Cinéma

Sortir de l’impuissance – sur le FID Marseille 2025

Critique

Du 8 au 13 juillet 2025 s’est tenu le FID Marseille, festival privilégiant les œuvres non fictionnelles, des gestes à cheval entre cinéma documentaire, cinéma expérimental et vidéo. Entre les deux rétrospectives, l’une consacrée au réalisateur roumain Radu Jude, dont le dernier opus Kontinental ’25 faisait l’ouverture du festival, et l’autre aux cinéastes chiliens Carolina Adriazola et José Luis Sepúlveda, l’édition a été marquée par l’actualité – le génocide à Gaza et la guerre en Ukraine – en dépit d’une sélection inégale où rares sont les cinéastes à s’extraire de certains stéréotypes du cinéma contemporain.

C’est en mentionnant le génocide à Gaza dont les images nous rendent « impuissants » et alimentent chaque jour la « honte d’être un homme », selon le mot de Gilles Deleuze, que Cyril Neyrat, directeur artistique du festival, a ouvert cette 36e édition du FID Marseille. Hommage au peuple palestinien qui fait office de désaveu pour le cinéma et ses images qui ne parviennent et ne parviendront pas à arrêter le massacre. De nombreux films se structuraient autour de ces images : elles étaient données telles quelles dans À Gaza de Catherine Libert, analysées dans Control Anatomy de Mahmoud Alhaj ou déclinées sous formes de gestes et d’expérimentations dans l’œuvre collective Some Strings dont des segments étaient projetés chaque matin au cinéma Vidéodrome 2.

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Toutes ces images issues d’une rive de la Méditerrannée en atteignent l’autre côté, un « ici » forcément marqué par le confort vis-à-vis d’un « ailleurs » tapissé de bombes mais un « ici » où les dockers ont empêché la livraison d’armes à Israël quelques semaines plus tôt, celui d’une rive d’où, en même temps que les projections, une nouvelle flotille de la liberté partait percer le blocus à Gaza. Alors est-il vraiment question d’impuissance ou bien d’inaction ? Si nous ouvrons en discutant ce mot, ce n’est pas pour donner quelque leçon de morale mais bien pour interroger la déclinaison d’images qui nous a été offerte dans la sélection du FID 2025 et s’il s’agit là de symptômes d’une véritable impuissance. Quelles sont les images qui font le cinéma contemporain ?

Littérarité, littéralité

Le Grand prix du festival, Fuck The Polis de Rita Azevedo Gomes (Compétition internationale), s’inscrit en directe continuité d’un cinéma de poésie. Dix ans après un premier voyage en Grèce, la cinéaste lit poèmes et récits en portugais, anglais et français aux côtés d’éphèbes eux-mêmes lecteurs. Visiblement durassienne, Azevedo Gomes accole aux textes des plans de ruines mais aussi des vues depuis le pont des bateaux qui de


Élias Hérody

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