Cinéma

Godard et non-Godard – sur L’histoire de « Scénario »

Critique

Diffusé sur la plateforme d’Arte, L’histoire de « Scénario » est un objet hybride accolant quelques étapes de fabrication au film lui-même, devenu le dernier de Jean-Luc Godard. Modeste dans sa forme, il offre une visite d’atelier précieuse, et émouvante. 

«Godard », « Godard », « Godard » : le 13 septembre 2022, le nom rebondit de bouche en bouche, de chaîne en chaîne. Prestige de la mort, comédie de l’information. Des yeux écarquillés, un moulinet du bras devraient évoquer son immensité. Des photos en noir et blanc le montrent aux côtés de Brigitte Bardot ou caméra à la main durant Mai 68. D’aucuns le redécouvrent maoïste, pour s’en lamenter.

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Rien de neuf. Depuis longtemps, le cinéaste se plaignait que sa légende avait triomphé. Plus connu que ses films, il s’était, pour beaucoup, figé en un personnage et une signature. À la rigueur, ses entretiens suffisaient – et c’est ainsi qu’à l’occasion de la présentation cannoise du Livre d’image, en 2018, les journalistes s’alignèrent pour recueillir ses aphorismes, lui dont la voix chevrotante sortait d’un smartphone tenu à bout de bras par son complice Fabrice Aragno.

Le zapping international ouvrant L’histoire de « Scénario » s’achève par une question que l’animateur de France Inter voudrait simple : « Vous avez toujours tout compris de Godard ? » Petit piège rhétorique, qui incite à répondre par la négative. C’est que le cinéaste inquiète. Génie indubitable de la première période, mais après ? Abstrus, abscons – voire con tout court. Mais pourquoi ne pas l’avouer : il est difficile d’écrire à propos des films de JLG. Difficile de ne pas être intimidé par l’oracle de Rolle. Difficile aussi, et peut-être surtout, d’amener l’écriture critique, trop souvent arrimée aux seuls personnages et récits, vers ce qui lui résiste le plus : la matière, le rythme, le montage, les accords ou dissonances de l’image et du son. Trop concret, trop abstrait. Autant s’avouer vaincu, ignorant – c’est l’œuvre, de toute façon, qui en souffrira.

Bien sûr, le cinéma de Godard a suscité quantité d’articles, de thèses, d’essais, érudits et amoureux. Autre difficulté. Que dire de plus, d’autre ? Le désir d’une relation pure au film serait une naïveté, envers de ce regard jamais assez augmen


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