Trump & Musk, pire que la mort
Les onze semaines écoulées entre l’élection de Trump et son investiture à Washington apportent une sorte de paroxysme à l’antimodèle de réussite du capitalisme tardif, niché au cœur de son modèle de réussite. La forme achevée de la tragédie en cours devient une évidence. Le gouffre qui s’ouvre atteint des profondeurs vertigineuses, et il concerne la planète entière.

5 novembre 2024 — Donald Trump, milliardaire capitaliste, est réélu une seconde fois président des États-Unis, avec pour slogan : « Drill, baby, drill ! », « fore, bébé, fore ! », déjà en circulation lors de la campagne du Parti républicain en 2008 ; le Parti vert obtient 0,5 % du vote populaire. Trump s’empresse de confier les rênes de l’État fédéral à Elon Musk, milliardaire capitaliste.
Pour son investiture, le 20 janvier 2025, il enfonce le clou : « Nous allons forer, bébé, forer ! Nous avons les plus grosses réserves de pétrole et de gaz de tous les pays de la Terre et nous allons les utiliser. Nous allons exporter l’énergie américaine partout dans le monde. Nous allons redevenir une nation riche et c’est cet or liquide sous nos pieds qui va nous aider. Nous allons mettre fin au New Deal Vert et révoquer le mandat sur les véhicules électriques pour sauver notre industrie pétrolière et tenir ma promesse sacrée aux formidables travailleurs de notre industrie américaine de l’automobile. »
Antimodèle de réussite d’une stabilité extrême : surtout, poursuivre le délitement de la puissance publique face à la crise environnementale toujours déniée, faire suer la pompe à cash des hydrocarbures comme au plus fort des révolutions industrielles du passé, mêlant libéralisme sauvage, enrôlement des ouvriers et dévastation de la nature.
2 décembre 2024 — Bernard Arnault, milliardaire capitaliste, est élu à l’Académie des sciences morales et politiques de France. Le patron du premier groupe de luxe dans le monde – grand commerçant globalisé, très présent en Chine et invité à l’investiture de Trump aux côt