Lexit : une dangereuse illusion à gauche
La nature du Brexit ne fait plus l’ombre d’un doute. Après une campagne menée par la fraction trumpiste du parti conservateur, la sortie de l’Union européenne emmène le pays vers un avenir de régression sociale et de passion nationaliste. Il existe certes différents scénarios possibles de sortie, des versions plus ou moins hard ou soft, mais aucune d’entre elles ne contient le moindre élément émancipateur.

Le Brexit des conservateurs est nourri par une nostalgie impériale et dénote une arrogance insulaire. Ce sont, en majorité, les classes supérieures de droite, d’âge mûr, qui détestent aussi bien le « cosmopolitisme londonien » que « la dictature bruxelloise », qui ont voté en faveur de la sortie de l’UE. Les ultras du conservatisme entendent profiter de la situation pour démanteler ce qui reste de l’État social, généraliser le dumping social et ériger les immigré.e.s en bouc-émissaires des problèmes du pays.
Le Brexit pose un défi immense à la gauche britannique et européenne. La gauche est depuis longtemps critique de l’orientation prise par l’intégration européenne. Décrite comme un projet néolibéral qui dicte sa loi aux gouvernements nationaux, l’UE a depuis longtemps mauvaise presse au sein de la gauche radicale. Les formations sociales-démocrates, elles-mêmes, ont aujourd’hui tempéré leur enthousiasme pro-européen des années 80 et 90.
Au Royaume-Uni, les critiques de l’UE et partisans d’une sortie « de gauche » utilisent un néologisme pour exprimer un positionnement en faveur d’un Brexit au service d’objectifs « progressistes » : le Lexit (contraction de deux mots : Left, gauche, et exit, sortie).
Le Lexit a ses partisans au sein du syndicat des cheminots RMT, au Morning Star, un quotidien proche du Parti communiste de Grande-Bretagne (CPB) et à l’extrême gauche. Chris McLaughlin, le rédacteur en chef de Tribune, un vieux titre de la gauche travailliste, a également pris position en faveur du Lexit, Grace Blakeley du think tank IPPR, l’universitaire grec C