Kamel Daoud,
contre-enquête
« Où l’impérialisme passe,
l’opportunisme écrivaillon repasse
Pour couvrir de guimauve
et d’encre ses sanglantes traces. »
Djawad Rostom Touati
« C’était précisément ce traître, que mon père, d’habitude si respectueux du clergé juif, accusa à haute voix de faire “un discours stupide et mensonger” pour le compte de Lindbergh au Madison Square Garden, ce “juif factice” selon Alvin, qui avait assuré la défaite de Roosevelt en “koshérisant Lindbergh pour les goys”, alors ce fut étonnant d’observer les efforts que nous allions faire pour le nourrir. »
Philip Roth
« Tout irait si bien si, justement, la fonction de la littérature ne changeait sans cesse, souvent d’une génération à l’autre, en fonction des transformations constantes de nos sociétés historiques. »
Jean-Paul Sartre
« Nous n’hésiterons pas plus à passer sous silence un livre excellent mais qui, du point de vue où nous nous plaçons, ne nous apprend rien de nouveau sur notre époque, qu’à nous attarder, au contraire, sur un livre médiocre qui nous semblera, dans sa médiocrité même, révélateur. »
Jean-Paul Sartre[1]
Avez-vous lu ce livre récent qui fait allègrement l’amalgame entre l’auteur d’une fiction et ses personnages ? On nous y parle d’un Camus-Meursault, considéré comme un « meurtrier », et, au sujet de La Peste, on y accuse Camus lui-même de tentative de « génocide » à Oran… N’oublions pas la quatrième de couverture, qui invoque une « réparation ultime » des crimes de la France envers l’Algérie.

Le titre de ce brûlot ? Meursault, contre-enquête. L’auteur ? Kamel Daoud. Mais, attention, si vous êtes un lecteur hexagonal, ne cherchez pas dans votre exemplaire ces propos sacrilèges : ils ont été méticuleusement retirés – un par un – de l’édition originale, parue un an plus tôt en Algérie. Ainsi Daoud a-t-il trafiqué son propre livre (ou a-t-il accepté qu’on le fasse, les versions diffèrent), c’est-à-dire qu’il a censuré toute critique trop appuyée de Camus ou de son œuvre – on se rend compte, ainsi