Série télé

Un prophète – sur The Rehearsal, saison 2 de Nathan Fielder

Critique

Que se passerait-il si l’on avait l’opportunité de répéter à l’avance notre vie ? C’est autour de ce parti-pris que The Rehearsal, réalisée par le maître de la « cringe comedy », Nathan Fielder, déroule son intrigue. Après l’entraînement à devenir parent dans la saison 1, il s’agit ici des problèmes de communication entre pilotes et co-pilotes d’avions de ligne, poursuivant l’exploration d’un objet aussi fielderien qu’universel : les angoisses ressenties face aux interactions sociales.

Nathan Fielder se faisait, dans la première saison de The Rehearsal, à la fois créateur et créature : il fabriquait, « avec l’argent de HBO », d’immenses reconstitutions de bâtiments réels, dans lesquelles il proposait à des inconnus de « répéter » des situations de leur vie afin de s’y préparer, mais petit à petit, c’était lui qui se mettait à la place de ces inconnus – à la fin de la première saison, il en était devenu le personnage central, et c’était surtout pour lui-même qu’il organisait ses répétitions.

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Pour trouver une comparaison adéquate pour cet étrange événement télévisuel, et pour son auteur, on a l’impression de devoir se tourner vers les grandes figures prophétiques : Prométhée ? Dans cette seconde saison, il apparaît pour la première fois devant en se tenant devant des flammes. Un prophète de la Torah, dont l’un s’appelait d’ailleurs Nathan ? Le judaïsme était au cœur de la première saison. Jésus ? Il y a chez Fielder un certain sens du sacrifice, et une volonté d’être martyr. Zarathoustra ? Il se fait lui aussi passer pour un prophète qui fait rire tout en gardant un visage impassible. « Peut-être qu’en fin de compte un clown peut changer le monde », dit-il dès le premier épisode.

Alors que la première saison prenait comme fil rouge la « répétition » d’Angela, qui souhaitait s’essayer à l’éducation d’un enfant, cette deuxième saison a une ambition à la fois plus grande et plus modeste : celle de comprendre la source des problèmes de communication entre pilotes et co-pilotes dans les avions de ligne, afin d’éviter des crashs à venir – de « sauver des vies », répète Fielder à longueur d’épisodes. Ambition plus modeste car elle n’implique pas de reconstituer une vie entière et un rapport humain dans un décor de cinéma en carton-pâte ; ambition plus grande car elle se place cette fois, sans être totalement ironique, du côté du bien commun.

Drôle de point d’entrée que l’aviation civile, certes. On notera au passage un intérêt récurrent de Fielde


[1] Difficile, lors de ces scènes de reconstitution, de ne pas penser au très beau film de Clint Eastwood, Sully, sorti en 2016 ; le film comme la série mettent le simulateur de vol au cœur de leur récit, ainsi que la vie et l’enfance de Sullenberger – sans parler du maquillage et de la fausse moustache blanche portée par Nathan Fielder dans la série, et par Tom Hanks dans le film.

Rayonnages

Télévision Culture

Notes

[1] Difficile, lors de ces scènes de reconstitution, de ne pas penser au très beau film de Clint Eastwood, Sully, sorti en 2016 ; le film comme la série mettent le simulateur de vol au cœur de leur récit, ainsi que la vie et l’enfance de Sullenberger – sans parler du maquillage et de la fausse moustache blanche portée par Nathan Fielder dans la série, et par Tom Hanks dans le film.