International

Arrêt de l’USAID : un grand frein aux recherches sur la santé et le développement

Démographe, Économiste-démographe, Démographe

La mise à l’arrêt, pour l’instant temporaire, de l’USAID par l’administration Trump entraîne la disparition de nombreuses ressources statistiques démographiques et sanitaires, à une échelle internationale, et l’interruption des enquêtes en cours. La situation est dramatique pour les pays à faible revenu, incapables d’effectuer seuls cette collecte massive de données sans laquelle les politiques publiques deviennent inefficientes, voire inexistantes.

La mise à l’arrêt de l’Agence des États-Unis pour le développement international (United States Agency for International Development, USAID) annoncée fin janvier pour une période de quatre-vingt-dix jours a de nombreuses conséquences sur les programmes humanitaires, de nutrition, de traitement du VIH ou d’aide au développement, abondamment commentées dans les médias.

publicité

Une autre conséquence est la mise en pause, du jour au lendemain, du programme d’enquêtes démographiques et de santé (Demographic and Health Surveys, DHS), avec l’arrêt de la mise à disposition de toutes les données démographiques et de santé produites depuis plusieurs décennies par plus de trois cents enquêtes nationales conduites dans plus de quatre-vingt-dix pays, mais aussi l’arrêt de toutes les opérations de collecte, y compris pour les personnels sur le terrain.

Si l’impact sur les populations n’est pas aussi immédiat qu’il peut l’être avec l’arrêt d’un programme humanitaire, il préoccupe fortement la communauté des chercheurs et décideurs qui se basent sur ces données pour leurs études et leurs politiques dans de nombreux domaines : la fécondité, la santé et la mortalité des enfants, la santé reproductive, la planification familiale, l’autonomisation de la femme, le paludisme, la mortalité adulte, le handicap, etc.

C’est en effet le financement de l’USAID, par le biais de l’Inner City Fund (ICF), qui fournit une assistance technique et financière aux pays qui souhaitent implémenter ces enquêtes démographiques et de santé appelées DHS. Une de leurs forces est de proposer des questionnaires relativement standardisés, avec des questions posées de manière similaire d’une enquête à l’autre et d’un pays à l’autre, ce qui permet la comparabilité dans le temps et dans l’espace et a aussi l’intérêt de minimiser l’influence des gouvernements des pays qui pourraient être tentés de modifier les questionnaires au gré de leur sensibilité politique et idéologique.

Le site web du programme DHS fourniss


Géraldine Duthé

Démographe, Directrice de recherche à l’Institut national d’études démographiques (INED), membre du conseil de l’Union internationale pour l’étude scientifique de la population (UIESP)

Arlette Simo Fotso

Économiste-démographe, Chercheuse titulaire à l’Institut national d’études démographiques (INED), chercheuse associée au Centre population et développement (CEPED)

Heini Väisänen

Démographe, Chercheuse titulaire à l’Institut national d’études démographiques (INED), chercheuse associée au Centre for Population Change (université de Southampton, Angleterre)