Robert Macfarlane : « Toute écriture est une écriture de la nature »
Robert Macfarlane écrit depuis plus de vingt ans sur les paysages, la nature, les lieux et le langage. Cet écrivain anglais est souvent présenté comme le représentant le plus connu du nature writing, un genre dont il conteste l’existence. Loin des conservatismes, il puise dans son expérience personnelle pour interroger notre rapport au monde au fil de ses livres. Underland, paru en 2020 aux éditions Les Arènes, nous amenait à la découverte des mondes souterrains. Il publiera dans quelques mois Is a river alive? (Penguin Books, 2025), un long essai sur les rivières et la manière dont nous les pensons. Un livre dont il a désigné les rivières comme co-autrices. P.B.

Vous avez écrit au sujet des montagnes et des chemins ancestraux et, plus récemment, sur ce qui se passe sous la terre et autour des rivières. Comment votre façon d’écrire sur le monde a-t-elle évolué avec le temps ?
Mon travail d’écrivain a commencé aux sommets des montagnes. Avec Underland, j’ai achevé, je suppose, un voyage vers le bas, entraîné dans le monde souterrain par la gravité. Avec Is a river alive?, je me retrouve à nouveau à la surface avec les fleuves. Tout ce que j’écris vit dans cette zone frontalière irrémédiablement complexe où la politique, la nature, la culture et la langue se rencontrent, enchevêtrées les unes avec les autres. Ce travail ne finira jamais parce que son ampleur et sa complexité sont infinies. En 22 ans, il est devenu de plus en plus politique. De ce point de vue, Is a River Alive? est mon livre le plus personnel et le plus politique. Il aborde explicitement les rapports de pouvoir, les formes de recours, les manières d’organiser l’imagination et la loi autrement. C’est un grand changement.
Mes livres sont aussi devenus de plus en plus humains, de plus en plus accompagnés. Lost places était presque entièrement solitaire. Avec The old ways, mon chemin s’est élargi pour permettre à deux personnes de marcher côte à côte et de réfléchir ensemble, qu’il s’agisse de f