International

Les villes sanctuaires contre l’État Trump

Politiste, Sociologue

Les manifestations californiennes et leur féroce répression par l’administration Trump II ont ravivé la flamme d’une opposition structurante dans la sociologie politique américaine : celle d’un pouvoir fédéral en guerre contre des contre-pouvoirs locaux – les villes. Que peuvent espérer ces espaces « sanctuaires » dans leur lutte face à une présidence américaine dont le tournant autoritaire n’est désormais plus un secret pour personne ?

L’Amérique est en guerre contre elle-même. À Los Angeles, les troupes de la garde nationale et 700 Marines ont été dépêchés pour mater des manifestants qui affrontaient la police fédérale.

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Les agents de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) procédaient à des arrestations massives et musclées en vue de l’expulsion de migrants en situation irrégulière, séparant les familles et brisant la vie de ménages installés aux États-Unis parfois depuis des décennies. Le 11 juin, le gouverneur de la Californie, le démocrate Gavin Newsoom, habitué des joutes sur le réseau social X avec le Président Trump, prenait la parole pour décrire une « démocratie attaquée » et appeler à la mobilisation générale contre l’administration fédérale.

Cette soudaine montée des tensions a succédé à une relative phase d’apathie militante suite à l’élection de Donald Trump à la présidence américaine en novembre dernier. Davantage que la surprise, c’est l’effet de sidération qui explique sans doute cette absence de réaction. En effet, la première administration Trump (2017-2021) avait déjà été le théâtre d’une opposition entre l’État fédéral et les villes dites sanctuaires. « Sanctuaire » qualifie les villes, États fédérés ou comtés qui refusent de collaborer avec les autorités fédérales en matière d’immigration. Il ne s’agit pas d’un statut officiel ou formel. Certaines collectivités locales revendiquent cette posture, adoptant parfois des textes à portée symbolique pour en exprimer les motifs , d’autres le mettent à distance tout en protégeant les undocumented migrants de l’arrestation et de l’expulsion, ou tout simplement, par la coutume ou l’inaction publique, refusent d’allouer des ressources budgétaires et humaines au contrôle et à la répression des personnes immigrées.

Cette contribution revient sur cette séquence permettant d’éclairer ce qui se joue actuellement et se jouera tout au long de ce second mandat, peut-être avec une intensité renforcée, à la mesure de celle des intent


Nicolas Maisetti

Politiste, Sociologue, Maître de conférences à l’Université Paris 8

Mots-clés

Démocratie