Société

Hopepunk : pour une bienveillance radicale

Sociologue

Prendre le contrepied des dystopies pessimistes, croire à notre prise sur le monde avec une foi quichottesque : voilà le programme éminemment politique et militant de la littérature hopepunk. À l’instar d’Alexandra Rowland, pionnière de ce genre littéraire, nous devons réenchanter le monde en associant nos indignations à une pratique de la bienveillance radicale.

Au Québec, particulièrement depuis la pandémie, les crises se multiplient et s’aggravent à un rythme effréné. Après des années de crise structurelle, les systèmes de santé et d’éducation semblent arriver à un point de rupture. Cette dégradation n’est pas seulement une métaphore administrative : des écoles et des hôpitaux tombent littéralement en ruines.

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Parallèlement, sur le plan social, avec une crise du logement qui se couple à une crise des opioïdes, le phénomène de l’itinérance prend désormais l’ampleur d’une crise de santé publique. Dans ce contexte, non seulement les ressources ne suivent plus, mais les solutions proposées, bricolées en urgence, demeurent locales, précaires et souvent temporaires.

Pendant que le nombre de personnes à la rue explose et que les décès par surdose dans l’espace public se multiplient, les instances gouvernementales et une grande partie de la population ne semblent pas prendre la pleine mesure de la crise humanitaire qui se déroule dans nos rues.

Quant à moi, sociologue qui s’intéresse au destin social de personnes qui composent avec un handicap intellectuel, ou qui vivent avec des problèmes de santé mentale qualifiés de graves et persistants, je suis aux premières loges. Au fil des années, les recherches que je mène avec des collègues m’ont amené à documenter le sort social de ces mêmes personnes en prison, dans la rue, en psychiatrie et, plus récemment, à la morgue. L’ensemble de nos travaux soulignent à grands traits l’écart abyssal qui subsiste entre les principes, idéaux et valeurs que nous prônons au niveau sociétal et les conditions délétères dans lesquelles ces personnes vivent.

Le désenchantement dans la dystopie du réel

Alors que nous parlons de la désinstitutionnalisation comme d’un fait accompli, nous continuons d’enfermer. Alors que nous valorisons l’autonomie et la pleine citoyenneté, nous abandonnons les personnes en situation de handicap dans une précarité qui rend ces principes inaccessibles. Alors que nou


[1] Camus, A. (1951). L’homme révolté. Gallimard.

[2] Weber, M. (2003, [1904]). L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme (trad. Jacques Chavy). Gallimard.

[3] Camus, A. (1951). L’homme révolté. Gallimard.

[4] Titre de la chanson « Flamboyons », de l’album Cardinal, par Avec pas d’casque.

[5] Cervantès, M. de. (2001, [1605]). L’ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche. Folio Classique.

[6] Paroles de la chanson « L’Homme de la Mancha », interprétée par Jacques Brel, extraite de la comédie musicale L’Homme de la Mancha, 1968.

[7] Arendt, H. (1971). La crise de la culture. Gallimard.

[8] Hooks, b. (1999). All about love : New visions. William Morrow.

[9] Marcuse, H. (1964). L’homme unidimensionnel : Essai sur l’idéologie de la société industrielle avancée. Les Éditions de Minuit.

[10] « Anthem », Leonard Cohen sur l’album The Future, 1992.

[11] « Flamboyons », Avec pas d’casque sur album Cardinal, 2024. https://avecpasdcasque.bandcamp.com/trl’ack/flamboyons

Guillaume Ouellet

Sociologue, Chercheur au Centre de recherche de Montréal sur les inégalités sociales, les discriminations et les pratiques alternatives de citoyenneté (CREMIS) et professeur associé à l’École de travail social de l’Université du Québec à Montréal (UQAM)

Notes

[1] Camus, A. (1951). L’homme révolté. Gallimard.

[2] Weber, M. (2003, [1904]). L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme (trad. Jacques Chavy). Gallimard.

[3] Camus, A. (1951). L’homme révolté. Gallimard.

[4] Titre de la chanson « Flamboyons », de l’album Cardinal, par Avec pas d’casque.

[5] Cervantès, M. de. (2001, [1605]). L’ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche. Folio Classique.

[6] Paroles de la chanson « L’Homme de la Mancha », interprétée par Jacques Brel, extraite de la comédie musicale L’Homme de la Mancha, 1968.

[7] Arendt, H. (1971). La crise de la culture. Gallimard.

[8] Hooks, b. (1999). All about love : New visions. William Morrow.

[9] Marcuse, H. (1964). L’homme unidimensionnel : Essai sur l’idéologie de la société industrielle avancée. Les Éditions de Minuit.

[10] « Anthem », Leonard Cohen sur l’album The Future, 1992.

[11] « Flamboyons », Avec pas d’casque sur album Cardinal, 2024. https://avecpasdcasque.bandcamp.com/trl’ack/flamboyons