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La Région du Kurdistan irakien face à un tournant politique

Politiste

Si le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) a remporté les dernières élections du mois d’octobre au Kurdistan irakien, il apparaît néanmoins fragilisé par une victoire en demi-teinte. Pour la première fois depuis 2003, les autorités locales kurdes n’ont eu aucune emprise sur le déroulement du scrutin ni sur son issue, dans un contexte de retour de l’État fédéral irakien.

Le 20 octobre dernier, les Kurdes irakiens ont élu leurs cent représentants au Parlement régional. Parmi les nombreux enjeux de ces élections législatives, deux étaient saillants. Il s’agissait d’une part de redonner un nouveau Parlement à la Région du Kurdistan d’Irak (RKI), confrontée depuis 2022 à un effritement des légitimités institutionnelles (blocage du Parlement et des conseils provinciaux) et à une érosion de son autonomie face à l’État fédéral. Elles devaient, d’autre part, permettre une redistribution des rapports de force entre les partis de la région.

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Si ces élections placent le Parti démocratique du Kurdistan (PDK), qui domine le Gouvernement régional du Kurdistan (GRK), en tête avec 39 sièges sur 95, loin devant l’Union patriotique du Kurdistan (UPK), deuxième formation du pays qui a obtenu 23 sièges, son hégémonie est tout de même profondément ébranlée.

D’un côté, parce que le parti ne dispose plus d’une majorité qui lui permettrait de garder confortablement la fonction du Premier ministre et de poser ses conditions à l’entrée des autres partis dans le prochain gouvernement. De l’autre, la diversification de l’espace partisan, marqué par l’arrivée de nouvelles formations politiques hostiles, rend particulièrement difficiles les jeux d’alliance et prive le PDK de manipuler à son avantage l’équilibre des tensions. D’autant plus que l’Union islamique du Kurdistan (7 sièges), ou Helwest (4 sièges) ont d’ores et déjà déclaré leur refus d’entrer dans le futur exécutif.

Ces élections et les dynamiques qui en découlent pourraient modifier l’équilibre politique en faveur de l’UPK en perte d’influence depuis les années 2000, car le PDK se trouve dans l’obligation de se tourner vers lui pour former un gouvernement. Cette situation permettrait à l’UPK de négocier son entrée dans le gouvernement et réclamer l’un des deux postes-clés (président de la région et Premier ministre) de la région, contrôlés par le PDK depuis 2005. Si une reconfiguration du pou


Hardy Mède

Politiste, Enseignant à Sciences Po Paris et à l’École polytechnique