Cinéma

Joséphine Mourlaque, Johanna Nahon, Margaux Juvénal : « Un film, c’est un peu comme un mariage »

Critique

La 78e édition du Festival de Cannes s’ouvre dans le double contexte des menaces de coupes budgétaires qui pèsent sur la culture et de la publication du rapport de la Commission d’enquête relative aux violences commises dans le secteur du cinéma. Une actualité soulevant des questions politiques, artistiques et financières dont s’emparent trois jeunes productrices – de trois premiers films présents sur la Croisette – qui entendent participer concrètement à la redéfinition d’une pratique collective du cinéma.

À la frontière de l’Italie, en 1900, une jeune institutrice (Galatéa Bellugi) arrive dans un village de haute montagne en 1900 où le patois et les légendes orales comptent plus que le français de la République ; l’été à Marseille, un groupe de jeunes profite d’avoir obtenu la gestion du centre d’animation lorsque revient dans leur quartier Sud Carmen, leur amie partie depuis sept ans ; Laurent ne sait pas quoi faire de sa peau, alors il s’installe dans le studio qu’on lui prête dans une station de ski à la morte saison : L’Engloutie de Louise Hémon, Les Filles Désir de Princïa Car et Laurent dans le vent de Mattéo Eustachon, Léo Couture et Anton Balekdjian, sont trois films présentés au Festival de Cannes en sections parallèles. À la Quinzaine des Cinéastes pour les deux premiers. Pour le troisième à l’ACID, l’Association du cinéma indépendant pour sa diffusion, une section qui a la particularité d’être programmée par des cinéastes.

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Trois premiers films (ou presque : Mourir à Ibiza a été réalisé sous la forme de trois moyens métrages autonomes avant d’être monté comme une seule œuvre et diffusé comme tel) français, qui portent des voix singulières tout en s’étant fabriqués dans des économies restreintes, puisque leurs budgets s’échelonnent entre 1 et 2,5 millions d’euros. Leurs productrices, Margaux Juvénal (Take Shelter), Johanna Nahon (After Hours) et Joséphine Mourlaque (Mabel Films), nous racontent comment elles ont fondé leurs société il y a un peu moins de dix ans, la rencontre avec leurs auteurs et leur façon de produire en bravant les conditions climatiques, en constituant des castings hybrides, qui vont de jeunes de la banlieue Sud de Marseille à Béatrice Dalle, en croisant des éleveurs de chèvre alpins ou les très demandés Galatéa Bellugi et Samuel Kircher. Toutes trois questionnent la meilleure façon de préserver l’exigence artistique de leurs auteur.ices dans des économies contraintes et parlent autant d’argent que d’amitiés au long cours. R. P


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