Changement de donne politique en Nouvelle-Calédonie
L’accord de Nouméa, signé en mai 1998 par l’État, le loyaliste Rassemblement pour la Calédonie dans la France (RPCR) et par l’indépendantiste Front de Libération National Kanak Socialiste (FLNKS), avait prévu plusieurs référendums devant décider d’un statut définitif pour la Nouvelle-Calédonie. Le corps électoral appelé aux urnes étant réduit aux personnes arrivées avant 1994 et à leurs descendants, c’est-à-dire à la population matériellement et moralement concernée par l’avenir du pays.
Au terme d’un important transfert de compétences de la France vers cette collectivité sui generis d’Outre-Mer, il s’agissait d’interroger sa population quant à savoir si elle souhaitait ou non accéder à la pleine souveraineté en exerçant les compétences régaliennes (Justice, Défense, Monnaie, Affaires Étrangères, Police) encore aux mains de l’État français. La première de cette consultation référendaire s’est tenue le 4 novembre 2018 : le non à l’indépendance l’a emporté avec 57,7% des voix, le oui indépendantiste recueillant 43, 3% des suffrages.
Paradoxalement cette victoire électorale a déçu les loyalistes qui pensaient écraser leurs adversaires d’un rejet massif de leurs espérances et tourner ainsi définitivement la page d’une éventuelle indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Mais les indépendantistes avaient su largement se mobiliser obtenant un assentiment à leur projet d’émancipation au-delà même de la seule composante kanak de leur mouvement. S’est ainsi ouvert aux partisans d’un nouvel État l’espoir d’une victoire lors des prochains référendums qui doivent se tenir en 2020 et/ou 2022.
Les élections provinciales du 12 mai 2019 dernier ne pouvaient qu’être pensées par les acteurs politiques et leurs mandants en regard du scrutin du 4 novembre 2018. Comme il fallait s’y attendre, l’électorat loyaliste intransigeant s’est regroupé autour de L’Avenir en confiance, parti fédérant pour la circonstance plusieurs mouvements concurrents mais prônant chacun une Calédonie se