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Les crises financières qui vont décider de l’avenir du trumpisme

Économiste

Donald Trump se croît plus fort que tout et il en paie – parfois – le prix. Il n’aura échappé à personne que, depuis le début de son second mandat, le 47e président des États-Unis s’est fait une spécialité de jouer avec le feu des marchés financiers. Ces derniers ont pourtant leurs logiques propres, qui surpassent les caprices du président américain, allant jusqu’à lui infliger quelques sérieux retours de flammes.

Trois enseignements majeurs de l’histoire sont précieux pour cerner les types de crise sur lesquelles risque de buter l’aventureuse politique de Donald Trump. D’abord, les crises financières se succèdent mais ne se ressemblent pas, de sorte qu’il est illusoire de se préparer à une répétition de la dépression des années 1930, ou encore de la crise des subprimes de 2008. En effet, les stratégies déployées pour surmonter une crise créent les conditions de la suivante, qualitativement différente.

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Le renforcement des règles prudentielles encadrant l’activité des banques commerciales a suscité l’invention d’entités financières fournissant des crédits privés, c’est-à-dire pas ou peu soumis à la surveillance des autorités publiques. Finalement trop souvent, ce n’est qu’ex-post que l’on peut détecter les processus spéculatifs qui ont conduit à une crise. Elle surprend les experts et les acteurs eux-mêmes car c’est l’effondrement du système financier qui révèle l’information pertinente, hier privée. S’amorce alors un nouveau cycle.

Des systèmes financiers radicalement transformés

Depuis 1990, la déréglementation (et globalisation) de la finance aux États-Unis autorise l’invention et la rapide diffusion de nouveaux produits (titrisation de crédits immobiliers de piètre qualité) dont la complexité rend invisible la fragilité. Le résultat : le brutal blocage du système financier par disparition de la liquidité, qui appelle un sauvetage massif par l’État et une réglementation stricte encadrant les banques (Dodd-Franck Act, août 2010).

Le simple fait de durcir les contraintes en matière de crédit bancaire est une incitation à déplacer l’activité financière vers des actifs non ou peu soumis à la réglementation et à l’attention des pouvoirs publics. Les hedge funds supplantent les banques, d’où un essor du crédit privé, par opposition à celui supervisé par l’État. La capitalisation d’Appolo, Blackstone et KKE a été multipliée par 10 ; alors que celle des banques a simpleme


Robert Boyer

Économiste, Directeur d'études à l'EHESS