers problèmes. Tout d’abord, la précipitation avec laquelle il a été lancé, ainsi que la mise à l’écart volontaire de la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) par le gouvernement, frappent le processus d’un déficit en matière d’indépendance et de neutralité. Alors que ce débat aurait pu être conduit par une autorité administrative indépendante, dont c’est la mission depuis 20 ans, et qui avait accepté la tâche, le pouvoir a choisi de confier la gestion du GDN à deux ministres. L’exécutif voulait impliquer la présidente de la CNDP « à titre personnel » afin de ne pas avoir à respecter les principes rigoureux de la commission, qu’une saisine formelle de cette dernière aurait engendré. Les cinq garants, nommés mi-janvier, sont pour trois d’entre eux choisis par la majorité présidentielle, c’est-à-dire par le Premier ministre et le Président de l’Assemblée Nationale, les deux autres garants étant nommés par les Présidents du Sénat et du CESE. Ensuite, le calendrier du débat, loin d’être « grand », apparaît trop serré. Pense-t-on vraiment avoir le temps d’instaurer un dialogue et de faire émerger des solutions de qualité en seulement deux mois ?
De plus, le terme « débat » semble en réalité peu approprié. Le gouvernement a délibérément opté pour une plateforme internet sur laquelle tout débat est impossible. En effet, l’internaute peut seulement répondre à des questionnaires, fermés ou bien ouverts, qui cadrent et clôturent l’express